Magnifique, couleurs !. Clothilde Jean-Baptiste
Des lecteurs ont posé plusieurs questions à Clothilde Jean-Baptiste, l’auteure de la saga Magnifique, couleurs !. Elle répond sans faux fuyants. Verbatim in extenso.
Propos recueillis par Serges David
[L’identité et l’égalité] « sont deux mots à la fois simples et complexes. On connaît, tous, leur signification, mais comme nous le savons aussi il y a toujours des différences entre la théorie et la pratique. Dans la deuxième partie de Magnifique, couleurs !, il y a cette quête de l’égalité, des personnages souffrent de ne pas être valorisés à leur juste valeur. Et il y a ceux qui se battent pour leur identité, pour être reconnus, tout simplement.
Dans ce roman, je veux davantage mettre en avant la condition de l’être humain avec l’autre. Certes je parle aussi à travers les personnages de la condition dans laquelle l’Homme noir se retrouve actuellement ; mais le fait est aussi que : quelle que soit notre origine, notre couleur de peau, nous sommes avant tout des êtres humains. (…)
Ces problématiques me tiennent à cœur, parce que selon moi, bien que ces mots me soient familiers, j’ai cette impression qu’ils ont été oubliés. Avons-nous réellement, tous, les mêmes possibilités ? Connaissons-nous, tous, notre histoire ? Et après avoir répondu à ces questions, arrivent les questions sur l’acceptation. Les différentes générations dans le récit s’exposent indirectement à cette réflexion. Il y a celles qui connaissent leur histoire qui veulent avancer, mais rencontrent des difficultés, ce qui soulève la problématique des inégalités et il y a celles qui pensent la connaître qui commettent les erreurs de leurs parents, ce qui amène la problématique de l’identité. (…)
Dans ce roman, je veux davantage mettre en avant la condition de l’être humain avec l’autre. Certes je parle aussi à travers les personnages de la condition dans laquelle l’Homme noir se retrouve actuellement ; mais le fait est aussi que : quelle que soit notre origine, notre couleur de peau, nous sommes avant tout des êtres humains. (…)
Bien que ce récit soit fictif, en effet, je me suis inspirée des difficultés que j’ai pu rencontrer dans ma vie. Notamment le racisme, de manière assez frontale. C’est à ce moment-là, que je me suis dit qu’il s’agissait peut-être de personnes qui avaient peur que j’avance plus qu’elles dans la vie ; dans ma famille, il y a beaucoup de métissage et tout cela me permet aussi de découvrir le monde de façon différente.
Et puis, il y a toutes ces personnes, qui auraient aimé avoir une autre vie, ou une autre couleur de peau qui m’ont inspirés. J’ai écrit Magnifique, couleurs !, parce que je me suis imaginée un monde ou le mot complémentarité fini par avoir un sens. (…)
J’ai publié mon premier roman en 2009, le titre c’est L’héritage de monsieur Kaley. Je précise l’année, parce que je n’avais pas encore mon baccalauréat. Je l’ai eu en 2011, et je ne savais pas encore ce que je voulais faire de ma vie. Je suis contente de faire ce métier, parce qu’il m’a aussi inspiré pour écrire Magnifique, couleurs !. C’est un métier où l’on accompagne des personnes qui ont du mal à se faire une place dans la société et qui luttent tous les jours pour faire valoir leurs droits.
(…) Mon roman a deux thématiques : Les secrets de famille et la complémentarité des cultures. La rivalité m’est venue, car il me fallait montrer qu’elle peut empêcher d’avancer. Prenons les personnages de Lise et Loretta.
Elles sont jalouses l’une de l’autre et dans un élan de compétition, elles entraînent Lysis et Loïc dans une chute. Certes, elles ignorent leur secret, mais y’aurait-il une différence si elles l’avaient su auparavant ? Et il y a les parents qui cultivent cette rivalité sans le vouloir. Lionel étant proche de Loretta la met plus en valeur que sa fille Lise.
Lydia ne soutient pas ses enfants comme ils le voudraient. La rivalité est née de mes thématiques choisies en particuliers les secrets transgénérationnels. (…) La raison est assez simple. Je voulais me mettre une contrainte et mettre en avant la lettre la plus féminine de l’alphabet.
(…) Etant donné que ces personnages sont le fruit de mon imagination, je me sens d’une certaine manière proche de chacun d’eux…(…) Je comprends Lise qui ressent de la jalousie pour Loretta, parce qu’elle est proche de son père, et je suis d’accord avec Loretta qui a mal avec le fait que Lise soit trop proche de sa mère. Et puis, il y a Lysis qui a ce côté rebelle, mais ne l’assume pas, car elle n’ose pas dire qu’elle n’accepte plus de se marier avec Léopold.
Elle préfère comploter contre sa famille et à son insu. Et puis il y aussi Lorenzo, qui veut aider Lysis et Loïc, mais qui doit garder secrète sa véritable identité. La deuxième partie apporte son lot de nouveaux personnages et d’intrigue. Lysis continue à comploter avec Lorenzo, Larry et Line qui refait surface. Lise et Loretta se concentrent à fond sur leur carrière professionnelle et sont à l’affut de la moindre inattention.
Ces personnages savent ce qu’ils veulent et les nouveaux personnages tout autant. Ils permettent de faire évoluer les anciens et cela me rend d’autant proche d’eux. Cependant, s’il y avait un choix à faire, je choisirai Loretta, bien que je ne sois pas tendre avec ce personnage. Comment répondre à cette question sans dévoiler la fin de l’intrigue ? Loretta est l’un des personnages clés de Magnifique, couleurs !. C’est la jeune femme noire qui veut réussir professionnellement et qui lutte contre les idées de sa mère qu’elle estime acculturée.
Cependant, Loretta souhaite tellement réussir qu’elle se retrouve dans des situations délicates. Par exemple, lorsqu’elle se fait piégée par Lise après avoir dansé dans le club le «Margaret» Dans la deuxième partie du roman, son personnage évolue, des épreuves vont venir troubler ses ambitions… lui arrive-t-il quelque chose de grave ? Suspens !
(…) Non, je ne le savais pas. En fait, quand je commence à écrire une histoire, je ne connais pas la fin. J’ai une idée générale, mais les détails viennent au fur et à mesure. Le personnage de Lise est assez complexe. Bien que ses parents lui aient laissés gérer le club familial, la jeune femme est en désaccord constant avec eux.
Elle aime danser dans le club qui lui appartient de façon très provocante et en même temps, elle souhaite se préserver pour l’homme de sa vie. Elle peut se montrer très dure avec des propos blessants envers Loretta et complote sans aucun scrupule contre sa sœur Lysis.
Et pourtant, Lise est tout aussi contre le fait que Lydia utilise des crèmes éclaircissantes et se montre empathique à son égard. En effet, Lise c’est en quelques sorte le personnage qu’on peut adorer et détester, on ne sait jamais ce qu’elle va dire ou faire. Elle est pleine de surprises.
(…) Lorenzo est le personnage représentant clairement le métissage dans le récit. Son rôle évolue énormément dans la deuxième partie. C’est aussi pour cette raison que la dessinatrice Justine Orer, l’a représenté sur la page de couverture. Il est celui qui représente cette possibilité de la complémentarité des cultures et il connaît le secret de chaque famille.
(…) C’est cool, si lire Magnifique, couleurs !, a ouvert la curiosité des lecteurs sur les recettes antillaises. Voici des sites que je peux vous recommander. Le premier pour la recette de ti-nains et morue: http://www.tatiemaryse.com/ti-nain-morue/. Le deuxième pour la recette du flan à la patata douce : http://cuisine.journaldesfemmes.com/recette/330716-flan-de-patates-douces».