Une cybersécurité renforcée

L’Union européenne et l’Allemagne appuient OCWAR-C. Ce dispositif a pour objectif de renforcer la cybersécurité et la lutte contre la cybercriminalité dans la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, et en Mauritanie.
Par Marie-Anne Lubin
Organised Crime : West African response to Cybersecurity and fight against Cybercrime. Telle est la signification du programme OCWAR-C de lutte contre la cybercriminalité, l’un des trois dispositifs engagés dans la zone Cedeao depuis la fin 2019.
OCWAR-C vient de recevoir un renfort de poids, en l’occurrence le soutien financier de l’UE (Union européenne) et du gouvernement allemand. Lesquels font part de leur « engagement fort », ainsi que pour les deux autres programmes voisins de cybersécurité.
OCWAR-C visera à améliorer la résilience et la robustesse des infrastructures de l’information, ainsi que la capacité des parties prenantes en charge de la lutte contre la cybercriminalité.
Les premiers bénéficiaires sont les quinze pays membres de la Cedeao et la Mauritanie. La contribution globale de l’UE s’élève à 41 millions d’euros, ce qui comprend le cofinancement par le gouvernement fédéral allemand du projet OCWAR-T (Transversal) d’un montant total de 5 millions d’euros. Les projets se déclineront jusqu’en 2022-2023.
Dans ce qui est décrit comme « un partenariat dynamique et global », la Commission de la Cedeao et ses agences travailleront en étroite collaboration avec deux organes des États membres européens, à savoir la GIZ allemande et Expertise France.
Dans un communiqué, le chef de la délégation de l’UE au Nigeria et à la Cedeao, l’ambassadeur Ketil Karalsen, a souligné que de nombreuses activités criminelles en Afrique de l’Ouest sont de nature transnationale et exigent une réponse régionale pour attaquer efficacement les réseaux criminels. Il exprime le vœu que ce soutien stimulera « de manière décisive » une réponse régionale pour lutter contre toutes les formes de criminalité organisée.
De son côté, l’ambassadeur d’Allemagne au Nigeria, Birgitt Ory, note que les défis sécuritaires actuels au Sahel soulignaient la nécessité d’une coopération multilatérale décisive. Selon elle, la criminalité transnationale en Afrique de l’Ouest suppose une réponse régionale, notant que la lutte et la prévention du crime organisé en Afrique de l’Ouest restent une priorité élevée pour l’Allemagne.
Pour sa part, la commissaire aux Finances de la Cedeao, Halima Ahmed, juge que les trois programmes stimuleront la coopération entre les services répressifs et les fournisseurs de services Internet privés, facilitant ainsi les enquêtes financières. Elle souligne qu’en plus de lutter contre la cybercriminalité, les pays membres de la Cedeao ont choisi de s’attaquer au problème du renforcement de la cybersécurité dans la région.
Zouli Bonkoungou est le commissaire TIC (Technologies de l’Information et de la communication) de la Cedeao. Selon lui, OCWAR-C contribuera à améliorer la cybersécurité dans la région en établissant et en maintenant un cyberespace sécurisé pour protéger les intérêts nationaux et régionaux et préserver les droits fondamentaux de l’Afrique de l’Ouest.
Une approche à trois volets
L’urgence commande : en raison de l’épidémie de la Covid-19, qui a exacerbé le sort de nombreuses communautés vulnérables, les groupes criminels organisés sont susceptibles de recruter davantage.
Selon les observateurs, les groupes criminels organisés semblent s’attaquer aux groupes vulnérables pour assurer une sensibilisation à la base tout en encourageant la consommation de drogue parmi les recrues pour créer une dépendance et assurer la loyauté. Cette composante doit être prise en compte dans la mise en œuvre du programme OCWAR-T.

Les trois projets OCWAR sont conçus comme une approche cohérente à trois volets des activités criminelles. En premier lieu, la lutte contre les menaces de cybersécurité et la cybercriminalité. En deuxième lieu, la lutte contre le trafic de drogue, d’êtres humains et d’armes à feu. En troisième lieu, le traitement des questions transversales telles que le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et la fraude.
Plus spécifiquement, OCWAR-C visera à améliorer la résilience et la robustesse des infrastructures de l’information, ainsi que la capacité des parties prenantes en charge de la lutte contre la cybercriminalité.
Cela passera par l’adoption d’une approche multi-acteurs respectueuse des droits humains et la mise en œuvre de mesures institutionnelles, organisationnelles et techniques, informe Expertise France. Ces mesures viseront à mieux préparer les parties prenantes aux problèmes de cybersécurité et amélioreront la législation en la matière.
ML