Un pont entre le Canada et l’Afrique
À Montréal, la Maison de l’Afrique-Mandingo est un haut lieu culturel où convergent artistes de renom, hommes d’affaires, nouveaux arrivants et personnalités étrangères. Sa fondatrice, Mariam Sy Diawara, y montre l’Afrique sous son meilleur jour.
Au coeur du Plateau Mont-Royal, dans le quartier prisé des artistes à Montréal, la Maison de l’Afrique- Mandingo a pignon sur rue. Un lieu tous azimuts : à la fois librairie-café, espace- boutique, galerie d’art, musée et centre de diffusion où se tiennent à longueur d’année des projections, des expositions et des conférences liées à l’Afrique. Entre les oeuvres d’art, se trouve le bureau de celle qui chapeaute l’établissement, Mariam Sy Diawara.
Cet organisme à but non lucratif devient alors un pont entre le continent et le Canada, pour faciliter les échanges commerciaux entre le Canada et les pays africains.
Arrivée au Canada en 2000, bien connue dans le monde de la publicité en Afrique francophone, la femme d’affaires n’envisageait pas, à l’origine, de s’établir dans le pays pour une longue période. Elle n’était que de passage pour rendre visite à ses enfants installés à Montréal. Voyant la crise s’aggraver en Côte d’Ivoire, elle décide finalement de rester avec les siens, le temps que son pays se stabilise. Femme d’affaires dynamique, elle se donne alors une mission : montrer la réalité économique de l’Afrique aux Canadiens. Très vite, elle organise des conférences sur le sujet, puis s’engage au sein d’un centre local de développement ainsi qu’auprès du Forum africain des affaires.
« Pendant des années, j’ai expliqué aux Québécois ce qu’était l’Afrique, son potentiel et comment y investir. Mais ils n’étaient pas prêts à changer leurs affaires et à s’adapter aux réalités de ce continent », témoigne-t-elle. L’Afrique et le Canada partagent un intérêt commun pour les PME, considérées par les différents gouvernements comme un moteur de la croissance économique et un créateur d’emplois. Au seul Québec, les PME représentent 99,8 % du marché.
En 2010, la Banque mondiale estimait à près de 18 % la contribution des PME au PIB de la Côte d’Ivoire, contre 70 % pour le Ghana. «Le Québec est habitué aux petits marchés. J’ai essayé de prouver aux Canadiens que c’était pareil en Afrique. Mais ils n’étaient pas prêts à prendre des risques à l’époque », souligne-t-elle. Malgré l’impression de faire parfois face à un mur, Mariam Sy Diawara – africaniste dans l’âme – poursuit sa mission, en participant à des salons du tourisme sous la bannière Passerelle Afrique Canada (Pacte), afin d’informer les visiteurs sur le potentiel du continent.
Bien sûr, d’autres exposants faisaient la promotion de l’Afrique, tels que des restaurateurs, des designers et des agents de voyage, mais leur action n’était pas suffisante, juge-t-elle : « Il y avait toujours un besoin criant d’informer et d’éduquer les Canadiens sur l’Afrique, son potentiel et son savoir-faire ». En juin 2008, avec un budget restreint, le soutien de son époux, de ses amis, et sans subvention publique, elle achète un espace de 500 m2 pour y inaugurer, un an plus tard, la Maison de l’Afrique-Mandingo.
Cet organisme à but non lucratif devient alors un pont entre le continent et le Canada, pour faciliter les échanges commerciaux entre le Canada et les pays africains. Et d’y promouvoir le tourisme. Sur ce point, Mariam Sy Diawara reconnaît : « Le tourisme n’est qu’une excuse pour éduquer les Canadiens sur l’Afrique ; il faut leur donner envie d’aller en Afrique en montrant une belle image, et ainsi leur donner le goût d’y investir. » C’est pourquoi la Maison de l’Afrique est présente chaque année au Salon international du tourisme au Canada « pour promouvoir les destinations comme le Mali, le Sénégal, le Niger, le Bénin. En France, ces destinations sont connues et visibles, mais ce n’est pas encore le cas au Canada », explique la fondatrice de l’association.
Il est vrai que les offices de tourisme hébergés par les ambassades manquent de budget. « C’est pour cela que nous intervenons, car nous sommes plus efficaces et moins chers. Grâce à notre aide, plusieurs pays africains se sont ajoutés à la liste des destinations voyage dans les brochures touristiques canadiennes ! », souligne Mariam Sy Diawara. C’est bien en assurant la promotion de plusieurs pays du continent que la Maison de l’Afrique se finance.