TIC : nouveau levier

Enclavement et dépendance
« L’Afrique compte 1 milliard d’habitants, soit 15 % de la population mondiale, et réalise une croissance annuelle moyenne de 5 % malgré la crise, mais ses 54 pays présentent de fortes disparités de développement, et particulièrement en ce qui concerne les réseaux de télécommunications et l’accès à Internet », constate Brahim Ghribi, directeur Secteur gouvernemental & Public chez Alcatel-Lucent. « Le continent peut certes s’enorgueillir d’avoir connu un développement prodigieux de la téléphonie mobile, dont le taux de pénétration moyen est estimé à 65 %, mais ce développement reste très inégal, puisque près de la moitié des pays africains (25) représentent 90 % des connexions mobiles », souligne-t-il.
Beaucoup de pays du continent restent encore enclavés et très dépendant de leurs voisins
La plupart des gouvernements africains ont des plans pour le développement de l’économie numérique, mais les infrastructures sont loin de répondre aux objectifs assignés. La liaison à la bande passante internationale a certes été multipliée par 20, entre 2008 et 2012, et plusieurs milliers de kilomètres de câbles sous-marins ont été posés au cours de cette période, mais force est de constater que beaucoup de pays du continent restent encore enclavés et très dépendant de leurs voisins. Brahim Gharbi souligne une autre problématique : les backbones (dorsales) terrestres, nationaux et régionaux, restent insuffisants et ne couvrent pas assez les territoires intérieurs. Ces infrastructures, réalisées la plupart du temps via des investissements publics, doivent être mises à disposition des opérateurs privés afin d’être mieux exploitées. Mais comment assurer cet open access ? C’est là un gros chantier et le modèle du partenariat public privé (PPP), développé notamment en France, pourrait s’adapter aux réalités économiques africaines. « Au Maroc, par exemple, 83 % des accès à Internet sont assurés grâce au réseau mobile. Mais c’est aux dépens du réseau fixe, qui compte 3,4 millions de lignes pour une population de 34 millions d’habitants. Le mobile est finalement une solution de facilité », poursuit Brahim Gharbi.