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Tchad : L’électricité se fait plus rare

  • Publiéjuillet 26, 2017

Depuis avril, N’Djaména renoue avec les coupures d’électricité. La Société nationale d’électricité, qui a augmenté sa production, doit faire face à une demande plus forte et à des problèmes structurels.

N’Djaména, Geoffroy Touroumbaye

Les coupures d’électricité sont redeve­nues le lot quotidien des N’Djaménois. Après deux ans de répit, ils avaient fini par croire que les délestages apparte­naient au passé. Aujourd’hui, ils sont logés à la même enseigne que les habitants des autres villes principales du Tchad, habitués depuis toujours aux délestages.

À la tombée de la nuit, des quartiers entiers de N’Djaména plongent dans le noir. L’absence de courant oblige les industries à tourner au ralenti ou à utiliser les groupes électrogènes, avec un carburant qui coûte cher à la pompe. Souvent, le délestage d’élec­tricité provoque une coupure d’eau.

« La persistance du problème de l’énergie est due à l’absence d’une politique énergétique claire », grogne Daouda Elhadj Adam, secré­taire général de l’Association des droits des consommateurs (ADC). Qui dénonce une navigation à vue et une mauvaise gestion héritée de la STEE, l’ancienne Société tcha­dienne d’eau et d’électricité scindée, depuis mai 2010, en deux entités distinctes : la Société tchadienne des eaux (STE) et la Société nationale d’électricité (SNE) confiée à Mahamat-Adoum Ismaël. L’ancien « patron des patrons tchadiens » bénéficie d’une bonne réputation de redresseur des entreprises publiques (compagnie sucrière, société cotonnière, etc.).

Face à une demande croissante, tant dans la capitale qu’à l’intérieur du pays, la société chargée de la gestion d’électricité affirme avoir atteint, en avril dernier, les limites extrêmes de sa couverture, surtout de N’Djaména. « Pour la seule journée du 12 avril dernier, 87 mégawatts (MW) ont été ainsi injectés dans le circuit de distribution », note Mahamat-Adoum Ismaël. L’année dernière, le pic de couverture atteint était de 82 MW, avec une réserve de 10 MW.

 Un parc production augmenté

« Nous avons une puissance installée, sur l’ensemble du territoire, de l’ordre de 174 MW. Si nous arrivons à faire tourner tous nos moteurs, nous serions à 144 MW à N’Djaména et une trentaine dans nos douze exploitations régionales. Malheureusement, de ces 174 MW gérés par la SNE, nous n’avons qu’une puis­sance installée à 110 MW à N’Djaména », explique le directeur général de la SNE.

Dans son plan de développement sur la période 2016-2020, la SNE insiste sur l’investissement de son parc de production. La société peut également compter sur des projets d’intégration régionale prévus par la BAD.

En deux ans, la SNE a réussi à multiplier sa production par quatre ; fin 2014, un peu plus de 20 MW étaient produits à N’Djaména. Aujourd’hui, les deux centrales de Farcha (dans le 1er arrondissement de N’Djaména) produisent 80 MW.

La raffinerie, installée par des sociétés chinoises à une soixantaine de kilomètres au nord de la capitale, ajoute entre 10 et 16 MW. Un producteur privé (V-Power) livre également 16 MW. Jusqu’en décembre 2016, un autre producteur indé­pendant, Aggreko, livrait aussi entre 16 et 20 MW. Toutes ces productions permettaient à la SNE de répondre aux besoins de la ville de N’Djaména.

Mais en décembre 2016, Aggreko est parti. Toutefois, ce n’est pas ce retrait qui est à l’origine des difficultés de la SNE et des déboires de ses clients. « C’est simplement dû au grippage du circuit d’approvisionnement en combustible, précise Mahamat-Adoum Ismaël. Et même si Aggreko était là, nous aurions toujours ce problème parce que Aggreko et V-Power sont approvisionnés en combus­tible par la SNE. Ainsi, ils produisent quand ils reçoivent le combustible, et même quand ils ne produisent pas, ils nous facturent la différence causée par la rupture d’approvisionnement ».

Le kilowatt produit par les partenaires coûte 35 F.CFA à la SNE, prix auquel il faut ajouter la valeur du combustible (soit 120 F.CFA le quart de litre de gasoil néces­saire à la production du kilowatt). Ça fait un total de 155 F.CFA (0,24 euro) pour un kilo­watt acheté que la SNE revend à 85 F.CFA au consommateur. Soit un écart de 70 F.CFA par kilowatt vendu.

Pour permettre à la SNE d’avoir suffi­samment du carburant afin de produire et répondre à la demande, le gouvernement a décidé, le 11 avril, de donner onze citernes par jour (au lieu de huit de à neuf aupara­vant). Une citerne revenant à 15,4 millions F.CFA, c’est quelque 60 milliards F.CFA (91,5 millions d’euros) dépensés par an.

 La piste des déchets pétroliers

Pour résoudre la problématique de déles­tage, le gouvernement met l’accent exclusi­vement sur l’augmentation du nombre des citernes de gasoil, alors qu’il existe d’autres choix, note un ancien cadre de la société chargée de l’exploitation de l’électricité.

Écrit par
Geoffroy

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