Tchad : Projet pétrolier et gazier de Sédigui
Vieux de plus de 40 ans, un projet d’exploitation d’hydrocarbures vient de démarrer effectivement avec le concours d’entreprises chinoises. Pour le ministre du pétrole et de l’énergie, Béchir Madet, « le rêve est devenu aujourd’hui une réalité ! »
Par Gérard Choisnet
Le président Idriss Deby Itno a lancé le 28 octobre dans le Kanem, à 350 km au nord de N’Djaména, le projet intégré de développement des champs pétroliers et gaziers de Sédigui, et de construction de l’usine de la Société de raffinage de Rig Rig (S3R) et de l’unité de traitement et purification de la société Générale de gaz du Tchad (GGT).
Le projet Sédigui, le plus ancien des projets pétroliers du pays, avait été initié dans les années 1970 par le consortium Exxon-Shell-Chevron. Les réserves prouvées de ce champ de 29 km2 représentent 15 à 21 millions de barils de pétrole et 7 milliards m3 de gaz naturel.
Les travaux, confiés à l’entreprise tchadienne Kosso sous contrôle du bureau local Agri-Tchad, dureront 18 mois et représentent un montant global de 5 milliards de F.CFA financé par l’Etat. « C’est l’argent des contribuables qui servira à construire l’Institut du pétrole de Mao. Que les deux entreprises tchadiennes fassent preuve de sérieux dans l’exécution des travaux en respectant scrupuleusement le cahier de charge », a demandé le Président.
Un contrat de financement, construction, exploitation et maintenance a été signé avec les sociétés chinoises Blue Ocean Clean Energy (Hong Kong) et Pan Jin Liaoyou Chenyu.
« En attendant les recherches en cours, nous tablons dans un premier temps sur une production quotidienne de pétrole brut entre 2.000 et 3.500 barils qui seront immédiatement raffinés, et une production de gaz entre 400.000 et 800.000 m3 », a indiqué Tahir Hamid Nguillin, directeur général de la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT).
Le consortium chinois investira d’une part 58 millions $ pour le développement du champ de Sédigui, avec une capacité journalière de 2.000 barils de brut et de 400.000 m3 de gaz naturel, et pour la raffinerie.
Les deux entreprises investiront d’autre part 120 millions $ pour construire l’usine de traitement de gaz naturel avec une capacité de 400.000 m3/j ainsi que deux gazoducs de 312 km de long allant de Sédigui à Djarmaya (première raffinerie du Tchad mise en service en 2011 par l’Etat tchadien 40% et la CNPC chinoise 60%), l’un pour le gaz naturel et l’autre pour du butane, pour commercialiser le gaz du champ de Sédigui.
La S3R est détenue par la SHT (40%) et la Seegnal Petroleum Chad (60%) à capitaux nigérians. Les actionnaires de la GGT sont Blue Ocean Clean Energy (70%) et la SHT (30%). Les projets créeront quelque 500 emplois directs et 1 000 emplois indirects.
« Selon les accords signés, dans moins d’un an, la raffinerie pourra être opérationnelle et nous pourrons consommer les premiers litres d’essence et gasoil avant la fin de l’année 2018 », a précisé Tahir Nguillin.
« Si toutes les conditions sont satisfaites, nous réaliserons le projet en huit mois », estimait pour sa part Wu Xingjun, PDG de Blue Ocean Clean Energy.
Dans le cadre de son déplacement, le chef de l’Etat a ensuite posé le 29 octobre à Mao, chef-lieu du Kanem, la première pierre des futurs locaux de l’Institut national supérieur du pétrole, premier établissement du genre au Tchad.
Ce complexe comprendra un bloc administratif, un amphithéâtre de 700 places, deux bâtiments de six classes, des dortoirs pour filles et garçons, trois logements, trois laboratoires, un restaurant, un dispensaire, une bibliothèque de 200 places, un château d’eau, un terrain de sport…
Les travaux, confiés à l’entreprise tchadienne Kosso sous contrôle du bureau local Agri-Tchad, dureront 18 mois et représentent un montant global de 5 milliards de F.CFA financé par l’Etat.
« C’est l’argent des contribuables qui servira à construire l’Institut du pétrole de Mao. Que les deux entreprises tchadiennes fassent preuve de sérieux dans l’exécution des travaux en respectant scrupuleusement le cahier de charge », a demandé le Président.
Crée en 2005, l’Institut national du pétrole en est à sa 8ème promotion. Il a déjà formé 350 diplômés tchadiens, dont 50% travaillent dans le secteur pétrolier du pays.