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Sur la voie de la modernisation

  • Publiéjuin 23, 2015

Le secteur bancaire de Côte d’Ivoire devrait évoluer, ces prochaines années, à la faveur de la restructuration en cours des banques publiques. Si elles ne sont pas exemptes de risques, les banques ivoiriennes profitent de la relance économique du pays. État des lieux.

Le 9 avril 2015, l’État a autorisé la cession de 39 % du capital de la Société ivoirienne de banque – SIB (cinquième établissement bancaire du pays), dont 24 % au groupe marocain Attijariwafa bank, dont la participation passe ainsi à 75 % du capital. La SIB figurait sur la liste des 15 sociétés que le gouvernement avait décidé de privatiser, un an auparavant, aux côtés de la Banque pour le financement de l’agriculture (BFA) et de la Versus Bank. Le secteur bancaire public entame ainsi une phase de restructuration, condition devenue nécessaire pour permettre au secteur bancaire ivoirien dans son ensemble d’entrer dans la compétition régionale.

Le système financier ivoirien est dominé par les banques commerciales, qui détiennent 80 % des actifs financiers, aux côtés des sociétés d’assurances, des fonds de pension et des institutions de microfinance (IMF). En Côte d’Ivoire, 6,4 % de la population seulement dispose d’un compte bancaire (1,679 million) et 4 % en détiennent un au sein d’une IMF. Le système bancaire ivoirien compte aujourd’hui 24 banques – après la liquidation de la BFA fin 2014 – et deux sociétés financières. Il est concentré, avec de grandes banques, principalement étrangères, en position jugée solide par le FMI, tandis que les banques domestiques, dont les cinq banques publiques, présentent de moins bons ratios prudentiels.

Le système bancaire est segmenté : sur les 24 banques, 18 sont des filiales de groupes internationaux ou régionaux, aux côtés de quelques banques locales, publiques et privées. Les banques étrangères dominent le secteur et les trois plus grandes banques étrangères (de France et du Togo) concentrent 40 % des actifs bancaires ; les autres banques étrangères sont de taille plus réduite, dont des banques nigérianes et marocaines. À elles toutes, elles concentrent 57 % des actifs bancaires. Les banques régionales représentent 19 % des actifs. Les banques publiques sont au nombre de cinq, dont la plus grande concentre 8,5 % des actifs bancaires et les quatre autres réunies moins de 6 %. L’État détient en outre des parts minoritaires (moins de 10 %) dans deux banques locales.

la mise à disposition des premiers bureaux d’information sur le crédit dans la région Uemoa devrait permettre aux banques de mieux évaluer la solvabilité de leurs clients et donc d’accroître significativement le nombre de prêts bancaires dans la région.

La rentabilité des banques ivoiriennes s’était dégradée durant la crise, elle s’améliore continuellement depuis 2012 et les indicateurs de liquidité sont en ligne avec la moyenne régionale. Le secteur bancaire de Côte d’Ivoire est l’un des plus performants de la sous-région. Malgré les crises successives traversées par le pays, les banquiers ivoiriens ont maintenu le cap. Les ressources des banques ivoiriennes ont augmenté de 10 % par an entre 2011 et 2013. Au classement global, la Société générale de banques en Côte d’Ivoire (SGBCI) conserve son leadership, avec son réseau fort de 67 agences, dont 45 à Abidjan et 22 à l’intérieur du pays, même si ses performances ont quelque peu diminué au cours des deux dernières années. Derrière elle, Ecobank, avec ses ressources de 571,8 milliards de F.CFA, se positionne comme un challenger de taille. Ces deux titans se livrent une rude bataille pour le contrôle du marché bancaire ivoirien. 

Le dynamisme de la Côte d’Ivoire n’est cependant pas le fait de ces deux ténors. La Banque internationale de l’Afrique occidentale (BIAO-CI) – devenue filiale du groupe NSIA – la Banque Atlantique de Côte d’Ivoire (BACI), la Banque internationale pour le commerce et l’industrie de Côte d’Ivoire (Bicici) et la Société ivoirienne de banque (SIB), présentent de bonnes performances. 

Le secteur bancaire ivoirien est, certes, l’héritier des acteurs installés dans le pays avant son indépendance (la BIAO-CI, la Bicici, la SGBCI et la SIB résultent de la transformation des établissements bancaires français que sont la BIAO, la BNP, le Crédit Lyonnais et la Société Générale). Mais il évolue et a pris sa part dans les stratégies des banques panafricaines. Ainsi, le secteur a vu arriver depuis 2010 de nouveaux acteurs, avec les agréments accordés à la Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce (BSIC) et à la Caisse nationale de crédit et d’épargne (CNCE) en 2010, puis en 2011 aux groupes BGFI Bank (Gabon) et Guaranty Trust Bank (Nigeria), pour l’implantation de filiales. 

D’autres acteurs s’annoncent, et, combiné aux restructurations dans le secteur public, ils sont autant de facteurs d’accroissement de la pression concurrentielle sur le secteur bancaire privé traditionnel. La Banque nationale du Canada vient de prendre des participations dans la société NSIA, un groupe de services financiers et d’assurance établi à Abidjan, dont les activités s’étendent sur 12 pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Chez NSIA, la Banque nationale obtiendra une participation de 21 %, au terme d’une transaction effectuée conjointement avec le groupe Amethis Finance, qui en détiendra 5 %, après le rachat de la part de NSIA que détenait le fonds d’investissement Emerging Capital Partners depuis 2008.

Écrit par
African Banker

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