Une solution africaine pour la gouvernance
Pendant trois jours, les participants à la Conférence économique africaine ont étudié les axes de renforcement des gouvernances africaines, en cherchant à s’extraire des schémas occidentaux.
Addis-Abeba, Marie-France Réveillard
La 27e Conférence économique africaine s’est tenue début décembre à Addis- Abeba, réunissant 500 décideurs, chercheurs et acteurs du développement sur le thème « Mettre la gouvernance au service de la transformation structurelle ».
« Que les processus de gouvernance soient financés par des bailleurs étrangers n’a aucun sens », a déclaré Abdalla Hamdok, le secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique africaine (CEA) au premier jour de la conférence. « Les pays africains devraient autofinancer la mise en oeuvre de leur programme de gouvernance dans le cadre de leurs transformations structurelles», a-t-il poursuivi.
Pour expliquer les résultats encore insatisfaisants du continent en matière de gouvernance, les intervenants ont souligné que les standards internationaux de référence étaient en inadéquation avec les différents contextes du continent. « Une solution africaine pour les Africains », tel pourrait être le constat réalisé par les institutions représentées.
Hailemariam Desalegn, le Premier ministre d’Éthiopie, a rappelé qu’il « n’y a pas de modèle politique particulier qui fonctionnerait partout ». C’est également le constat de Célestin Monga, vice-président de la BAD qui a poursuivi : « Une bonne partie du travail sur la gouvernance n’a pas été très utile à l’Afrique ; nous ne pouvons pas attendre d’un pays dont le PIB s’élève à 1 000 dollars par habitant qu’il ait le même système de gouvernance qu’un pays au PIB/habitant de 78 000 $. Vous ne pouvez pas comparer le Burundi à la Suisse ! » Aussi, la Banque réfléchit-elle à de nouveaux modèles de gouvernance.
Une analyse partagée par Richard Joseph, chercheur en Sciences politiques de l’université de Northwestern : « En Afrique, le temps est venu d’instaurer une certaine autonomie dans l’approche des questions politiques. »
N’en déplaise aux experts internationaux, l’Afrique cherche aujourd’hui à s’affranchir des standards venus de l’Occident, malgré les coûts parfois prohibitifs associés au financement : « Il est très cher de financer la gouvernance : les élections en RD Congo ont coûté un milliard de dollars », a rappelé Abdalla Hamdok.
La gouvernance au service de la transformation structurelle
Pendant ces journées de réflexion et d’échanges, les experts se sont interrogés sur la restructuration des économies en s’appuyant sur l’industrialisation qui demeure l’un des défis majeurs de l’Afrique. « La bonne gouvernance et la transformation structurelle sont les deux faces d’une même pièce, l’une ne peut exister sans l’autre » a déclaré l’économiste Célestin Monga (BAD) qui salue les performances de l’île Maurice ; ce petit pays a tenu le pari d’une « diversification réussie » et de « l’amélioration de sa gouvernance ».
Toutefois, parallèlement aux réussites enregistrées par l’Égypte, la Tunisie ou l’Afrique du Sud, qui ont restructuré leur économie en profondeur, grâce aux investissements publics et privés et à leur intégration régionale, un – trop – grand nombre de pays accusent encore de sérieux retards. L’objectif de la conférence économique était donc de déterminer de nouvelles stratégies permettant d’atteindre cet objectif tout en participant à une meilleure redistribution des richesses pour permettre le renforcement d’une classe moyenne ainsi que l’élaboration d’un développement inclusif.