Diamniadio, une ville nouvelle

En contrepartie de terrains mis à disposition gratuitement, les promoteurs devront s’engager à construire des logements sociaux dans le respect de règles et de conventions définies par l’État, sur la base de baux emphytéotiques. Le Centre international de conférence de Diamniado qui accueillera le XVe sommet de la Francophonie les 29 et 30 novembre prochain, préfigure le développement de la future ville.
Construit par le consortium turc Summa Turizm Yatirimciligi A.S, et financé par le gouvernement du Sénégal, l’Organisation internationale de la Francophonie et l’État turc, le bâtiment est en cours d’achèvement. Ce centre de conférences, d’une capacité de 1 500 places, devrait jouer un rôle moteur dans l’aménagement du pôle urbain.
Conçu comme le noyau de Diamniadio, il accueillera des hôtels, des services publics, des équipements sportifs. Il est prévu d’installer une deuxième université qui permettra de desserrer l’étau actuel sur l’université Cheikh- Anta-Diop de Dakar ; elle pourrait accueillir de nouveaux enseignements.
Pour Serigne Mansour Tall, représentant à Dakar de l’agence des Nations unies pour l’Habitat, Diamniadio présente « une démarche très novatrice du point de vue du développement urbain. Jusque-là, l’approche était basée essentiellement sur un urbanisme réglementaire, un respect du plan opposable au tiers ».
L’innovation est triple. Avec cette approche urbanistique, le Sénégal adopte une politique volontariste qui s’engage dans un credo d’incitations, fondamental pour l’avenir du pays.
Les pouvoirs publics veulent anticiper sur les occupations spontanées et s’inscrire dans une vision d’ensemble. Le vaste site de Diamniadio permettra d’éviter la juxtaposition d’initiatives urbaines non coordonnées et sans continuité, et favorisera ainsi la polarisation des équipements et une répartition équilibrée des activités. Enfin, le projet vise à réconcilier les fonctions économiques et le logement.
Les espaces qui seront réservés aux activités économiques seront accompagnés de manière parallèle d’une stratégie pour les équiper. Le gouvernement prévoit le transfert de ministères à Diamniadio et envisage de mettre à disposition des terrains pour accueillir le siège d’organisations internationales actuellement basées à Dakar.
Future ville verte où les espaces verts et les plans d’eau occuperont environ 15 % de la superficie, Diamniadio préservera les cordons verts, lacs et bassins d’eau existants. Des écoquartiers devraient voir le jour, et une primauté sera accordée aux énergies renouvelables. Voilà qui tranche avec Dakar, où les espaces verts sont inexistants
Reconfigurer le paysage urbain
De son côté, Olivier Pezet, directeur de l’Agence française de développement (AFD) à Dakar, considère que « désasphyxier la capitale est une bonne chose » dans un contexte où la ville ne cesse de s’étendre. Impliquée dans le développement du Grand Dakar, l’AFD apporte également son appui financier, à hauteur de 70 millions d’euros, à la construction de l’aéroport international Blaise-Diagne de Diass, aux côtés d’autres institutions.
Lancé en mars 2007, le chantier dont le coût global avoisine les 600 millions d’euros, devrait être achevé début 2016. Après la mise en service, en 2008, d’un premier tronçon reliant Dakar à la commune de la Patte d’oie, puis l’inauguration d’un second tronçon en août 2013, de Dakar à Diamniadio, les futurs usagers de l’autoroute à péage pourront rallier Dakar à Diamniadio en 20 minutes, là où il leur fallait souvent près de deux heures pour traverser la commune de Rufisque.
Autre dossier phare du programme d’infrastructures du Sénégal, « l’autoroute de l’avenir », qui permettra de relier Dakar à l’aéroport en 40 minutes environ, fait également l’objet d’un partenariat public-privé entre l’État, l’AFD et le concessionnaire, la société Eiffage qui en assurera l’exploitation jusqu’en 2039.
Pour l’agence chargée de la promotion des investissements, l’APIX, la réalisation d’une zone économique intégrée au nouvel aéroport constitue « un enjeu de taille pour développer le Sénégal émergent de demain ». Sur un espace d’environ 700 ha pour la première phase et 1 400 ha à terme, les entreprises qui s’installeront bénéficieront d’avantages fiscaux et douaniers.
Les activités économiques ciblées englobent principalement le secteur de la logistique, l’agroalimentaire. Sur la base d’un PPP, des négociations ont été engagées avec des opérateurs privés dans le cadre d’un appel d’offres restreint, le cargo village devant être opérationnel avant mi-2015.
Pari sur l’avenir, la construction de la ville nouvelle de Diamniadio participe d’une reconfiguration d’ensemble du paysage urbain sénégalais d’ici à 2020. Articulée autour du nouvel aéroport, reliée à Dakar par l’autoroute de l’avenir, sa réussite confirmera que la croissance urbaine n’est pas une menace, mais au contraire une opportunité pour la ville.