Saim Yaksan, directeur général de MTN Cameroon
Résultats en baisse, qualité de services décriée, sanctions et menaces de sanctions du régulateur des télécoms… Saim Yaksan a été appelé en renfort, à la tête de MTN Cameroon. Déjà, il place ses hommes et répond à l’urgence.
Douala, Beaugas Orain Djoyum
Si le géant sud-africain des télécoms MTN affiche de solides résultats pour 2017, il ne doit pas cette performance à sa filiale camerounaise. Laquelle a vu son chiffre d’affaires reculer de 36,6 milliards de F.CFA, pour ressortir à 240,6 milliards (366,8 millions d’euros). La société a perdu, pour le seul second semestre 2017, 2,4 millions d’abonnés, passés de 9,5 à 7,1 millions. Seule la branche MTN Money tire son épingle du jeu.
Pis, le régulateur a sanctionné MTN Cameroon pour les irrégularités constatées dans le processus d’identification des abonnés. L’Agence de régulation des télécommunications (ART) lui a ainsi infligé en octobre 2017 une amende de 3,5 milliards de F.CFA et a réduit la durée de sa licence d’un an. Dans ces conditions, il n’est pas exclu que le groupe sud-africain se retire du pays si un arrangement n’est pas trouvé avec le régulateur télécoms, confie le directeur financier, Ralph Mupita. « C’est une grande priorité pour nous de résoudre ce problème à court terme. Si ce n’est pas résoluble, alors ce ne sera pas résoluble. Nous voulons trouver une solution à l’amiable pour rester au Cameroun », indique Ralph Mupita. Qui révèle que le groupe procède à un examen…
Le nouveau directeur général aura la responsabilité de maintenir MTN Cameroon sur la voie de la croissance et renforcer sa position de leader dans un marché de télécommunications de plus en plus compétitif.
… général de ses 22 opérations en Afrique et au Moyen-Orient, afin d’identifier quels sont les marchés dont il pourrait se retirer à cause des faibles revenus, des guerres civiles ou encore des malentendus avec les régulateurs télécoms. Clairement, le Cameroun est sur la sellette.
Une épée de Damoclès
Déjà, en octobre 2017, le ministère des Postes et télécommunications avait publié une étude qui montrait que la qualité des services électroniques offerte par MTN Cameroon, et bien d’autres opérateurs, était médiocre. Un ultimatum de six mois pour améliorer leur qualité de service avait été donné par la ministre des Postes et télécommunications, Minette Libom Li Likeng. Ultimatum qui prend fin au terme du mois de mars 2018. Et force est de constater que des utilisateurs continuent de se plaindre. L’opérateur a ses explications.
C’est dans ce contexte tendu pour l’entreprise qu’arrive Saim Yaksan. Nommé le 12 février 2018, il remplace Philisiwe Sibiya, démissionnaire en novembre 2017. Celle-ci quitte définitivement le groupe MTN. En attendant la nomination d’un directeur exécutif définitif, Saim Yaksan officie en qualité de directeur par intérim : « Saim Yaksan aura la responsabilité de maintenir MTN Cameroon sur la voie de la croissance et renforcer sa position de leader dans un marché de télécommunications de plus en plus compétitif », indique Colin E. Mukete, le président du conseil d’administration de MTN Cameroon.
Pour parvenir à remettre MTN Cameroon sur le chemin de la croissance, il faudra relever plusieurs défis. Au lendemain de sa nomination, Saim Yaksan a rencontré comme première personnalité publique Philémon Zo’o Zame, qui dirige l’ART. Au premier rang des préoccupations, explique ce dernier, le règlement des arriérés dus par MTN Cameroon au régulateur, la finalisation de la clause additionnelle de la convention de concession de MTN Cameroon, le problème du déploiement d’un réseau urbain de fibre optique, la problématique du management des points d’atterrissement, l’amélioration de la qualité de service et la mise sur pied d’un cadre de coopération propice entre les opérateurs télécoms.
Autre dossier important et non des moindres sur lequel a insisté le directeur général de l’ART : le processus d’identification des abonnés de MTN Cameroon et l’assainissement de sa base de données d’abonnés. Ce sont précisément ces lacunes ont conduit l’ART à prendre de lourdes sanctions.
La délicate identification des abonnés
Aussi, Saim Yaksan a présenté au DG de l’ART quelques attentes et clarifications de MTN Cameroon par rapport au régulateur et aux pouvoirs publics. C’est ainsi qu’il a évoqué le dossier d’assignation des spectres de fréquences 4G qu’attendent l’ensemble des opérateurs télécoms et celui du déploiement de la fibre optique interurbaine. Par anticipation, il explique que le fait que MTN Cameroon dépende d’un opérateur tiers a un effet sur la qualité de service offerte aux abonnés.
Déjà, pour réussir sa mission, le nouveau DG place ses hommes. C’est ainsi qu’il a nommé Alain Moke Ekobe chez MTN Business. Franck Gérard Kom est nommé directeur général du service clientèle. Tous les deux promus rendront compte directement à Saim Yaksan. Les résultats de la méthode Saim Yaksan sont attendus non seulement au Cameroun, mais également en Afrique du Sud où le groupe suit de près ses actions.
Cette nomination n’est en rien une surprise : depuis 2011, Saim Yaksan figure dans le top management du groupe MTN en Afrique du Sud. Jusqu’à présent, il y occupait le poste de directeur de la transformation du groupe télécoms, poste qu’il a rejoint en janvier 2017 après avoir été consultant stratégique au sein du groupe pendant près de quatre ans. Il arrive au sein de MTN en août 2011 comme directeur de la Technologie à Dubaï. Saim Yaksan a également travaillé chez Vodafone où il a passé sept années et occupé plusieurs fonctions de manager à l’international. Il est titulaire d’un diplôme supérieur en Management des affaires et du Diplom-Kaufmann obtenu à l’université de Cologne, en Allemagne.