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Patrick Navarro : Les banques ont soif de technologie !

  • Publiédécembre 5, 2017

Implanté dans 70 pays, Sopra Banking Software est le leader européen des éditeurs de logiciels bancaires et partenaire de plus de 800 banques. Son directeur général Afrique et Moyen-Orient, Patrick Navarro, fait le point sur l’avenir technologique du continent

Propos recueillis par Guillaume Weill-Raynal

Sopra Banking Software compte 650 collaborateurs, six filiales en Afrique… D’où vient votre intérêt pour le continent ?

Nous sommes en Afrique depuis 35 ans, c’est une longue histoire ! Nous avons vu, tout au long de ces années, l’évolution du continent, l’évolution économique et sociale de ces pays. C’est un continent dynamique.

L’Afrique est aujourd’hui au coeur d’une bancarisation de plus en plus marquée. En votre qualité d’éditeur de solutions, qu’y apportez-vous de particulier ?

Nous sommes avant tout un éditeur de solutions bancaires. Notre progiciel fait évoluer la banque dans son écosystème, que ce soit la mobilité, le digital, les systèmes de paiement et de crédits, la conformité pour faire face aux contraintes régle­mentaires, Nous sommes au coeur de la finance, parce que nous équipons l’ensemble des acteurs financiers.

L’Afrique compte beaucoup de création de nouvelles banques, de développement de groupes bancaires, de nouveaux acteurs ou des banques qui changent leur système d’informa­tions, que ce soit les banques de détail, les acteurs de microcrédit ou les acteurs de finance islamique, etc. Toute cette dynamique est pour nous un formidable moteur qui nous permet de nous développer.

Les groupes étrangers ont procédé à des rachats d’établis­sements ou ont développé de nouvelles filiales. Ce mouvement correspond à une appétence pour les nouvelles technologies, ce qui pour nous, éditeur de logiciels, représente une fantastique opportunité de développement. La bancarisation a entraîné un développement des flux, même si le défi de l’inclusion bancaire est permanent. Beaucoup de choses restent à faire.

Quel est votre avantage comparatif ?

Nos solutions tournent aujourd’hui chez plus de 200 banques sur le continent. Elles ont fait leurs preuves, elles couvrent l’ensemble des besoins bancaires aussi bien ceux du microcrédit que ceux de la banque islamique, etc. Voilà déjà un premier avantage !

En outre, nos solutions sont intégralement adaptées aux réglementations des différentes places financières que nous couvrons. On le sait, les banques investissent massivement sur les critères de réglementation – problèmes de conformité, de connexion aux systèmes de paiement – où nos solutions sont déjà prêtes. C’est un avantage considérable qui permet à tous nos clients de démarrer –qu’il s’agisse de nouvelles banques ou de banques existantes qui veulent faire évoluer leurs systèmes – avec un système qui est en permanence actualisé par rapport à leur activité.

Le troisième avantage tient dans l’ouverture que nos solutions apportent sur le plan technologique et applicatif par rapport aux défis de mobilité du digital et du numérique, mais également à l’ouverture vers des solutions tierces, comme d’autres logiciels plus spécialisés, par exemple la lutte anti-blanchiment, tout en pouvant installer et connecter des applications mobiles.

Ces trois avantages sont extrêmement forts, en matière de solution. Il y en a un autre que nous apportons en plus, c’est que nous avons développé, avec nos experts, des services d’accompagnement, que ce soit dans l’implémentation de solutions ou d’aide à leur fonctionnement, ce que nos clients apprécient énormément. Nous sommes présents sur le terrain avec des experts, nous les aidons à démarrer dans les meilleures conditions, à la fois en leur apportant une expertise bancaire et nos solutions. Ils ont besoin des deux pour démarrer rapidement ou faire évoluer leur système.

L’Afrique a besoin de transfert de savoir-faire. Quelle est l’offre apportée à l’Afrique dans ce cadre ?

Il y a deux types de situations. Celle où les banques se créent : notre offre consiste en une solution complète. Il s’agit d’un transfert de savoir-faire auquel nous participons pleinement. Pour les autres établissements, la plupart du temps, nos solutions s’intègrent dans un écosystème qui regroupe de nombreux acteurs africains avec leur propre savoir-faire et solutions. Nous travaillons dans ce cas avec eux, il s’agit alors d’un travail collectif d’innovation et d’apport technologique, pour pouvoir avancer rapidement. Nous sommes amenés à tenir compte de l’écosystème.

Les compétences africaines sont-elles associées dans votre structure de Recherche et Développement ?

Les 650 personnes que nous employons sont présentes sur le continent africain. Elles ne font pas d’offshore, elles produisent pour les clients du continent. C’est déjà, en soi, un élément important en matière d’apport et de création de valeur par rapport à nos clients. De plus, différents métiers s’exercent à travers ces personnes : le conseil, l’accompagnement, la vente, la R & D, l’édition, sont basés sur le continent. Ces activités sont également basées en Europe, notamment en France, où nous développons certaines solutions vendues en Afrique. Nos équipes sont réparties sur les deux continents et nos six filiales africaines : Casablanca, Alger, Abidjan, Douala, Tunis, Libreville.

Y a-t-il des spécificités de progiciels pour l’Afrique ?

Oui, on peut le dire. Le Core Banking connaît un grand succès sur le continent africain dans la mesure où il est à la fois plus simple à mettre en oeuvre que d’autres solutions et où il permet une appropriation extrêmement rapide par les banques. Nos clients nous font part d’un bon retour sur investissement. C’est un produit bien adapté qui ne nécessite pas des équipes informatiques très nombreuses, dont les banques africaines n’ont pas forcément besoin. Elles ne souhaitent pas engager les mêmes moyens que certains grands groupes européens ou anglo-saxons, tout en voulant – et c’est important – que nous connaissions bien la banque et que nous leur apportions rapidement un métier. Nous apportons des solutions à la fois innovantes, adaptées au métier et sécurisées. Le travail s’enrichit également par notre proximité avec nos clients.

Avez-vous une particularité dans la finance islamique ?

Oui, nous avons des équipes spécialisées. Nous nous sommes renforcés tant au stade de la R & D que de l’accom­pagnement. Ces deux points sont importants en ce qui concerne la finance islamique, pour pouvoir suivre toutes les problématiques réglementaires. Nous développons notre logiciel pour qu’il soit compatible avec toutes les contraintes qui se posent à cet égard. Aujourd’hui, plus de onze banques, parmi nos clients, fonctionnent avec une solution de finance islamique, dont la dernière a ouvert très récemment. Nous sommes donc obligés d’entretenir une veille permanente ; nous devons être prêts à tout moment, pour accompagner, orienter le développement et adapter nos produits en ce sens. C’est aussi indispensable que pour le microcrédit et tous les autres métiers bancaires comme la banque d’entreprise ou la banque des particuliers, les transferts internationaux, etc. De par notre métier et les solutions que nous proposons, nous sommes obligés de réaliser de nombreux investissements pour avoir la couverture et l’ouverture la plus large. peut varier selon les contextes et les pays. Soyons réalistes : l’inclusion bancaire ne se réalise pas encore partout. Mais précisément, cette réserve de développement constitue pour nous une fantastique opportunité. D’abord parce qu’elle nous oblige à avoir, dans l’univers de la banque, un système encore plus solide pour pouvoir embrasser cette révolution digitale. Les banques sont contraintes par toute une série de probléma­tiques liées au risque, à la conformité, à la réglementation, à la sécurité, qui nous obligent à garantir des opérations solides et fiables de bout en bout.

Comment vivez-vous ce basculement vers le tout numérique ? La révolution en cours change la donne pour les progiciels… 

Nous en sommes très heureux, d’autant plus que l’Afrique joue un rôle moteur sur ces changements. Au-delà de la révolution technologique – mobile versus fixe, etc. – les usages
changent ! Nous constatons une appétence très forte qui peut varier selon les contextes et les pays. Soyons réalistes : l’inclusion bancaire ne se réalise pas encore partout. Mais
précisément, cette réserve de développement constitue pour nous une fantastique opportunité. D’abord parce qu’elle nous oblige à avoir, dans l’univers de la banque, un système encore
plus solide pour pouvoir embrasser cette révolution digitale.
Les banques sont contraintes par toute une série de problématiques liées au risque, à la conformité, à la réglementation, à la sécurité, qui nous obligent à garantir des opérations solides et fiables de bout en bout.
Plus vous développez sur la banque digitale, plus votre système doit être solide. De plus, nous recevons une forte demande de développement d’applications agiles qui permettent de s’adapter en permanence à l’évolution des affaires, nous avons été conduits à développer une équipe dédiée à ces applications, plus rapides. Les rythmes dans l’édition sont différents selon que vous devez développer une application en quinze jours, ou en trois mois, en tenant compte de l’environnement concurrentiel.

Quelle est la place de la formation ?

Elle constitue pour nous un challenge à plusieurs égards. Le premier consiste à monter des cursus de formation en Afrique, qui peuvent être différents selon les zones. Grâce à nos filiales locales, nous renforçons nos équipes sur chacune des zones, ce qui nous permet de mener une réflexion sur la façon de mieux structurer la formation et l’accompagnement.

Jusqu’à présent, nous avons eu beaucoup plus de demandes d’accompagnement des équipes sur site : ce sont plutôt nos consultants qui, au travers du démarrage de nouvelles banques,
de l’évolution de leurs systèmes de progiciels, ou du développement d’applications digitales, nous ont demandé de faire pour eux des formations et un accompagnement spécifique adaptés à chaque contexte. D’autres organisations en Afrique dispensent des formations inter-entreprises, mais pour notre part, nous nous positionnons plutôt sur le créneau de la proximité avec les clients. C’est une manière de transférer et de renforcer la compétence. À cet égard, au travers de tous nos collaborateurs, nous constatons chaque année une évolution remarquable des compétences en Afrique.

En votre qualité de « Monsieur Afrique » de Sopra Banking Software, quel est pour vous le principal défi pour créer de la cohérence dans votre approche du continent ?

Il s’agit avant tout pour nous d’agir de façon globale, en ayant des modes de fonctionnement dans la délivrance de nos produits et de nos services, par rapport à l’environnement financier, aux problématiques de risque et de sécurité. Nous sommes obligés de nous astreindre à un fonctionnement global, bien ordonné, et bien structuré. Et, dans le même temps, nous devons aussi laisser la place à « l’agir local », au contexte, pour être proche des clients et nous adapter à leurs demandes. Cela passe aussi par une proximité géographique : il faut être présent. Cette approche à la fois globale et locale est indispensable.

C’est la raison pour laquelle nous investissons beaucoup sur la capitalisation, sur les process communs, les contrôles et le suivi, mais aussi la création d’équipes pluridisciplinaires qui peuvent travailler soit localement, soit à distance. Par exemple, en Tunisie et au Maroc, nous avons créé deux centres qui travaillent pour l’ensemble de l’Afrique, et où nous menons des projets de support et de maintenance à distance. Nous y développons un catalogue de services auxquels les clients peuvent accéder rapidement, ce qui constitue une forme de capitalisation.

Comment intégrez-vous les risques et les inquiétudes liés à la cybercriminalité ?

Bien sûr, nous sommes obligés d’intégrer cette dimension dans le développement des produits. Nous investissons beaucoup sur la sécurité. Il n’est pas possible d’être éditeur sans investir sur la sécurité de nos produits.

Mais on voit beaucoup de failles, un peu partout…

Oui, le risque est permanent. Nos équipes dédiées sur la cyber-sécurité s’adaptent en permanence aux évolutions. Plus généralement, nous intervenons à plusieurs niveaux : le premier est donc celui de la sécurisation de nos solutions. Le deuxième niveau est celui de la sécurisation de nos opérations ; nous sommes obligés de développer toute une politique de sécurité lorsque nos collaborateurs se déplacent sur le terrain.

En termes de coûts, qu’est-ce que cela représente ? Car nous sommes face à un phénomène inédit…

Vous évoquez là notre troisième niveau de sécurisation. Nous informons et nous sensibilisons nos clients par rapport à l’usage de nos solutions sur les mesures de sécurité qu’ils doivent prendre. C’est à eux de décider individuellement de ce qu’ils doivent installer en compliance et process internes pour se prémunir. Nous savons que le continent est attaqué en perma­nence. C’est un sujet constant de préoccupation. Maintenant, je ne saurais pas vous donner de chiffres. Il y a bien sûr le coût direct de la criminalité, un phénomène mondial. Sur tous les continents, nous connaissons la même préoccupation au niveau de la finance. 

ENCADRE

À propos de Sopra Banking Software

Avec ses 3 500 experts et l’un des portefeuilles de solutions et de services les plus complets du marché, Sopra Banking Software est de longue date le partenaire de plus de 800 banques dans 70 pays. Sopra Banking Software est une filiale du groupe Sopra Steria, leader européen de la transformation numérique. Fort de 40 000 collaborateurs, le groupe Sopra Steria affiche un chiffre d’affaires 2016 de 3,7 milliards d’euros.

Pour plus d’information, vous pouvez suivre le compte twitter @SopraBanking ou visiter le site www.soprabanking.com

Écrit par
African Banker

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