Niger : Une classe moyenne instable
La classe moyenne pourrait bientôt représenter 50 % de la population du Niger. Cette catégorie, dominée par l’agriculture, présente des disparités et la majorité des ménages qui la composent restent vulnérables.
Niamey, Sani Aboubacar
Les autorités politiques nigériennes veulent faire de la classe moyenne un levier de la politique économique et un élément de la stratégie de lutte contre la pauvreté et le chômage des jeunes.
Une volonté que le directeur général de l’INS (Institut national de la statistique), Idrissa Alichina Kourguéni, perçoit comme étant « une prise de conscience » des autorités politiques ; une classe moyenne forte et stable génère plus d’emplois et de revenus dans tous les secteurs de l’économie.
Cette catégorie de la population est considérée, par nombre d’économistes, comme étant la clé du développement humain et de la croissance inclusive.
Au Niger, comme ailleurs, la classe moyenne permet de tirer la consommation intérieure. « À condition bien sûr que l’économie domestique puisse lui fournir des biens et services d’excellente qualité », précise Joseph Ntamatungiro, représentant-résident du FMI ; « sinon, la consommation risque de se détourner vers les importations, ce qui diminuerait sa contribution à la croissance ».
Les activités génératrices de revenus, donc d’élévation du niveau de vie des ménages, se développent dans le secteur primaire, notamment dans l’élevage, les cultures irriguées et les produits agricoles commercialisés dans la région.
Pour Idrissa Alichina Kourguéni, l’exemple des BRICS doit « pousser les pays africains à s’en inspirer en entreprenant des actions leur permettant de disposer d’un outil indispensable pour les grandes orientations de leurs économies et de leur plan de développement ».
Voilà pourquoi le gouvernement a ainsi fixé comme objectif d’accroître de façon significative le poids de la classe moyenne et de le porter à la moitié de la population.
Une étude publiée en 2016 par l’INS indique que la classe moyenne au Niger est passée de 44,9 % de la population en 2011 à 46,2 % en 2014, selon une approche monétaire basée sur les revenus.
La « classe moyenne inférieure » est estimée à 32,6 % en 2014 et la « classe moyenne supérieure» à 13,6 %. En 2014, environ 47 % des Nigériens font partie de la classe des « défavorisés » contre 50 % en 2011 ; et 7 % des Nigériens appartiennent à la classe des « aisés » contre 5 % en 2011.
Selon l’approche non monétaire, basée sur l’étude de la possession de biens, en 2014, la classe moyenne nigérienne représente 51,7 % de la population, celle des « défavorisés » est de 38,3 % et celle des « aisés » représente 10 %. La tranche supérieure de la classe moyenne est de 27,9 % en 2014 contre 6 % en 2011, la tranche inférieure est 23 % contre 39 %.