Maroc : Un train d’avance
Dépendance technologique ?
Le projet de LGV endossé par la plus haute autorité politique du pays, le roi Mohammed VI, a souffert peu de contestations côté marocain ; quelques élus de gauche, comme le député Omar Balafrej, et des associations de la société civile, ont critiqué le coût et parfois les choix technologiques.
Le parti islamiste, au gouvernement depuis 2011, a, lui, tu toutes critiques depuis son accession aux responsabilités gouvernementales. Au centre du débat, l’indépendance technologique et la mise en concurrence.
« Le débat sur les normes est fondamental », confirme un ancien cadre de la SNCF selon qui « lorsqu’on achète des rames à un constructeur en particulier, on reste relativement dépendant, le temps de s’approprier tous les éléments sur la maintenance et les réglages techniques mais le fait que le système de signalisation choisi, le système européen interopérable ERTMS, fait que sur le papier l’exploitant de la ligne a le choix d’acheter ses rames chez d’autres constructeurs».
Selon Guillaume Pépy, « l’intégration du projet est garantie par la maîtrise marocaine de l’exploitation. Il ne faut pas s’y tromper, la SNCF ne sera pas l’exploitant. C’est l’ONCF qui l’est. »
Dans les faits, la courbe d’apprentissage est telle que les exploitants mettent environ dix à quinze ans avant de maîtriser totalement les processus d’exploitation et de maintenance comme l’atteste l’expérience Eurotunnel qui avait acquis du matériel Siemens après une décennie d’exploitation sous technologie Alstom.
Actuellement en phase d’essais dynamiques conduits par les constructeurs, essais dits de « Phase 4 », l’ONCF devra conduire ses propres essais en tant qu’exploitant d’ici à la mise en service commerciale.
Un écosystème marocain de la grande vitesse
Afin de développer et intégrer tous les métiers de l’exploitation commerciale à la maintenance, l’exploitant marocain a opté pour l’internalisation et des transferts techniques et technologiques négociés : l’aiguillage, la maintenance des voies, la maintenance des trains et la conduite.
Les opérations de formation et de maintenance technique se déroulent déjà dans le centre de maintenance de Tanger, opéré par une coentreprise SNCF International-ONCF (40 %-60 %) tandis qu’un institut de formation ferroviaire installé à Rabat forme les aiguilleurs et les conducteurs.