Mali, retour de l’or blanc
Mali. Culture introduite par les Arabes au XIe siècle, la récolte de coton a augmenté de 25 % pour atteindre 548 595 tonnes, lors la campagne qui s’achève.
Kalfa Sanogo, PDG de la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT), fait observer : « C’est la quatrième fois depuis les 40 ans de la CMDT que nous parvenons à un tel tonnage. Et nous envisageons 650 000 tonnes pour la campagne 2015- 2016 et 800 000 à l’horizon 2018. » Classé deuxième après le Burkina Faso en termes de volume, le coton malien est premier en commercialisation de fibres pour la qualité du produit ; lequel bénéficie depuis peu d’une bonification de 7 F.CFA par kilo.
Ce retour en force du coton est le résultat de l’augmentation des surfaces de production et des subventions publiques pour les engrais. Héritière de la Compagnie française des textiles, la CMDT, détenue à 99 % par l’État malien, a été créée en octobre 1974. Geocoton, société française dont la participation est symbolique aujourd’hui (0,51 %), voudrait augmenter ses parts.
Car les bénéfices nets rapportés par le coton s’élèvent désormais à plus de 14 milliards de F.CFA. Comptant 4 200 employés, la CMDT est le deuxième employeur du Mali après la fonction publique. Le coton représente environ 15 % du PIB. Au-delà de ses qualités propres, d’autres facteurs favorisent le bon comportement de la filière : transporteurs, assureurs (3 milliards de primes), prêts des banques, fournisseurs des pièces détachés, pétroliers, recettes fiscales pour l’État…
Les 500 000 exploitations cotonnières restent encore peu mécanisées, des programmes de modernisation sont en cours avec le soutien de la Banque nationale de développement agricole (BNDA). La construction de trois nouvelles usines d’égrenage est prévue d’ici à 2018. Celle de Kadiolo, à la frontière avec la Côte d’Ivoire, prévue pour 2016, intégrera l’aménagement d’un port sec pour pallier les problèmes de stockage et de déchargement des cargaisons rencontrés par le port d’Abidjan : en 2014, 500 camions y ont été bloqués pendant 26 jours.
Le pays compte deux autres usines, la plus ancienne est celle de Kimparana, qui date de 1961 ; elle sera rénovée pour augmenter sa capacité. Et celle de Bamako, aujourd’hui étouffée par son enclavement dans la ville, sera délocalisée vers Kita, sur la route de Dakar. Le coton est principalement transporté via le port d’Abidjan, mais Dakar monte en puissance. Et la CMDT a augmenté son transit par Dakar, Abidjan et San Pedro et est en train d’explorer la solution offerte par Lomé. Le paradoxe du coton réside dans la difficulté à maintenir la rentabilité, en dépit de la baisse des cours mondiaux.
L’échange entre le Nord et le Sud reste inégal. Kalfa Sanogo commente : « Tant que nous ne transformerons pas nous-mêmes le coton nous resterons soumis au négoce international que nous subissons. Les cours sont fixés ailleurs, à Cotton Outlook à Liverpool, et dépendent de facteurs extérieurs que nous ne maîtrisons pas. C’est la qualité que nous vendons et le respect des engagements contractuels. Notre atout est celui de notre équipe financière qui sait exploiter les moindres étincelles positives du marché. L’agenda coton de l’Uemoa fixe à 25 % l’objectif de transformation. La réalisation de cet objectif permettra de réduire les chocs que les variations de cours du coton occasionnent. Les retombées économiques sur les pays sont énormes. Il faut une coordination politique sous-régionale pour faire face à ces enjeux».