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L’Utica d’après …

  • Publiéavril 2, 2015

Cette pression sur les politiques trouve quelques éléments concrets : ainsi, l’Utica a signé, le 7 mars 2015, avec le ministère de l’Éducation, une convention dans laquelle elle s’engage à réhabiliter des écoles dans différents gouvernorats de la République : « Nous sommes les enfants de l’école tunisienne et nous lui devons cela », explique Wided Bouchamaoui. De son côté, le ministre de l’Éducation, Neji Djelloul, rappelle que l’objectif du gouvernement Essid est de restaurer au plus tôt 1 000 écoles délabrées : « Il est temps que les hommes d’affaires rendent à l’école publique ce qu’elle leur a donné… » 

Pour beaucoup de patrons, l’Utica doit avant tout s’atteler à faire redémarrer des usines à l’arrêt, aider les patrons à investir dans des secteurs porteurs de croissance. Forte de son capital humain, sans ressources naturelles, la Tunisie ne peut sortir de la crise économique que par sa créativité et par le travail. De nombreux patrons estiment que l’Utica doit cesser de faire son mea culpa, faisant observer que la « politisation » de l’organisation n’a pas empêché les mouvements de grève de se multiplier. 

Un chef d’entreprise s’interroge : « Avant, pour être membre d’un bureau de l’Utica, nous devions investir au moins 1 million de dinars et présenter un plan d’action concret. La Centrale pesait de tout son poids dans les priorités des ministres et agissait en étroite collaboration avec le gouvernement. Aujourd’hui, nous avons tout concédé, en retour de quoi ? Nous devons sauvegarder tous les acquis.» 

Amel Belhdaj Ali, observatrice assidue de l’Utica depuis plus de dix ans, reconnaît que « tout est à reconstruire ». La Centrale a un calendrier annuel (réunions, assemblées générales, etc.) bien huilé. Mais elle reste inaccessible aux nouvelles forces vives du pays et un simple formulaire d’adhérent peut s’avérer très difficile à obtenir pour le commun des entrepreneurs. « Comment gérer l’Utica avec une administration publique quasi-léthargique, une situation socio-économique vulnérable et une Centrale syndicale qui se substitue aux défaillances de l’État ? », s’interroge-t-elle. 

Kamel Ben Yaghlane, membre du bureau exécutif de l’Utica, président de la chambre syndicale du secteur de la cosmétique, ne cache pas ses appréhensions : « Avec quels moyens voulez-vous que le pays réponde aux revendications des populations qui ont fait la révolution ? Ils demandent de la dignité, de la justice sociale, de la liberté mais leur première exigence, c’est le travail. Qui va faire travailler ces centaines de milliers de jeunes ? Comment absorber le chômage de ce pays, car la voilà la prochaine bombe qui menace de bientôt exploser ! » 

Écrit par
African Business french

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