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Les convictions de Laid Benamor

  • Publiéavril 9, 2015

Laid Benamor vient de prendre la direction de la Chambre de commerce et d’industrie d’Algérie, où il compte développer l’initiative privée. L’occasion de revenir sur le parcours d’un industriel exemplaire.

La publicité passe en boucle sur la télé algérienne. La vedette est soit une pâte alimentaire, soit du couscous. La présentation du produit est mise en scène dans un cadre coloré et authentique. Une jeune femme vêtue d’un habit traditionnel s’affaire dans une cuisine moderne avant de présenter son mets fumant et délicieux aux invités rassemblés dans un décor festif. Les mêmes symboles iconographiques sont visibles sur la photo de couverture de la page d’accueil Facebook du fabricant, Groupe Benamor.

Son PDG, Mohamed Laid Benamor, pose avec ses collaborateurs et des hôtesses parées de costumes de cérémonie. Sur le cliché, tout le monde paraît jeune, y compris le patron, procurant une vague de fraîcheur et de modernité à un label jusque-là associé à la commercialisation des produits du terroir. Le couscous, mais pas seulement. Tout a commencé, voici 30 ans, par une petite unité de transformation de tomates, implantée dans une toute aussi petite ville de l’est algérien, Guelma ; le père de Mohamed Laid Benamor était encore aux commandes. En dépit d’un climat économique défavorable, l’entrepreneur persévère. Entre 1984, année de la création de l’usine et 2011, la production de tomate concentrée est multipliée par 20 et devient la première d’Algérie.

Dans le même temps, d’autres projets d’investissements sont lancés. En tête figure la céréaliculture, à travers l’acquisition de moulins pour la transformation du blé dur et la fabrication de semoules, de couscous et de pâtes alimentaires. Fort d’une capacité de production de plus de 140 tonnes par an, l’entrepreneur veut désormais conquérir le marché européen. Un paradoxe pour l’Algérie, grand importateur de céréales. Certes, du couscous Benamor est distribué dans les pays de la rive nord de la Méditerranée. En quantités insuffisantes, selon son patron. « Exporter, c’est préparer l’avenir. Nous pourrions faire encore mieux », fait-il remarquer. Et quoi de plus audacieux que de vendre des spaghettis en Italie ? Le céréalier algérien l’a fait ! 

Devenu le personnage central de la saga Benamor, il voit encore plus grand que son père. Mohamed Laid Benamor a des projets plein la tête et… du pain sur la planche. Bien vite, il annonce la production de baguettes industrielles, soit 460 000 par jour, grâce à la création de points de vente propres et un système de franchise avec les boulangers. L’affaire est juteuse, car en Algérie, la consommation de pain bat des records. Benamor monte son projet à la suite de l’acquisition de 60 % du capital d’une minoterie publique à l’arrêt, Eriad Corso, près d’Alger. Les premières miches sortent des fours début 2014. Grâce à son pain, le jeune patron gagne aussi en notoriété, car il a, non seulement, redonné vie à une usine moribonde (dévastée par le séisme de 2003), mais il crée des emplois. Le groupe Benamor compte 2 000 salariés et affiche un chiffre d’affaires de plus de 200 millions d’euros par an. 

« Je suis un entrepreneur heureux, et comment ne le serais-je pas avec un chiffre d’affaires qui progresse de 20 % à 30 % par an ? » Homme d’affaires reconnu, Mohamed Laid Benamor se présente également comme un entrepreneur citoyen qui participe au développement de l’agriculture locale : « Quand il a créé son entreprise, mon père avait la conviction que l’Algérie pouvait aller très loin. Il passait beaucoup de temps avec les paysans. Notre groupe a fait des agriculteurs de véritables entrepreneurs. Le paysan d’aujourd’hui ne réclame plus d’argent, il veut apprendre des techniques, il demande un savoir. » 

Pragmatique, l’industriel estime nécessaire de relancer l’activité agricole à la fois pour arriver à un stade d’autosuffisance et diminuer la dépendance aux hydrocarbures. « Même si le prix du pétrole atteint des sommets, on doit trouver des alternatives à long terme. Les ressources pétrolières sont appelées à disparaître. Nous avons l’agriculture qu’il faut développer en Algérie », martèle l’entrepreneur, prêt à créer des zones industrielles, y compris dans le Sahara. 

Écrit par
African Business french

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