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Les banques et la monétique

  • Publiéoctobre 16, 2015

La Société Générale, qui a lancé l’activité de monétique au Tchad voici une dizaine d’années, est rejointe par ses principaux concurrents. Le mobile banking représente un atout pour améliorer le taux de banalisationLes banques et la monétique.

Société Générale Tchad a été la première banque à introduire, au cours de l’année 2013, les tout premiers terminaux de paiement électroniques, et à mettre en service des distributeurs automatiques de billets dès 2004. «Lorsque la Société Générale a lancé la monétique, il y a une décennie, c’était comme un luxe ; aujourd’hui la technique est courante », se souvient Mawata Wakag-Gomon, secrétaire général de l’Association professionnelle des établissements de crédit du Tchad (APEC Tchad). D’autres banques ont emboîté le pas de la filiale du groupe français : Ecobank, la Commercial Bank Tchad (CBT), United Bank of Africa (UBA) et Orabank, depuis le printemps 2015. Sur les huit banques qui opèrent au Tchad, seules la Banque agricole et commerciale (BAC), la Banque sahélienne pour l’investissement et le commerce (BSIC) et la Banque commerciale du Chari (BCC) ne sont pas encore monétisées. La BCC a un projet « suffisamment avancé », selon Mawata Wakag-Gomon. Le parc monétique tchadien est fort de 69 DAB et GAB et 57 TPE, révèlent les dernières statistiques fournies par l’APEC au 30 juin 2015. Un an plus tôt, on dénombrait 50 DAB et GAB et 39 TPE. La SG Tchad dispose aujourd’hui d’une vingtaine de TPE actifs et de 30 GAB fonctionnels sur toute l’étendue de son réseau, le plus vaste du pays avec 17 agences opérationnelles (une 18e est en chantier). La pionnière et leader du marché monétique est l’une des rares banques de la place à accepter, pour le moment, des cartes internationales : Visa, Master-Card, CUP, AMEX, PULSE, UPI ou AFFN.

Au total, 29 % de la clientèle des banques

Au Tchad, 76 417 clients des banques sont aujourd’hui porteurs de cartes, tant privatives qu’internationales. Ils représentent près de 29 % de la clientèle globale. Au 30 juin 2015, ils avaient eff ectué plus de 262 000 transactions ; ce qui est largement supérieur aux 59 000 accomplies sur les eff ets (chèques par exemple). Plus de dix ans après son lancement, le marché de la monétique se développe assez bien, à en juger par les propos des professionnels. « Il devient de plus en plus concurrentiel avec l’arrivée d’un challenger et d’autres banques qui mûrissent des projets en leur sein ou dans le cadre du Groupement interbancaire monétique d’Afrique centrale (GIMAC) », indique Mbogo Ngabo Séli, directeur général adjoint de la SG Tchad. Dans ces conditions, sa banque n’entend pas dormir sur ses lauriers. « La SG Tchad envisage de mettre bientôt sur le marché un produit monétique off rant plus de fonctionnalités à nos clients sur nos TPE. Elle réfléchit, par ailleurs, sur un autre produit de monétique commerçante à destination des grossistes». Sur le plan régional, un vaste chantier de monétisation est en cours. « Les premières opérations du Gimac doivent commencer d’ici à la fi n de l’année. L’objectif visé est de démarrer avec une dizaine de banques sur la cinquantaine que compte la sous-région », explique le secrétaire général de l’APEC. Le projet communautaire se déploie normalement sur le plan des infrastructures et de la formation ; une réunion du comité directeur prévue était mi-septembre pour adopter les textes opérationnels, les tarifs, etc. L’ensemble des huit banques tchadiennes ont adhéré au Gimac, qu’elles soient déjà ou non encore monétisées. Celles qui sont monétisées auront une interconnexion avec le Gimac ; celles qui ne le sont pas seront hébergées directement par le réseau communautaire. Le projet Gimac offrira une carte bancaire unique pour l’ensemble du marché de la zone Cemac. « L’avantage de la carte Gimac est évident, son porteur pourra l’utiliser dans toutes les banques des six pays de la Cemac qui auront adhéré au groupement. Elle facilitera les transactions dans la sous-région », affirme Mawata Wakag-Gomon.

Services de base

Seul bémol, la carte Gimac sera, dans un premier temps, uniquement privative. Comme celles qui sont actuellement mises en service par les banques au Tchad. « La monétique, chez nous, permet surtout le retrait des billets, relève Mawata Wakag-Gomon. Les autres services, notamment le règlement des factures, ne sont pas encore assez développés. Mais elle permet déjà de désengorger les guichets devant lesquels de longues files se forment les fins de mois. » Les opérateurs de téléphonie se sont, eux aussi, lancés dans la monétique et proposent d’autres solutions innovantes. Le 17 octobre 2013, Airtel et Ecobank s’alliaient pour mettre sur le marché une plateforme de services bancaires via le téléphone portable. Quelques mois après, leurs concurrents Tigo et Orabank proposaient à leurs clients Tigo Cash. « Le produit a été positivement accueilli et fortement apprécié par nos clients, en particulier, les jeunes, les commerçants et les populations non bancarisés », se réjouit Alassane Sorgo, directeur général adjoint de Ecobank Tchad. Il permet au client d’accéder à ses comptes bancaires via une plateforme mobile, de consulter le solde, d’impri-mer le mini-relevé bancaire portant sur les cinq dernières transactions du compte, de transférer l’argent sur d’autres comptes bancaires ou vers le portefeuille électronique et inversement. En plus des services génériques du mobile banking, le partenariat entre les opérateurs de téléphonie et les banques offre aux clients, via leurs téléphones, les possibilités de payer leurs factures ou d’acheter auprès de commerçants, de recharger des unités sur le numéro de téléphone cellulaire, d’envoyer de l’argent virtuel à un autre abonné, de retirer de l’argent en espèces chez un distributeur agréé. « Avec plus de 80 000 comptes actifs,  12 000 agents enregistrés, le volume de monnaie électronique en circulation avoisine le milliard de F.CFA. Au titre de l’année 2014, la valeur des transactions se situait à 5,2 millions $ », précise Alassane Sorgo.

Issue à la bancarisation

Le mobile banking est une issue à la faible bancarisation au Tchad. « C’est à n’en point douter un outil d’inclusion financière, ajoute le représentant de Ecobank. Ce produit contribuera à réduire le fossé de la bancarisation au Tchad où moins de 10 % de la population dispose d’un compte .» Le milieu bancaire tchadien, en général, voit d’un bon oeil cette « immixtion» des opérateurs de téléphonie mobile dans la monétique. Ces derniers ne peuvent pas être une menace pour les banques, estime par exemple Mbogo Ngabo Séli, tant que leurs activités financières sont réglementées et agréées par l’autorité monétaire (le ministère des Finances et du budget), et qu’ils sont associés à un établissement de crédit disposant de son agrément en bonne et due forme. À l’APEC, on salue « tout ce qui contribue à drainer la monnaie vers le circuit formel ». Cependant, la monétique au Tchad reste freinée par deux entraves principales : une connexion Internet chère et de qualité fortement critiquée, d’une part, et une grande fiduciarisation de la monnaie, d’autre part. « L’usage de la monétique ne pourra véritablement se développer que lorsque le pays disposera d’une meilleure connectivité au réseau Internet, soutient Alassane Sorgo. Nous saluons les efforts qui sont aujourd’hui déployés par les opérateurs de téléphonie mobile, et espérons que la fibre optique également puisse être rapidement mise en service. » Mawata Wakag-Gomon, de son côté, déplore la préférence pour la liquidité qu’ont encore les Tchadiens, et qui aboutit à la thésaurisation. « Le véritable essor de la monétique doit partir par la base, il faut que les gens trouvent normal de se tourner vers les banques en tant que déposants, mais aussi en tant que clients, de sorte à ce que la monnaie permette de financer l’économie, à travers les ressources locales », considère le secrétaire général de l’APEC. Le défi des banques tchadiennes, pour la prochaine décennie, est de travailler à augmenter le taux de bancarisation du pays et d’inculquer dans l’esprit des clients (consommateurs et commerçants) l’intérêt d’une utilisation des services et produits monétiques.

Écrit par
African Banker

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