Le Niger peut revenir à une croissance de 9%

Le Fonds monétaire international salue les avancées du Niger pour ouvrir son économie au secteur privé. Le pays poursuit son programme de développement, sans se mettre en danger au plan financier. Il évitera la récession en 2020, avant un net rebond.
Par Marie-Anne Lubin
Une équipe des services du FMI a conduit une mission – virtuelle – au Niger, dans le cadre de sa FEC (Facilité élargie de crédit). Le Niger fait partie des 28 pays à qui l’institution vient d’apporter un appui spécial, afin de surmonter les effets économiques de la crise sanitaire. Pour autant, le FMI se montre plutôt serein, anticipant une reprise assez vigoureuse de la croissance et n’anticipant pas de difficulté majeure au plan de la dette.
Le FMI a attribué une nouvelle tranche d’aides à 22 pays africains, afin de les aider à passer le cap de la pandémie à coronavirus. Outre le Niger, sont concernés notamment le Bénin, le Burkina Faso, la Centrafrique, le Tchad, la RD Congo, Djibouti, la Guinée, le Togo, et le Rwanda.
Les autorités nigériennes et la mission du FMI se sont accordées sur un cadre de politique économique, sous réserve de son approbation, d’ici quelques jours, par la direction et le conseil d’administration du FMI.
Le FMI constate que le gouvernement du Niger reste « résolu » à mettre en œuvre les réformes contenues dans son Programme de développement économique et social 2017-2021. Toutefois, l’exécution du programme est contrastée.
Parmi les réalisations à saluer figurent l’apurement du restant des arriérés de paiement intérieurs et la politique prudente en matière d’endettement extérieur. Cependant, les dépassements de dépenses en 2019 et les difficultés persistantes à accroître les recettes intérieures témoignent des défis qu’il reste à relever.
La riposte économique à la pandémie de Covid-19, qui comprenait une aide alimentaire et un appui au crédit pour le secteur privé, permettra de maintenir une croissance supérieure à 1 % en 2020. Le Niger devrait donc éviter la récession, « bien que les mesures décisives prises au départ pour endiguer la pandémie aient pénalisé l’activité économique ».
En 2021, la croissance devrait rebondir à 6,9 %. Avec le début prévu des exportations de pétrole en 2022 et le maintien de la vigueur de l’investissement, à moyen terme, la croissance devrait être de 9 % l’an en moyenne, pronostique le FMI. De son côté, l’inflation devrait reculer à 2 % en 2021, après le niveau de 2,8 % prévu cette année.
Sans surprise, la crise sanitaire perturbe le renforcement prévu des finances publiques. Le déficit passant de 3,6 % du PIB en 2019 à 5,8 % du PIB. Le Niger doit financer les dépenses liées à la pandémie, faire face aux pertes de revenus et satisfaire les dépenses essentielles en matière de sécurité et de développement.
Des investissements étrangers aux résultats visibles
Le FMI valide le pronostic d’un déficit public de 4,4 % en 2021, basé sur des hypothèses « prudentes ». Ce déficit constitue « un équilibre raisonnable entre une reprise économique et un premier pas vers la normalisation des dépenses. » Toutefois, « il sera crucial d’éviter que ces déficits accrus ne deviennent chroniques afin de préserver la solidité des finances publiques du Niger », prévient l’institution.