L’assurance un poids croissant
L’activité transfrontière au sein de la région se consolide, avec le rachat de sociétés d’assurances régionales par des groupes basés en Afrique.
La croissance économique des pays africains attise les convoitises des groupes d’assurance occidentaux. Les perspectives de poursuite de cette croissance et d’amélioration en matière de gouvernance génèrent la frénésie du secteur.
Les marchés africains de l’assurance sont encore de dimension très réduite, mais ils connaissent depuis la dernière décennie une croissance deux fois plus rapide que celle rencontrée dans les pays industrialisés. Le marché mondial des cotisations en assurance (vie et non-vie) a atteint 4 641 milliards $ en 2013 (Swiss Re Sigma), dont seulement 1,6 % pour l’Afrique ; la plus grande part est représentée par l’Europe avec 35,2 %, précédant l’Amérique, 33,8 %, et l’Asie, 27,6 %.
Selon la Banque mondiale, seulement 3 % des Africains ont une assurance santé, et 6 % une assurance agricole. Des chiffres très faibles, bien sûr, quand on considère la part importante du secteur agricole dans l’économie africaine et la sensibilité de ses revenus aux aléas climatiques et aux cours des matières premières. Globalement, le secteur apparaît anormalement petit par rapport à son potentiel, où les cotisations représentent 3,5 % du PIB, quand elles varient entre 5 % et 6,8 % du PIB dans la plupart des autres régions du monde.
Néanmoins, la part relative de l’assurance africaine dans le monde augmente légèrement : 1,6 % en 2013, contre 1,4 % en 2009. Sur cette période, le volume des cotisations émises en vie et non-vie a connu une hausse de 26 % (pour atteindre 7,2 milliards $), une croissance deux fois plus rapide que pour le marché mondial (pour un total 4 641 milliards $ en 2013). Le secteur apparaît cependant très volatil, puisque les cotisations ont, par exemple, diminué de 6,6 % en 2010 avant d’augmenter de 10,1 % par an entre 2011 et 2013 ; il affiche un bilan globalement positif sur la période (+3,8 %), bonne performance partagée avec l’Asie (4,2 %) alors que les régions Europe ou Amérique ont connu des performances négatives sur la période (respectivement -2,9 % et -0,7 %).
Beaucoup d’assurés potentiels ne sont pas convaincus de la bonne foi des assureurs dans leur promesse de payer les sinistres en échange des cotisations qu’ils exigent.
Des marchés comme ceux du Maroc, de l’Égypte, du Kenya, du Nigeria, sont déjà d’une taille importante. Au Maroc, le tissu des entreprises locales du secteur formel, qui s’est déjà fortement étendu, et l’émergence d’une classe moyenne soucieuse de préserver son patrimoine et ses revenus, ont contribué à porter la pénétration de l’assurance à 2,87 % du PIB. Pour des raisons analogues, la pénétration de l’assurance est de 4,36 % à l’île Maurice.
Dans la zone CIMA, complétée du Burundi, de Madagascar et du Rwanda, 1 536 millions $ de cotisations ont été collectées en 2013, soit +11,4 % par rapport à 2012. Dans cet échantillon, l’activité principale reste en Côte d’Ivoire, qui représente 25 % du marché, suivi du Cameroun (16 %), du Gabon (12 %), du Sénégal (10 %), du Congo Brazzaville (7 %), du Burkina-Faso (5 %), du Bénin (4 %) et du Togo (4 %). Ces huit pays représentent ainsi 83 % du marché francophone, les autres pays (Burundi, Centrafrique, Guinée Conakry, Madagascar, Mali, Niger, Rwanda, Tchad) totalisant 17 %. L’assurance non-vie représente 73 % du marché total des cotisations en 2013, le ratio est resté plutôt stable depuis 2000. Bien que la part non-vie soit majoritaire dans tous les pays étudiés, de grandes disparités existent selon les pays (de 56 % en Côte d’Ivoire à 98 % en Centrafrique). Le secteur non-vie consiste essentiellement en assurance automobile (34 % de l’ensemble des cotisations) ; viennent ensuite l’assurance accidents et maladie (22 %), puis l’assurance incendie (16 %), transports (13 %) la responsabilité civile (4 %), les acceptations (2 %) et autres risques (9 %).