La France annule la dette monétaire du Mali
Le gouvernement français a décidé d’annuler la dette monétaire du Mali, d’un montant de près de 65 millions d’euros. Un soutien de poids dans les efforts de reconstruction du pays.
Les ministres des Finances et les gouverneurs de la zone franc étaient réunis début avril à Bamako. Cette réunion a permis d’aborder des sujets d’actualité comme le réchauffement climatique ou encore la lutte contre le financement du terrorisme. Mais l’annonce la plus marquante s’est faite en marge de ces deux journées de travail : l’annulation par la France de la dette monétaire du Mali, d’un montant de 64,8 millions d’euros. Soit environ un tiers de la dette bilatérale totale du Mali envers la France, qui s’élevait, avant cette annulation, à 194 millions d’euros, selon les calculs du Trésor français.
L’effort est donc conséquent pour la France, ce que n’a pas oublié de souligner Michel Sapin, le ministre français des Finances : « C’est un effort réel, insiste-t-il. Ici c’est un soutien, mais en France c’est une dépense. Dans un contexte budgétaire que chacun connaît… En France, je suis chargé de serrer les cordons de la bourse, c’est ma responsabilité. Mais il nous est apparu nécessaire, indispensable dans le contexte actuel, d’apporter un soutien supplémentaire au Mali avec cette annulation conséquente. »
Un soutien « supplémentaire » qui s’ajoute à la présence militaire française au Mali depuis janvier 2013, avec les forces Serval puis Barkhane. Qui s’ajoute également à la médiation internationale qui encadre le processus de paix engagé entre Bamako et les groupes rebelles du Nord, à Alger, et dont la France est partie prenante. « Le principal soutien de la France au Mali, rappelle Michel Sapin, est un soutien qui permet au pays de lutter contre les agressions et contre le terrorisme, de conserver et d’affirmer son intégrité territoriale dans le dialogue avec toutes les parties concernées. Mais on ne peut pas soutenir un pays uniquement sur le front sécuritaire. On doit aussi l’aider à faire face à ses impératifs de développement économique et social. » De fait, « la quasi-totalité » de la dette bilatérale du Mali envers la France concerne des projets de développement engagés ces dernières années.
Si elle est encouragée, l’économie pourra aussi contribuer à la consolidation de la paix dans notre pays, en ces moments difficiles. C’est à cela que servira cet appui significatif de la France.
La dette monétaire que la France vient donc de décider d’effacer date de 1984, lorsque le Mali avait intégré l’Uemoa. À l’époque, cette dette s’élevait à 229 millions d’euros. En 30 ans, son montant avait fortement diminué, mais demeuraient d’imposants reliquats de cette « vieille dette qui ne cessait de traîner et qui compliquait nos relations. » Le commentaire est de Michel Sapin lui-même.
Lequel ajoute que cette dette était « complexe à gérer en raison de mécanismes extrêmement compliqués. Elle aurait dû être remboursée jusqu’en 2019. » Après cette annulation, la dette bilatérale du Mali envers la France s’élève encore à près de 130 millions d’euros.
Sans surprise, le ministre malien de l’Économie, Mamadou Igor Diarra, se dit « comblé » par cette « bonne nouvelle » : « Nous avons apprécié ce geste de générosité, et nous l’avons aussi interprété comme un encouragement pendant une période où notre pays se reconstruit, où tout est prioritaire, et où nous avons de nombreux défis à relever. » Des défis de développement qui nécessitent des financements. Ils sont déjà nombreux, surtout depuis la conférence de Bruxelles durant laquelle, en mai 2013, les pays bailleurs du Mali ont promis plus de 3 milliards d’euros d’aides. Pour se développer, le Mali accepte volontiers des aides dont il ne peut se passer, mais n’a évidemment pas pour vocation de rester ad vitam aeternam sous perfusion internationale : « Notre économie est dynamique, insiste Mamadou Igor Diarra, avec une croissance de l’ordre de 7,2 %. Si elle est encouragée, l’économie pourra aussi contribuer à la consolidation de la paix dans notre pays, en ces moments difficiles. C’est à cela que servira cet appui significatif de la France. » Et de citer pêle-mêle les nombreux champs d’action qui parsèment le chemin malien vers le développement : « Nous pourrions construire plus d’écoles, plus d’hôpitaux et financer nos services de base. »