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L’ Angola renaît de ses cendres  

  • Publiémars 16, 2015

Peu de pays d’Afrique ont subi autant de conflits et de traumatismes que l’Angola. Les Angolais disent qu’à travers ces épreuves, ils se sont forgé un tempérament d’acier et qu’ils sont devenus plus forts et plus déterminés.

Le passé est toujours très vivace dans leur l’esprit et le boom actuel de la construction ne peut se comprendre qu’à la lumière de l’histoire du pays. Les gratte-ciel émergent si rapidement autour de la splendide baie de Luanda, la capitale de l’Angola, que les photographes se plaignent que leurs photos de la ville ne soient déjà plus d’actualité quand ils les remettent à leurs clients.

Pourtant, au milieu des échafaudages devant la multitude de nouveaux immeubles en construction et des innombrables tours d’acier, de béton et de verre étincelantes, se trouvent encore quelques bâtiments anciens, mais gracieux, qui appartiennent à une époque révolue.

Le bâtiment de la Banque nationale, par exemple, vieux de 150 ans, date de l’époque où les colons portugais ont importé en Angola quelques-uns de leurs concepts architecturaux les plus raffinés. Le nouvel édifice du Parlement, une superbe structure surmontée d’un majestueux dôme rose, rend hommage au riche passé du pays.

Bien que L’angola ’ nula bâtisse un nouveau pays sur les ruines d’une guerre qui l’a ravagé, bien que les bâtiments ultramodernes chassent l’ancien, l’histoire a partout laissé son empreinte.

Outre les musées aux riches collections, tels que le Musée de l’esclavage, qui dépeint dans toute son horreur ce commerce inhumain et qui rappelle les souffrances qu’a endurées le peuple angolais, ainsi que la détermination et le courage dont il a fait preuve, le Mémorial d’Agos­tinho Neto est incontournable. Telle une fusée de marbre, cette tour élancée domine une vaste place et des jardins, au coeur de Luanda.

Inauguré le 17 septembre 2012, jour d’anniversaire de Neto (né en 1922), le mémorial abrite une multitude de photos, de documents et d’objets liés à sa vie et aux conflits meurtriers qu’a connus le pays sous sa présidence. D’immenses tableaux aux abondants détails recréent quelques batailles décisives ayant impliqué les forces angolaises.

Surplombant une colline qui domine la baie de Luanda, le Fort São Miguel fut érigé en 1576 par l’explorateur portugais Paulo Dias de Novais qui fonda également la ville de São Paulo da Assunção de Loanda, aujourd’hui Luanda.

La forteresse fut jadis une ville fortifiée protégée par des canons, ainsi que le point de départ des centaines de milliers d’Angolais capturés pour être envoyés comme esclaves dans les colonies portugaises de Sao Tomé, puis du Brésil. Cette ville devint la capitale administrative du pouvoir colonial portugais.

La forteresse, aujourd’hui restaurée, abrite le Musée des Forces armées. Un ensemble de fresques en relief dans l’allée qui conduit au musée retrace l’histoire tragique de la guerre d’Indépen­dance en Angola, la guerre civile, la fin de la guerre et, enfin, la paix. Toutes les personnalités historiques importantes, António Agostinho Neto – premier Président du pays – José Eduardo dos Santos – le Président actuel – Jonas Savimbi, le chef de l’Unita tué dans une fusillade, et d’autres acteurs sont représentés.

Dans la cour, se trouvent d’impo­santes statues de Portugais célèbres : Paulo Dias de Novais, Diogo Cão, connu pour être le premier Européen à avoir foulé le sol angolais, Vasco de Gama qui a franchi pour la première fois le cap des Tempêtes, rebaptisé cap de Bonne-Espérance et qui a découvert la route des Indes, et le poète Luis de Camões. 

Un vibrant hommage

Jadis, ces statues trônaient au milieu de places en ville. Aujourd’hui, elles semblent ne pas être à leur place, comme si elles provenaient d’un navire naufragé. À l’entrée du musée, on découvre une belle statue de la grande reine d’Angola au XVIIe siècle, la reine Nzinga, habile tacticienne qui fit alliance avec les Néerlandais pour combattre les Portugais et conduisit deux fois l’armée portugaise à la défaite, en 1644 et 1647.

Elle dirigea en personne la résistance face aux Portugais. Dotée d’un sens aigu de la diplomatie, elle sut conclure des alliances lorsqu’elles semblèrent préférables à la confrontation. Elle est célèbre pour avoir refusé d’accepter le statut de subordonné lors des négociations avec les Portugais et avoir exigé d’être traitée en égale. Son indépen­dance d’esprit imprègne encore à ce jour le peuple angolais et l’on dit que des femmes se marient sous sa statue, symbole de leur liberté et de leur indépendance. La cour abrite également des armes diverses utilisées pendant les guerres — des avions russes, des tanks, des véhicules blindés des forces de défense sud-africaines du temps de l’apartheid, des mitraillettes. À l’intérieur du bâtiment, les murs sont ornés de carreaux de faïence portugais, les azulejos, qui retracent avec moult détails l’histoire de la conquête portugaise de l’Angola. Même si les questions soulevées par les objets exposés peuvent sembler étranges à des enfants nés après la guerre, il est fascinant de voir l’intérêt qu’ils portent à leur histoire.

Les adultes partagent également cet intérêt pour l’histoire de leur pays, broyé par la plus atroce guerre par procuration de l’époque moderne. En parcourant les rues des quartiers modernes de Luanda, on oublie facilement, pourtant, que la guerre civile, qui a duré près de 30 ans, s’est achevée seulement en 2002.

Depuis, le pays a réalisé des prouesses dont beaucoup ont fait l’éloge : un taux de croissance de l’ordre de 11,1 % entre 2000 et 2010 (le PIB a augmenté en moyenne de 20 % entre 2005 et 2007), le déclin le plus rapide du taux de pauvreté, l’un des plus vastes programmes de logements sociaux d’Afrique et des investissements colossaux dans les infrastructures.

En racontant son histoire, l’Angola dresse un tableau de son évolution douloureuse, mais aussi glorieuse à travers les siècles. Le pays écrit encore son histoire, mais aujourd’hui, les outils qu’il utilise sont le ciment, la pierre, l’acier, le verre et la volonté inébranlable de bâtir les plus belles

Écrit par
African Business french

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