Jean-Louis Billon : L’Afrique n’a pas le choix !

Vice-président pour l’Afrique de l’Ouest d’AfroChampions, Jean-Louis Billon revient sur la nécessité pour l’Afrique de penser les échanges internationaux d’une autre manière. Il détaille les structures d’encadrement envisagées.
Par Guillaume Weill-Raynal
Pourquoi vous engager à la vice-présidence d’AfroChampions ?
Soutenue par les présidents Thabo Mbeki, Obasanjo, et par Aliko Dangote, cette initiative m’a paru un formidable défi à relever, aux côtés des Commissaires en charge du secteur privé de l’Union africaine, pour dynamiser la zone de libre-échange. C’est un trop grand défi, que le seul secteur public ne peut affronter.
Trop d’Africains s’expatrient pour chercher ailleurs les réponses à leurs préoccupations. Nous devons apporter des réponses aux préoccupations de la jeunesse et des Africains en général. Cela passe forcément par un bond économique.
Le secteur privé doit s’y impliquer au premier chef, dans la mesure où ce sont les entreprises qui échangent entre elles. Dans la réalité, les produits et les services sont échangés par les entreprises. C’était pour nous une évidence : montrer l’exemple et accompagner l’UA, pour que le processus se poursuive plus rapidement. Je dirais même que cela s’imposait à nous.
Comment allez-vous structurer cette organisation ?
Nous avons déjà un comité exécutif, à Accra, qui travaille à plein temps pour parcourir l’Afrique et sensibiliser les acteurs sur ce sujet, et se faire connaître, aux côtés de l’UA, par un travail de pédagogie et d’information auprès du secteur privé africain en général.
De plus, nous nous sommes structurés en désignant un vice-président pour toutes les zones du continent africain. La charte nous donne une feuille de route sur des thèmes comme le développement du secteur privé, le développement des PME, les emplois destinés à la jeunesse africaine, pour favoriser le capitalisme local dans chaque pays afin que ce grand marché africain profite d’abord aux entreprises africaines et aux Africains avant d’être une terre de conquête pour les autres. Cela suppose d’abord que le secteur privé africain se renforce et soit prêt à la compétition.
Vous êtes chef d’entreprise, vous connaissez la réalité et la rationalité des affaires : on a le sentiment que l’Afrique fonctionne sans colonne vertébrale, notamment en ce qui concerne l’industrialisation. Comment l’Afrique va-t-elle structurer cette zone de libre-échange ?
Je dirais d’abord que nous n’avons pas le choix ! Si nous ne réagissons pas, le monde entier viendra sur le continent africain en le considérant comme une zone d’opportunités, et même de… prédation. Nous sommes donc contraints de nous structurer. L’UA l’a bien senti et a décidé de se préparer à une nouvelle ère économique. L’Afrique a peu de temps pour préparer ses entreprises à cette nouvelle phase. Tout un nouvel arsenal juridique, législatif, réglementaire est en train de se constituer, pour accompagner les entreprises et les aider à développer les échanges commerciaux entre elles.