Ibrahim Hissein Bourma

Le personnage détonne dans le milieu des affaires tchadien. Visage juvénile, élégant, calme, Ibrahim Hissein Bourma, « IBY » pour les intimes, parle doucement mais distinctement.
Le jeune entrepreneur d’à peine 25 ans trace son chemin au Tchad. Pourtant, le climat des affaires est morose. En queue du classement de la Banque mondiale, Doing Business, le pays n’est pas très ouvert à l’entrepreneuriat. La grande majorité des entreprises sont encore publiques et les quelques sociétés privées qui se démarquent oeuvrent principalement dans le secteur des services, des télécoms, des nouvelles technologies et dans le BTP.
Certes, l’horizon s’éclaircit : les retombées économiques de l’exploitation des champs pétrolifères de Doba et Bonghor se font attendre, mais à la faveur du rachat public de la part de l’américain Chevron dans le consortium qui exploite le champ de Doba, les perspectives de croissance s’améliorent. Le Tchad devient exploitant de son propre pétrole. Les agences internationales tablent déjà sur un taux de croissance en 2015 à deux chiffres, autour de 12 %.
Ibrahim Hissein Bourma croit fortement dans le potentiel économique de son pays. Et pour cause, tout ce qu’il a entrepris jusque-là a été couronné de succès. Il est, aujourd’hui, à la tête de la holding Oum Alkheir dont le chiffre d’affaires cumulé avoisine les 30 millions $. À elle seule, la branche BTP Imperial Construction assure plus de 80 % des bénéfices. L’homme d’affaires dirige entre 500 et 600 salariés, dont plus de 40 % sont des expatriés.
Spécialisée dans la préparation du terrain, la réparation et entretien des routes et le forage d’eau, son groupe exerce beaucoup en sous-traitant de sociétés internationales, en particulier des entreprises françaises et égyptiennes, qui souvent obtiennent les plus gros chantiers. Le bâtiment est une histoire familiale, son père était à la tête de la première entreprise tchadienne de construction.
Ses frères et soeurs ont pris la relève d’Oum Alkheir, la soeur aînée, mettra le pied à l’étrier au jeune Ibrahim, qui ne s’est pas contenté de travailler pour l’entreprise familiale.
Des projets à foison
De retour de France, après un bac+2 en comptabilité et en finances, en 2009, il démarre avec Oum Alkheir construction, sa première entreprise de BTP, qu’il fera prospérer jusqu’à bâtir la holding actuelle. « Je fais fructifier mon héritage, j’ai eu beaucoup de chance, mais je ne veux pas m’arrêter-là », explique-t-il. « Je veux être partout où des opportunités se présentent ».
Et les opportunités, dans un pays où tout reste à faire, ne manquent pas. Bâtiment, textile, automobile, agroalimentaire, architecture d’intérieur… Ibrahim veut investir partout. Son ordinateur regorge d’études de projets et de plans de développement. « J’essaie de relancer l’industrie au Tchad, car tout reste à faire, dans le textile, dans l’agroalimentaire, le cuir… Je suis ouvert à toutes les nouvelles idées et aux personnes qui cherchent un investisseur. J’étudie toutes les propositions sérieuses et je fais faire des études de marchés pour chacun de mes projets. J’aime les risques mais seulement lorsqu’ils sont maîtrisés et calculés ».