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Gabon : Restructuration de l’agriculture

  • Publiéjuillet 17, 2018

L’État s’est engagé dans une vaste restructuration du secteur agricole, appuyé par les bailleurs de fonds, résolument décidé à respecter les objectifs de la Déclaration de Malabo. Un pari de taille pour le pays qui importe l’essentiel de ses denrées alimentaires.

Dossier réalisé par Marie-France Réveillard. En partenariat avec Économie+ Gabon. Photos : Cédric Aboghé, sauf mention contraire.  

L’agriculture ne contribue que faiblement à la croissance du Gabon. Son poids dans le PIB est passé de 15 % dans les années 1960 à moins de 5 %. 

Entraînant, situation paradoxale, une dépendance alimentaire accrue. En effet, le pays est doté de 5,2 millions d’hectares de terres arables et d’un climat favorable à l’agriculture avec une pluviométrie annuelle comprise entre 1 450 et 4 000 mm.

Les programmes engagés par l’État ont longtemps privilégié l’agro-industrie au détriment de l’agriculture paysanne, bien que la situation semble aujourd’hui évoluer.

Facteurs de production limités, faible compétitivité des productions, coût de la main-d’oeuvre élevé, système foncier peu favorable à un accès sécurisé à la terre, manque d’infrastructures et de financements, sont autant de défis que le Gabon cherche désormais à relever.

Afin d’améliorer le climat des affaires, de nombreuses réformes ont donc été engagées telles qu’un Guichet unique pour les investisseurs, un cadre dédié aux PPP, un tribunal arbitral national et d’un Code des hydrocarbures et des mines.

Alors que la balance commerciale agricole et agroalimentaire est déficitaire (les exportations concernent essentiellement les produits de la pêche), les importations ont atteint 370 milliards de F.CFA (560 millions d’euros) en 2015, soit 21 % des importations globales du pays et ce chiffre a augmenté significativement sur les deux dernières années… Le pays importe chaque année plus de 122 millions de tonnes de viandes animales.

« Nous continuons d’importer près de 1,5 milliard de dollars de denrées alimentaires chaque année », déplore Madeleine Berre, ministre de la Promotion des investissements. Le montant dédié aux importations participe significativement « à réduire nos réserves de change et accentue l’exportation d’emplois qui nous sont nécessaires localement ». Le Cameroun demeure le principal fournisseur de denrées alimentaires du pays.

Restructurer la filière

En réaction à cette situation, l’État a lancé en 2014 le programme GRAINE (Gabonaise des réalisations agricoles et des initiatives des nationaux engagés) et le Plan national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire et nutritionnelle (2015), qui représentent les programmes-clés de la stratégie gabonaise.

Le projet Graine est le résultat d’un partenariat public-privé entre l’État (51%) et la Société de transformation agricole et de développement durable (Sotrader) (49 %), filiale du groupe singapourien Olam. Il soutient la création de coopératives agricoles industrielles, permet la redistribution de terres aux agriculteurs et la mise en place de modalités de préfinancement facilitant l’accès aux équipements.

Alors que les débuts de ce programme ambitieux restent mitigés, la Sotrader, chargée de sa mise en oeuvre, s’apprête à lancer la phase consacrée au « planting » qui doit permettre l’amélioration des rendements agricoles. Mis en oeuvre dans neuf provinces, le programme Graine a permis la création de 1 200 emplois et ambitionne d’atteindre entre 15 000 et 20 000 emplois en cinq ans…

Parallèlement, le Projet de développement et d’investissement agricole au Gabon (Prodiag) doté d’un budget de 20 millions d’euros financé par l’État (20 %) et par l’AFD (Agence française de développement, 80 %) sous forme de prêt, et le Plan national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PNIASAN) 2014-2020, encadrant les relations avec les partenaires du développement pour l’agriculture, viennent compléter le dispositif de cette nouvelle politique agricole.

Le PNIASAN fixe les axes prioritaires de cette stratégie, tels que la facilitation de l’accès à la terre et au financement, l’amélioration du système de gestion des informations et des innovations, le développement de la production végétale et animale, l’amélioration de l’état nutritionnel, le développement de la pêche et de l’aquaculture, le renforcement du système de collecte et de commercialisation des produits agricoles (infrastructures, transformation, stockage et commercialisation).

Il permet également de développer les capacités institutionnelles et les ressources humaines du secteur. Le coût de ce programme est estimé à 400 milliards de F.CFA (610 millions d’euros).

Enfin, le plan « Gabon Bleu » vient compléter le programme agricole « Gabon Vert », inscrit dans le Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) pour redynamiser l’investissement consacré à l’environnement maritime.

Écrit par
African Business french

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