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Dossier Sénégal : Le défi de la productivité agricole

Dossier Sénégal : Le défi de la productivité agricole
  • Publiéseptembre 29, 2021

Les agriculteurs sénégalais, pour la plupart, pratiquent une agriculture de subsistance à faible rendement, principalement en raison d’un manque de connaissances et d’intrants. Malick Ndiaye, directeur général, explique comment La Banque Agricole tente de moderniser le secteur.

Par Tom Collins

Environ 30% de la population du Sénégal travaille dans l’agriculture, secteur qui ne représente pourtant que 15% du PIB. Le pays doit répondre au défi de la modernisation et de l’industrialisation de l’agriculture pour augmenter sa production.

La Banque Agricole du Sénégal a été créée en 1984 avec pour mandat de financer et de soutenir le secteur. La banque prête entre 280 et 310 millions d’euros chaque année aux petits agriculteurs, explique son directeur général, Malick Ndiaye.

C’est la plus grande banque sénégalaise du pays et parmi les dix premières banques sur un marché dominé par les banques françaises et marocaines. Le directeur général explique à African Business que le moyen de transformer l’économie sénégalaise est d’améliorer le secteur agricole.

La banque a un partenariat avec la Banque africaine de développement, qui permet au prêteur multilatéral de prendre 80% du risque sur certains prêts. En 2020, la banque a également été accréditée auprès du Fonds vert pour le climat.

« Il y a beaucoup d’agriculteurs au Sénégal et ils sont importants pour chaque zone écologique », justifie-t-il. « La banque s’engage à aider les agriculteurs à réaliser le mandat du gouvernement d’élever le Sénégal en transformant la production agricole pour les besoins du marché local mais aussi pour les besoins de l’exportation. »

Le mandat initial de la banque était de stimuler l’inclusion financière et les prêts aux agriculteurs et aux pêcheurs, mais elle s’est depuis élargie pour inclure les chaînes de valeur agricole et les services qui relient les industries d’approvisionnement et de transformation.

Cela comprend le financement de la production, de la commercialisation, de la fourniture d’intrants agricoles et d’équipements pour une gamme de cultures, notamment les arachides, les céréales, les bananes, l’horticulture et le coton.

En 2020-2021, la banque a engagé plus de 33 millions d’euros pour soutenir la production agricole et 13 millions d’euros pour soutenir la commercialisation des produits agricoles. Un autre objectif clé de la banque, qui travaille en étroite collaboration avec le gouvernement, est d’essayer d’étendre l’agro-industrialisation en dehors des principaux centres urbains.

De trop faibles rendements

« Nous avons un pays très centré sur Dakar, nous devons donc mettre des infrastructures en dehors de la capitale pour aider l’activité industrielle et la transformation », explique Malick Ndiaye. En effet, la construction d’infrastructures dans les zones rurales et frontalières a été un moteur clé sous le président Macky Sall, ce qui explique en partie sa plus grande popularité dans les zones rurales par rapport aux villes.

Le Sénégal a une industrie agricole commerciale bien établie, même si la majeure partie de l’activité économique est basée autour de Dakar. Certaines des plus grandes entreprises incluent le groupe Sedima, qui produit des poulets et du blé à une échelle commerciale pour le marché intérieur.

Un autre est NMA Sanders qui produit des produits comestibles comme le blé et les pâtes ainsi qu’une variété d’aliments pour animaux. Malick Ndiaye déplore que la plupart des agriculteurs sénégalais sont de petits exploitants qui pratiquent une agriculture de subsistance, où les rendements sont faibles en raison d’un manque de connaissances et d’intrants agricoles comme les engrais. « On travaille la terre pour survivre, on ne vend rien ; ce modèle est très ancien, mais il survit car il n’y a pas de transfert de connaissances. »

Toutefois, la productivité augmente. Une façon de surmonter l’agriculture de subsistance est de prêter aux petits exploitants afin qu’ils puissent acheter du matériel et construire des systèmes d’irrigation. Cependant, les agriculteurs, qui n’ont souvent aucune garantie ou historique de crédit, constituent une population risquée, pour un prêteur. Les prêts non productifs au secteur ont augmenté de 2 % à 3 % ces derniers mois en raison de la Covid-19. « Heureusement, nous travaillons avec une compagnie d’assurance agricole qui peut couvrir des risques allant jusqu’à 10 millions d’euros », explique Malick Ndiaye.

Un gros problème au Sénégal pour les petits agriculteurs et les grandes entreprises est le changement climatique et l’avancée du désert du Sahara. La majeure partie du pays au nord est relativement aride, tandis que des régions comme Ziguinchor au sud et certaines parties de Tambacounda à l’est sont plus tropicales et fertiles.

Les sécheresses ont touché plus de trois millions de personnes depuis 1980 et moins de 5 % des terres cultivées du pays sont irriguées. Une grave sécheresse de 2002 à 2003 a coûté environ 35 % de la production agricole nationale, pour une valeur de près de 45 millions d’euros. La production d’arachides, la principale culture du pays, a diminué de 70 % au cours de la période, mettant en péril la sécurité alimentaire.

Des fonds de soutien

« Ici, la question de la météo est réelle », confirme le directeur général qui précise : « Nous avons des années avec beaucoup de pluie, puis des années avec presque aucune. Le risque est quelque chose avec lequel nous vivons. » Pour tenter de réduire les destructions causées par le changement climatique, la banque a commencé à travailler avec le gouvernement en 1994 pour créer trois fonds qui ont aidé la banque à continuer à soutenir les agriculteurs pendant les urgences climatiques.

Le « fonds de catastrophe » a été créé pour fournir des secours en cas de catastrophe aux agriculteurs emprunteurs, principalement en renonçant aux prêts de la banque. Le « fonds de bonus » subventionne les taux débiteurs en indemnisant la banque de la différence entre le taux du marché et les 7,5% obligatoires facturés aux emprunteurs.

Et le « fonds de garantie » réduit le risque de prêt en indemnisant la banque jusqu’à 75 % de l’agriculture (50 % de l’élevage) en cas de défaut de paiement. En 2013, l’engagement a été renouvelé et 5 millions d’euros ont été budgétisés pour les trois fonds. La Banque Agricole travaille également avec plusieurs partenaires pour garantir des prêts, notamment African Risk Capacity, basée à Johannesburg, et la Compagnie Nationale d’Assurance Agricole du Sénégal, basée à Dakar.

La banque a un partenariat avec la Banque africaine de développement, qui permet au prêteur multilatéral de prendre 80% du risque sur certains prêts. En 2020, la banque a également été accréditée auprès du Fonds vert pour le climat, une initiative mondiale en faveur de l’environnement.

L'agriculture doit nourrir le monde

Selon Malick Ndiaye, les prochaines grandes étapes pour la banque consistent à utiliser des moyens numériques pour stimuler l’inclusion financière et cibler les travailleurs ruraux difficiles à atteindre. « Nous approchons de la fin de notre plan stratégique 2018-2022 et pour les prochaines étapes, nous nous pencherons sur la question de la transformation numérique. » Si La Banque Agricole n’est actuellement opérationnelle qu’au Sénégal, le plan à moyen terme est également de s’étendre à la Guinée et à la Gambie voisines.

@TC

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Par Tom Collins

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