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Dossier : Le made in Sénégal qui s’exporte

  • Publiéjuin 20, 2017

Makhtar Thiam

Secrétaire général de l’Upames : Pour une pêche artisanale et moderne

Maktar Thiam, le secrétaire général de l’Union patronale des mareyeurs exportateurs du Sénégal, est un homme discret mais qui, depuis 40 ans, se bat pour moderniser le secteur de la pêche.

Tout juste de retour du Salon Seafood Global Expo, qui s’est tenu à Bruxelles du 25 au 27 avril 2017, le secrétaire général de l’Upames est satisfait. « Cette année encore, le Sénégal s’est distingué », se réjouit Makhtar Thiam, même si la vedette lui a quelque peu été ravie par la Mauritanie.

Inauguré en grande pompe, le pavillon de ce pays voisin du Sénégal, également gros expor­tateur de produits de mer, a reçu la visite de plusieurs personnalités parmi lesquelles figu­rait le directeur de la Société mauritanienne de commercialisation de poissons (SMCP), la société d’État en charge du commerce des produits de mer à Nouakchott.

« Nous maîtri­sons mieux les circuits commerciaux car nous exportons notre poisson depuis plus longtemps, mais les Mauritaniens sont mieux organisés avec la SMCP qui prend tout en charge», reconnaît Makhtar Thiam, non sans une pointe d’envie.

Avec plus de 26 600 visiteurs venus de 144 pays, pas moins de 1 761 exposants en provenance de 77 pays ainsi que 68 pavillons des régions et pays, le salon Seafood Expo Global est le plus grand événement commer­cial au monde pour les produits de la mer.

Tous les produits halieutiques y sont présen­tés : poissons frais et congelés, fruits de mer, produits de la mer transformés.

Du fait de sa mission pour promouvoir les produits « Origine Sénégal » sur les marchés exté­rieurs, l’Agence sénégalaise de promotion des exportations (Asepex) accompagne régulièrement depuis 2013 les mareyeurs exportateurs sénégalais lors de ce salon annuel considéré comme incontournable par les professionnels.

Si la plupart des entre­prises s’y rendent par leurs propres moyens logistiques, en revanche, elles font la promo­tion de leurs poissons et des autres produits qu’elles commercialisent, ensemble, sous la bannière de l’Asepex.

Diversité des produits Made in Sénégal

Longtemps seul pays africain à être repré­senté, le Sénégal a participé au salon Seafood de Bruxelles pour la première fois en 1995 : « C’est là que se font les meilleures affaires pour la vente des produits de pêche », insiste Makhtar Thiam. Aujourd’hui, une dizaine de pays afri­cains parmi lesquels la Mauritanie, le Maroc, la Tunisie, l’Égypte et des pays africains de l’Est comme le Zimbabwe ou l’Afrique du Sud s’y bousculent.

En 2016, par exemple, les entreprises sénégalaises ont engrangé 16,5 milliards de F.CFA (25,15 millions d’euros) de commandes en quelques jours car, en plus des acheteurs, le Seafood Expo Global rassemble aussi des équipementiers.

«L’engouement pour les produits sénégalais ne s’est jamais démenti à cause de notre expertise, notamment dans l’acheminement et la livraison de nos produits, et de la diversité de notre offre. Je m’attends d’ailleurs à ce que nous fassions au moins aussi bien que l’an dernier », ajoute le secrétaire général de l’Upames.

Contrairement à la Mauritanie, la pêche a toujours été artisanale au Sénégal. « L’industrialisation se fait à terre mais les socié­tés qui conditionnent ou transforment le poisson sont approvisionnées par des pécheurs artisa­naux », explique-t-il.

Avec 600 000 personnes travaillant dans la pêche pour près de 14 000 pirogues immatriculées, ce secteur est fonda­mental pour l’économie sénégalaise, mais demande néanmoins à être modernisé. «Une centaine d’entreprises ont été agréées à l’expor­tation vers l’Union européenne ce qui représente des milliers d’emplois».

Et de citer parmi elles, des sociétés d’armement comme Sopasen de Saer Seck, ou Sénégal pêche d’Alioune Diané, qui ont le plus grand nombre de bateaux.

D’autres industries à terre comme IKagel de Christian Langlois, Blue Fish de Momar Bathily qui opère avec des partenaires italiens, ou Pirogues bleues de Mohamed Abou Ali sont, selon lui, « parmi les plus performantes pour le conditionnement et la transformation du poisson ».

Améliorer la compétitivité

La part de l’export et la diversification des destinations constituent également un atout. « Sur les 400 000 tonnes de produits de mer pêchés chaque année au Sénégal, 120 000 tonnes sont exportées avec quelques produits phares comme le poulpe. Pour un poisson noble comme le thiof, une partie est exportée et une partie vendue localement », décrit Makhtar Thiam.

Ainsi, les exportations vont surtout vers l’Europe pour les poissons nobles, tandis que la Côte d’Ivoire importe une partie non négligeable des quelque 350 000 tonnes de pélagiques pêchés chaque année au Sénégal. « La Chine, elle, achète du poulpe, de la seiche, de la sole et de la ceinture. Tandis que le Japon prend un peu de poulpes au Sénégal et beaucoup de céphalopodes chez les Mauritaniens ».

Bonne nouvelle : les prix augmentent, notamment sur les marchés européens, car ces derniers achètent les produits les plus chers tout en acceptant de payer une prime pour le respect de période de reproduction du pois­son et de certaines normes. Le Sénégal vient de lancer le premier label de pêche durable, Beg Ellek dont Makhtar Thiam est le promo­teur.

Il n’en demeure pas moins que « la plupart des 120 000 tonnes exportées sont des poissons entiers. Il faudrait qu’il y ait davantage de prépa­ration et de conditionnement afin d’ajouter de la valeur avant exportation », affirme-t-il. Aussi, pour améliorer la compétitivité, il n’est pas nécessaire d’exporter davantage mais de mieux exporter !  

Réclamant la modernisation des quais de pêche afin de favoriser une pêche arti­sanale durable, il appelle également de ses voeux l’avènement d’un environnement infrastructurel assaini, un meilleur respect du code de la pêche, mais aussi une meil­leure relève de la ressource humaine, qui est vieillissante « Il faut des produits de la mer de qualité pour être compétitif sur le marché international, mais il faut aussi que le secteur de la pêche soit davantage intégré dans un dispositif institutionnel qui permette de tirer le maximum de bénéfice de ce commerce » si crucial pour l’économie sénégalaise, souligne-t-il.

C’est le prix à payer pour que les produits de pêche sénégalais, de plus en plus soumis à une rude concurrence, sortent de la précarité.

Encadré

Les produits de la mer

La pêche occupe la première place des exportations sénégalaises avec 193 milliards de F.CFA. En 2015, les ventes extérieures de poissons frais de mer ont représenté 144 milliards de F.CFA et celles de coquillages, crustacés et mollusques 49 milliards.

À la criée de l’export, le Sénégal vend du poisson frais entier (daurade, sole, pageot, saint-pierre, ombrine rascasse, carpe rouge, capitaine, pagre, bar, marbre, poulpe, seiche, rouget barbet, barracuda, demoiselle, dentex, badèche, brotule) ou en filets (sole, rouget, saint-pierre, ombrine, mérou, pagre et loche).

Mais aussi du poisson congelé entier (sardinelle, poulpe, seiche, sole, crevettes, otolithe, ombrine. capitaine, ceinture, chinchard) ou en filets (sole, rouget, mérou). Il expédie aussi beaucoup de fruits de mer (crevettes, mollusques, langoustes) ainsi que des conserves (thons et sardinelles), des poissons séchés, salés et en saumure, des poissons fumés ou des farines de poisson qui sont autant de produits d’exportation prisés.

Les principales destinations pour les produits halieutiques en Afrique sont, depuis 2013, la Côte d’Ivoire (33 803 tonnes), le Mali (16 368 tonnes), le Cameroun (10 814 tonnes). Dans l’Union européenne, l’Espagne (12 481 tonnes), l’Italie (8 304 tonnes), la France (5 620 tonnes) et la Grèce (2 254 tonnes) arrivent en tête. Concernant l’Asie, sa part dans les exportations sénégalaises n’a cessé d’augmenter ces dernières années passant de 30 433 tonnes en 2012 à 34 615 tonnes en 2013.

Écrit par
African Business french

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