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Donald Kaberuka parle…

Donald Kaberuka parle…
  • Publiéjanvier 30, 2015

Nous avons rencontré Donald Kaberuka, à l’occasion du Forum économique mondial de Davos. Le président de la BAD fait le point sur la nécessité de mieux financer les grands projets d’investissement et relativise l’impact de la baisse des cours des matières premières.

Êtes-vous inquiet de la chute du cours du pétrole et des répercussions qu’elle peut avoir sur le continent africain ?

La baisse du prix du pétrole aura cinq conséquences pour les pays africains. Tout d’abord, elle va affecter la balance des paiements des pays exportateurs nets. Ces derniers devront consentir des ajustements douloureux et rechercher des moyens de diversifier leur économie. En revanche, les pays importateurs nets vont disposer d’un budget supérieur, qu’ils pourront investir dans les infrastructures et dans l’éducation. Sachant qu’en Afrique, les pays importateurs nets sont les plus nombreux. Même un pays comme l’Afrique du Sud profitera de la chute des cours du brut. Une autre conséquence va se faire sentir : un effet « de contagion ». Un ralentissement de l’économie nigériane affectera nécessairement d’autres pays. Bien sûr, l’effet favorable en Afrique du Sud aura des retombées positives sur les pays voisins.

Quand l’épidémie d’Ebola a éclaté, à nouveau, des gens ont cru que l’Afrique allait régresser, mais la région touchée compte 12 millions de personnes, soit moins de 1 % du PIB africain, moins de 2 % de la population

Enfin, certains pays s’étaient engagés dans la prospection pétrolière, comptant sur un baril à 65 $ au moins. Sans doute, certains de ces investisseurs réexaminent leurs décisions et ces projets pourraient être reconsidérés. La situation est complexe ; nous devrons voir à quel niveau le cours du pétrole s’établit à long terme.

Pour autant, je tiens à apporter une précision au sujet des matières premières : il faut relativiser leur importance. Oui, elles sont importantes dans la plupart des pays africains, mais ce qui stimule la croissance, ce sont les investissements, la consommation intérieure et le commerce régional. Bien entendu, dans les pays exportateurs nets, les investissements et la consommation bénéficient de flux entrants colossaux, mais la population des grandes villes est de grands consommateurs de biens et services.

 Vous venez d’inaugurer un projet d’infrastructure réussi : le pont Henri-Konan-Bédié, en Côte d’Ivoire. Pourtant, beaucoup d’investisseurs se plaignent d’un manque de chantiers viables, notamment dans le secteur privé. Les banquiers disent que les dettes sont nombreuses. Les capitaux semblent manquer. Qu’en pensez-vous ?

 Incontestablement, le premier point que vous évoquez est le plus important : il nous faut rendre viables davantage de projets. Le rôle de l’instrument que nous créons pour les infrastructures sera préci­sément de développer les projets et d’insister sur la phase de viabilité. Cela prendra du temps mais les exemples du pont d’Abidjan que vous mentionnez, de l’aéroport Blaise-Diagne au Sénégal, du port de Lekki, au Nigeria, montrent qu’il est possible de mener des chantiers à leur terme. Il faut, cependant, un spécialiste du capital-risque patient, comme nous le sommes, à la BAD.

 Vous faites allusion au Fonds Africa50 ?

 Tout à fait. Africa50 compte deux volets : d’une part, la prépa­ration de projets, d’autre part, les investissements et la levée des capitaux.

 Pouvez-vous nous parler de la dimension financière d’Africa50 ?

 Nous procédons par étapes. Nous nous sommes implantés Casablanca Finance City, et le conseil d’administration s’est déjà réuni une fois. Nous nous rencontrons le mois prochain pour discuter de la gouvernance, de la stratégie d’investissement, de la stratégie de levée de fonds, des budgets, etc.

Si nous levons 100 milliards $ maintenant, nous devons avoir des projets prêts. Il nous faut coordonner la préparation des projets et la levée des fonds. Notre prochaine étape est d’atteindre d’abord trois milliards $. La BAD va consacrer 100 millions $ à la préparation des projets et un demi-milliard $ de capitaux à l’instrument. Puis, nous lèverons des capitaux auprès d’autres investisseurs.

Écrit par
African Business french

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