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La Grande Muraille verte, un bon investissement

La Grande Muraille verte, un bon investissement
  • Publiénovembre 24, 2021

Elle n’est pas bénéfique que pour le climat ou le bien-être des populations, la Grande Muraille verte représente aussi une opportunité d’investissement rentable à moyen terme, conclut une étude de la FAO. Un argument supplémentaire en faveur de la poursuite du chantier.

Par Paule Fax

Une étude vient confirmer le bien-fondé du chantier de la Grande Muraille verte. On le sait, la désertification dans le Sahel et le bouleversement du climat affectent durement les habitants et l’ensemble de l’Afrique subsaharienne. Dans ce cadre, ce gigantesque chantier de l’Union africaine, qui mobilise onze pays, d’ouest en est, du Sénégal à Djibouti, sur 8 000 km, trouve sa pertinence.

Ce qui n’est plus un projet mais une réalité, se révèle cruciale contre le changement climatique et représente également un débouché économique attractif. Tel est le constat d’une étude publiée dans la revue Nature Sustainability, sous la direction de la FAO (Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture).

Pour chaque dollar investi dans cette initiative, les investisseurs peuvent s’attendre à un rendement moyen de 1,2 dollar, sachant que les montants obtenus varient entre 1,1 $ et 4,4 $, selon les scénarios retenus.

Malgré les conflits armés, les interventions de restauration des terres continuent de représenter un débouché commercial viable. Pour financer toutes les activités de restauration des terres proposées, un investissement de 44 milliards de dollars est nécessaire, selon l’étude de la FAO.

D’après Moctar Sacande (FAO), l’un des principaux auteurs de l’étude, nous devons faire évoluer le discours sur la région du Sahel afin de montrer que, malgré l’environnement hostile et sec de la région, les investisseurs peuvent tout de même obtenir un rendement viable en investissant dans la restauration des terres. 

Sur le plan social, dix ans sont nécessaires pour que les activités de restauration des terres atteignent l’équilibre, en tenant compte des avantages écosystémiques à la fois marchands et non marchands, explique l’étude.

L’analyse est fondée sur des données de terrain et des données satellitaires qui permettent de suivre la dégradation des terres sur la période 2001-2018. Ces données sont ensuite comparées aux coûts et aux avantages de la restauration des terres selon différents scénarios adaptés aux circonstances locales. Lesquelles tiennent tant à la dureté des sols que des difficultés à accéder aux terres en raison des conflits armés.

Investir dans la restauration des terres

FAO : Grande Muraille

D’après Moctar Sacande, les résultats de l’analyse permettent d’ajouter un dernier argument économique au projet de Grande Muraille verte, argument qui vient s’ajouter à la volonté politique et au savoir-faire technique déjà éprouvé. Ses conclusions devraient encourager le secteur privé, qui manifeste un intérêt croissant.

Le verdissement et la restauration des terres sont déjà en cours. Les populations plantent des espèces arboricoles résistantes, comme l’acacia du Sénégal, qui produit de la gomme arabique, fréquemment utilisée comme émulsifiant dans les aliments et les boissons, ou l’arbre gao, qui aide à fertiliser les sols pour qu’y soient notamment produits du fourrage et des cultures de base comme le millet. Les investisseurs peuvent ainsi obtenir un rendement viable en investissant dans la restauration des terres.

Grâce à l’appui technique de la FAO, plus de 500 collectivités jouissent d’une meilleure sécurité alimentaire et de meilleures possibilités de création de revenus. Toutefois, l’étude précise que la surface couverte par la Grande Muraille verte restait limitée et n’atteint que 4 millions des 100 millions d’hectares ciblés.

Au total, quelque 20 milliards $ ont été promis au niveau international en vue de transposer à plus grande échelle l’initiative, dont 14,3 milliards $ promis à l’occasion du Sommet One Planet pour la biodiversité tenu en janvier 2021 à Paris, et 1 milliard $ promis par le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, lors de la récente conférence climatique de la COP26. 

Les modalités concrètes d’accès à ces fonds doivent encore être déterminées, prévient Moctar Sacande, qui ajoute que si une partie des fonds n’est pas versée très rapidement, il pourrait être trop tard pour planter les arbres avant la tombée des précipitations limitées attendues en juin et en juillet.

L’initiative Grande Muraille verte doit permettre de stocker du carbone et de restaurer la biodiversité ; elle apporte des avantages aux populations, couvre les domaines clés que sont l’atténuation du changement climatique, l’adaptation à ses effets et la résilience face aux aléas climatiques.

Un projet intégré

Du fait des conflits armés qui caractérisent la région, certains sont longtemps restés méfiants à l’égard du potentiel de l’initiative. En outre, l’étude révèle que la moitié des terres concernées (14,1 millions d’hectares sur un total sur 27,9 millions) sont actuellement inaccessibles pour des raisons de sécurité.

Malgré cela, les interventions de restauration des terres continuent de représenter un débouché commercial viable. Pour financer toutes les activités de restauration des terres proposées, un investissement de 44 milliards $ est nécessaire, juge l’étude.

Laquelle met en évidence les activités et les lieux où la restauration des terres est à la fois économiquement attrayante et écologiquement durable, même après avoir tenu compte des taux de survie plus faibles des arbres et des graminées plantés, de la persistance des facteurs de dégradation des terres et du nombre croissant de conflits violents entravant la restauration des terres au Sahel.

Par exemple, le Niger, pays aux trois quarts désertique, ambitionne de reverdir 3,6 millions d’hectares de terres sur 37,5 % de son immense territoire.

La Grande Muraille verte, « ce n’est pas seulement un rideau d’arbres, c’est un projet intégré pour sortir des grandes difficultés comme l’impact du changement climatique en intégrant les problèmes de développement socio-économique », explique à l’AFP le géologue sénégalais Abdoulaye Dia, secrétaire exécutif de l’Agence de la Grande Muraille verte.

@PF

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Par Paule Fax

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