Côte d’Ivoire : Le hub énergétique
Avec un an d’avance, le président Alassane Ouattara a inauguré en novembre l’aménagement hydroélectrique de Soubré.
Par Gérard Choisnet
Flambant neuf, le barrage de Soubré est situé sur le fleuve Sassandra, dans la région de la Nawa, à 200 km au nord de San-Pedro. Sa production permettra, en augmentant la part de l’hydroélectricité, de rééquilibrer le mix énergétique et de faire face, à moindre coût, à la croissance de la consommation nationale.
Alassane Ouattara avait posé la première pierre en février 2013 ; le remplissage de la retenue avait commencé en mars 2017. Près de trois mois plus tard, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly avait mis en service la première turbine de 90 MW de Soubré.
« Produisant une énergie renouvelable, abondante et bon marché, Soubré permet de maîtriser les coûts de production de l’électricité », commente Alassane Ouattara. « Les 1 200 GWh qui seront produits chaque année permettront de doubler la part de l’hydroélectricité et d’améliorer notre mix énergétique, actuellement dominé par l’énergie d’origine thermique. Ainsi, avec Soubré, notre capacité installée d’origine hydraulique passera de 30 % à 40 % .»
Sur un financement de l’IDA (Banque mondiale) obtenu en 1996, le cabinet d’ingénieurs-conseils français Coyne et Bellier (devenu en 2009 Tractebel Engineering, du groupe Engie) avait procédé à l’actualisation des études réalisée en 1962 et 1982 par EDF.
Le barrage va injecter 275 MW supplémentaires sur le réseau électrique ivoirien (1 170 GWh/an), faisant passer la puissance installée de la Côte d’Ivoire à 2 200 MW, soit une augmentation de 804 MW depuis 2011.
Long de 4,5 km et doté de trois turbines Alstom de 90 MW et d’un groupe de 5 MW, l’ouvrage a coûté 331 milliards de F.CFA (504 millions d’euros). L’énergie sera évacuée par une ligne haute tension en 225 kV de 365 km de long jusqu’au poste de Yopougon 2 (Abidjan). Les travaux ont été assurés par l’entreprise Sinohydro, et le financement par la China Eximbank à hauteur de 239 milliards de F.CFA et la Côte d’Ivoire pour 92 milliards de F.CFA.
Un volet essentiel du développement
Faisant suite à la construction des barrages de Ayamé I (20 MW) et Ayamé II (30 MW) en 1959 et 1965, de Kossou (174 MW) en 1972, Taabo (210 MW) en 1979, Buyo (165 MW) en 1981 et Fayé (50 MW) sur les rapides de Grah en 1983, Soubré constitue l’aménagement hydroélectrique le plus puissant de Côte d’Ivoire, devant Taabo et Buyo. « Soubré marque la reprise du développement des barrages hydroélectriques en Côte d’Ivoire », soulignait d’ailleurs le président Ouattara, remerciant le président chinois Xi Jinping « pour l’aboutissement de ce projet et pour les projets à venir, dont celui de Gribo-Popoli ».