Christian Josz parle des crédits

Quel est l’impact de ces achats non prévus sur le budget national ?
Tout cet exercice d’annulation des contrats qui n’étaient pas encore lancés, de limitation des contrats existant à ce qui était livré, et de révision à la baisse des prix des contrats qui sont à l’évidence surfacturés, a permis de ramener le montant des dépenses de 134 milliards de F.CFA à 57 milliards. Restent 23 milliards, plus deux contrats d’infrastructures à 7 milliards, réceptionnés en 2014, mais pour lesquels les crédits étaient insuffisants. Nous avons donc décidé de faire voter une nouvelle loi de Finances rectificative, en plus de celle adoptée en août, pour régulariser ces 30 milliards supplémentaires, qui seront financés en faisant recours au marché régional. L’opération va aggraver le défi cit 2014, qui passera de 5,2 % à 5,8 % du budget, mais nous estimons qu’elle est nécessaire. On fait table rase du passé pour commencer sur de bonnes bases en 2015 !
Ces nouveaux contrats militaires, sur quoi portent-ils ?
Un peu de tout, des uniformes, des blindés, des camions… il s’agit d’équipement et d’armement.
Ont-ils été passés dans les règles de l’art, cette fois ?
Nous ne disposons pas d’audit de ces contrats, nous n’avons donc pas le même niveau de détails. Ce que je peux vous dire, c’est qu’en signant pour 134 milliards de F.CFA alors que seuls 34 milliards sont prévus dans le budget, les autorités sont retombées dans les mêmes travers que pour l’avion et le contrat de Défense. Sur ce plan-là, ces nouveaux contrats sont aussi fautifs. En ce qui concerne les surfacturations, je ne suis pas en mesure d’en juger. Nous avons néanmoins noté la surfacturation des achats de camions, et pour le reste, nous avons l’engagement que le gouvernement sera plus attentif à l’avenir.
L’enjeu principal, pour le Mali, avec cette mission d’évaluation, est que le FMI dégèle le versement de ses crédits. Et, dans la foulée, que les bailleurs qui vous avaient suivis, comme la Banque mondiale, l’Union européenne ou la France, suivent à nouveau votre exemple et reprennent eux aussi leurs décaissements. Est-ce un scénario probable ?
Oui. Nous avons trouvé un accord avec le Mali pour aller de l’avant. Le conseil d’administration interne du FMI se réunira début décembre, et c’est lui qui doit en décider. Nous avons aujourd’hui tous les éléments en main, puisque nous avons noué un accord pour régler l’avenir, avec le décret sur les achats militaires. Nous avons aussi réglé le passé, ainsi que je l’ai indiqué. Au total, les accords entre le Mali et le FMI sont à la mesure des problèmes que nous avions à résoudre. Ainsi, nous attendons un déboursement de 12 millions $ dans les jours qui suivront notre conseil d’administration, début décembre.