Cameroun: seconde raffinerie
La deuxième raffinerie en préparation par les Russes devrait optimiser la transformation du pétrole brut et lourd du Cameroun et donner un coup de main à la Société nationale de raffinage confrontée à des défis techniques et financiers. Enjeux d’un projet attendu.
La chute des cours du pétrole sur le marché mondial n’a pas entraîné la baisse des prix à la pompe au Cameroun. Si bon nombre de Camerounais se demandent encore pourquoi cette chute des cours du pétrole n’a pas eu des répercussions dans les stations-service, les pouvoirs publics répondent sous cape que le pays est engagé dans un processus qui devrait donner à l’avenir au Cameroun une marge de manoeuvre plus intéressante pour procéder à la baisse des prix. Deux projets sont principalement évoqués : la construction d’une deuxième raffinerie dans la ville portuaire de Kribi et la modernisation de la Sonara, la Société nationale de raffinage, la seule du pays actuellement.
C’est la société RusGazEngineering Group basée à Moscou qui a été préqualifiée par le gouvernement camerounais le 28 mai 2015 pour le financement et la réalisation des études de faisabilité de la seconde raffinerie. Sa construction viendra non seulement combler le manque à gagner de la Sonara, mais permettra également au Cameroun de mieux transformer son brut.
La production de pétrole brut au Cameroun est en augmentation. La Société nationale des hydrocarbures (SNH) a confirmé en juin 2015 que la production nationale de pétrole brut avait franchi, pour la première fois depuis 2002, la barre des 100 000 barils par jour au lieu de 60 000 barils par jour par le passé. Depuis le début de l’année 2014, la production pétrolière est continuellement en hausse surtout du fait de l’entrée en production de quatre nouveaux champs.
Le pétrole brut produit au Cameroun est en effet de type lourd et les infrastructures de la Sonara, bien qu’elles soient dans un processus de modernisation, ne permettent pas de le transformer en totalité. Le pays doit donc exporter son brut pour une meilleure transformation. Cette société créée en mars 1973 et inaugurée en 1981 fait face aujourd’hui à de nombreux défis techniques et financiers. Le premier défi technique étant celui de maximiser l’utilisation du pétrole brut lourd produit au Cameroun et en zone Cemac afin d’atteindre une taille critique et d’améliorer sa rentabilité.
Réajustement prix à la pompe
Si la première phase de modernisation de la Sonara est pratiquement terminée, les yeux sont désormais tournés vers la seconde phase qui consiste à l’installation d’une unité d’hydrocraquage (816 000 t/an) qui permettra de renforcer sa rentabilité. Ces infrastructures devraient permettre d’augmenter la capacité de production de la Sonara, qui passera de 2,1 millions de tonnes par an à 3,5 millions, voire 4 millions. À la Sonara, on se réjouit tout de même du réajustement des prix à la pompe en juillet 2014 et surtout du règlement partiel des arriérés de la dette de l’État au titre de l’exercice 2013. Le président Paul Biya avait autorisé le 2 février 2015 un crédit relais de 143,5 milliards de F.CFA.
Un plan de refinancement de la Sonara est en cours de mise en oeuvre afin d’apurer sa dette vis-à-vis des banques, et de financer la phase II de son projet de modernisation. Les principaux actionnaires de la Sonara sont l’État du Cameroun (82 %) et Total (18 %). Son capital est passé de 400 millions de F.CFA en 1978 à 23 milliards de F.CFA aujourd’hui. D’après son directeur général, Ibrahim Talba Malla, « au terme de la restructuration financière en cours, la Sonara sera à même de traiter essentiellement le brut camerounais et de la sous-région, lourd et moins cher à l’achat que le pétrole brut léger traité aujourd’hui ».
Production pétrolière en hausse
La production de pétrole brut au Cameroun est en augmentation. La Société nationale des hydrocarbures (SNH) a confirmé en juin 2015 que la production nationale de pétrole brut avait franchi, pour la première fois depuis 2002, la barre des 100 000 barils par jour au lieu de 60 000 barils par jour par le passé. Depuis le début de l’année 2014, la production pétrolière est continuellement en hausse surtout du fait de l’entrée en production de quatre nouveaux champs. Il s’agit notamment du champ Mvia, situé onshore dans le bassin Douala-Kribi-Campo, entré en production au mois de novembre 2013, et des champs Padouk, Inoua-Barombi et Barombi, tous entrés en production au cours de l’année 2014. La Banque mondiale relevait déjà en janvier 2014, qu’«à moyen terme, la production pétrolière du Cameroun pourrait plus que doubler grâce à l’exploitation de nouveaux gisements. Selon les projections de la SNH, elle pourrait atteindre les 57 millions de barils en 2016, à comparer aux 24,4 millions de barils de 2013. La SNH prévoit par la suite une diminution de la production pétrolière, mais l’exploitation du gaz naturel pourrait combler le manque à gagner à long terme ».