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Cameroun : Les puissants entrepreneurs du privé

  • Publiédécembre 1, 2017

Si le Cameroun compte quelques « super riches », aucun n’approche le milliard de dollars de patrimoine. La diversification d’un tissu d’entreprises à fort impact social constitue le terreau du décollage économique.

Par Christine Holzbauer, envoyée spéciale à Yaoundé et à Douala

En 2017, le Top 10 des « hommes » les plus riches du Cameroun ne comprenait qu’une seule femme. Kate Fotso a hérité d’une partie de la fortune de son époux, André Fotso, l’ancien président du Groupement inter-patronal du Cameroun (GICAM) décédé le 2 août 2016 à Paris. La très discrète patronne de Telcar Cocoa, une société installée à Douala qui vend la quasi-tota­lité de sa production de cacao au géant américain Cargill, n’arrive qu’en 8e posi­tion dans le classement de Forbes avec une fortune estimée à 252 millions $, devant Joseph Kadji Defosso (205 millions $), le fondateur en 1972 de l’Union came­rounaise de brasseries (UCB), et André Sohaing (240 millions $), le fonda­teur du Groupe Sohaing et de l’Hôtel Akwa Palace à Douala, décédé le 23 juillet 2016 en laissant une fortune immobilière considé­rable à sa famille.

Parmi ces « milliardaires » (en francs CFA) figurent également Sylvestre Ngouchinghe, le PDG de Congelcam, l’une des plus grandes entreprises camerounaises de vente de produits de mer congelés (280 millions $) ; Nana Bouba, un self-made-man qui a débuté comme chauf­feur et pèse actuellement 310 millions $ ; Jean Samuel Noutchogouin (315 millions $), actionnaire du groupe CFAO, également présent dans divers secteurs d’activité dont l’industrie alimentaire ou, encore, Colin Mukete (380 millions $), propriétaire de la chaîne STV2 et président de l’opérateur MTN Cameroun.

Il détient également depuis 2015 des actifs de la société minière International Mining & Infrastructure Corporation ainsi que sa propre agence de publicité. Samuel Foyou (407 millions $) est propriétaire d’entreprises performantes comme Plasticam, Unalor et Moore Paragon. Il est également très actif dans le domaine de la brasserie et de l’hôtellerie. Paul Fokam (690 millions $) est le patron d’Afriland First Bank, l’une des plus grandes institutions bancaires au Cameroun, qui compte également plusieurs succursales réparties en Afrique. Pour la seconde année consécutive, la palme d’or revient à Baba Danpullo, très actif dans l’immobilier et dans l’agro-industrie avec Brodon Finex et le groupe Cop Rouge, qui le mettent à la tête d’un patrimoine financier estimé à 940 millions $.

Une classe moyenne d’entrepreneurs

Pourtant, ces dix milliardaires sont loin de faire le « miracle économique » camerou­nais. L’impact « réel » sur le pays dépend davantage de l’activité d’une classe d’en­trepreneurs de talent dont le Cameroun regorge. Ainsi, le patron d’Express Union, Albert Kouinché, a construit en vingt ans un empire dans les services financiers grâce au transfert d’argent dont il est le leader au Cameroun avec 60 % des parts de marché, devant Money Gram et Western Union. En 2014, le total bilan de son groupe ne s’éle­vait pourtant qu’à… 44 milliards de F.CFA (67 millions d’euros), dont 33 milliards au Cameroun avec 4 600 agents ! Par ailleurs actionnaire de la Banque Atlantique, ce financier de génie détient également 70 % des parts de la Société camerounaise d’équi­pement.

Albert Kouinché est député du Koung- Khi, son fief électoral en plein coeur du pays bamiléké. Nous l’avons rencontré à Douala à l’issue d’un interminable conseil d’adminis­tration. Il est désormais possible de transfé­rer, en cinq minutes, de l’argent à un corres­pondant situé dans les pays de l’Afrique de l’Ouest. La caractéristique d’Express Union est d’être une institution de microfinance avec un réseau de 150 points de vente au Cameroun ainsi qu’en Côte d’Ivoire, où Albert Kouinché possède 45 % du capital de Qash Services, créé par l’Ivoirien Edgard Anon, patron de BGFI Bank Gabon. Ce qui a facilité – en plus du Bénin où il est présent depuis de nombreuses années – son implantation en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Burkina Faso, en Guinée, au Togo, au Mali et au Niger avec, la région des Grands lacs en ligne de mire. En Afrique centrale, où seule la Guinée équatoriale lui résiste encore, il est présent depuis 2007 au Gabon, au Congo, en Centrafrique, en RD Congo et au Rwanda. Sa plus grande contribution est d’avoir réussi à aller dans les coins les plus reculés du Cameroun.

Concurrencer les plus grands

Parmi les autres entrepreneurs talen­tueux à fort potentiel de développe­ment figurent le PDG de Transimex, Ousmanou Ngam, qui s’est construit un empire à partir de son coeur de métier, le transport et la logistique. Après s’être hissé dans la cour des Bolloré et autre Necotrans, avec lesquels il est très présent dans le port de Douala et de Kribi, il se retrouve propulsé aujourd’hui à la tête d’un groupe comptant un nombre impressionnant d’entreprises. Ainsi sa faîtière, NIG Holding SA, conso­lide chaque année « plusieurs dizaines de milliards de francs CFA » de chiffre d’af­faires. Son groupe est présent dans six pays : Transimex Cameroun SA, la société mère, possède des filiales au Tchad, au Congo, en RCA, en Chine, en Suisse et en France. Il a créé quatre autres sociétés qui tournent aujourd’hui à plein régime avec un carnet de commandes bien rempli : Beta Constructions (Bâtiments et travaux public), Gama Engineering (formation et gestion en ressources humaines), SCI Immo plus (promotion et gestion immobilière), Global Trade & Logistics (GTL) qui officie dans le Trading & Logistic à Hong-Kong.

Écrit par
christine

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