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Burkina Faso : Des mesures d’urgence pour le sucre

  • Publiéjuillet 11, 2018

L’industrie sucrière demeure dans le rouge, malgré les efforts de la Société sucrière nationale. Avec des pertes annuelles d’une dizaine de milliards de F.CFA, l’urgence pour les autorités est de protéger la production et la consommation locales par des mesures fortes.

Ouagadougou, Tiégo Tiemtoré

Réunis pour faire le point des réformes engagées, les acteurs du sucre et les services techniques du ministère de l’Agriculture ont tous constaté le niveau élevé du prix du sucre de la Sn-Sosuco ; la mauvaise qualité des emballages ; la concurrence exercée par la Sn-Sosuco aux grossistes à travers l’ouverture de boutiques dans les différentes provinces du pays ; la nécessité d’approvisionner le marché national en sucre pour éviter des pénuries ; le faible niveau d’achat du sucre auprès de la Sn-Sosuco par les distributeurs ; l’accumulation d’un important stock de sucre entraînant des difficultés financières et de stockage.

Le panel a recommandé la révision à la baisse du prix du sucre ; l’amélioration de la qualité des emballages, la mise en place d’une protection douanière en faveur des industries locales et le regain de compétitivité du sucre local.

« La sauvegarde des emplois à la Sn-Sosuco dont il est question ne peut se faire durablement qu’à condition que la société soit compétitive, car dans le contexte du marché sous-régional, rien n’empêchera d’autres sociétés de vendre leur sucre sur le marché burkinabè si les prix grimpent », estime l’universitaire Lirasse Akouwerabou.

Un Observatoire de lutte contre la fraude du sucre – Aux termes des textes en vigueur au Burkina Faso, le marché du sucre est libre. Toutefois, l’importation du sucre est soumise à une Autorisation spéciale d’importation (ASI) délivrée par le ministre en charge du commerce après avis de l’Observatoire de lutte contre la fraude du sucre créé en 2008. La mission principale de cet Observatoire est d’appuyer l’action des services de l’État dans l’importation et la commercialisation du sucre. À ce titre, il examine, une fois par trimestre, les dossiers de demande d’ASI au cas par cas et émet des avis en tenant compte de l’offre et de la demande du sucre sur le marché national y compris la production nationale. Ce dispositif est mis en place pour réguler le marché national du sucre.

L’État burkinabè perdait chaque année, sur le sucre, entre 10 et 12 milliards de F.CFA, selon une étude de l’Institut Free Afrik publiée en 2015. Filiale du groupe IPS West Africa (du prince Aga Khan), l’unique société sucrière du pays peine à écouler sur le marché local sa production annuelle, estimée à 30 000 tonnes, soit 25 % des besoins nationaux.

La société a bénéficié d’investissements d’une vingtaine de milliards de F.CFA de 1998 à 2010 ; ce qui lui avait permis de stabiliser son chiffre d’affaires autour de 20 milliards de F.CFA (30,5 millions d’euros) au début des années 2000 et une production annuelle de plus de 37 000 tonnes. Depuis 2007, la société est entrée dans une zone de turbulences.

Sauver la société

La crise sucrière prend sa source dans la fraude généralisée dans le secteur depuis la privatisation qui a entraîné la libéralisation du marché du sucre, mettant fin au monopole du fabricant local. Parmi les raisons de la mévente, figurent la gestion des Autorisations spéciales d’importation (lire encadré), régulièrement délivrées par le gouvernement pour combler le déficit de l’offre et l’importation frauduleuse du sucre en provenance des pays voisins, du Brésil et d’Europe.

À cela, s’ajoute la déréglementation du marché mondial, qui accentue la concurrence du sucre importé, généralement subventionné et coûtant moins cher. Alors que le sucre importé du Brésil coûte 120 000 F.CFA/tonne, celui produit par la Sosuco coûte 370 000 F.CFA.

Écrit par
African Business french

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