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Bouzguenda-Zeghal, l’excellence 

  • Publiénovembre 3, 2015

Dauphine-Tunis existe depuis six ans. Après une période de tâtonnements, l’heure du développement a sonné. À la tête de l’université, Amina Bouzguenda-Zeghal mêle cultures tunisienne, française et américaine pour obtenir le meilleur.

Le blanc et le bleu sont bien présents. Les murs sont blanchis à la chaux comme il est de tradition pour les bâtisses de Tunis. Le bleu, en revanche, ne se retrouve pas sur les volets, mais sur les parasols du jardin. Et il ne s’agit pas du bleu de Tunis, mais du bleu ciel propre à l’université Dauphine de Paris. S’ancrer dans les racines du pays tout en y apportant un savoir-faire extérieur, telle est la politique de la faculté parisienne depuis qu’elle s’est implantée dans la capitale tunisienne, en 2009. Amina Bouzguenda-Zeghal, la directrice générale de l’université Dauphine Tunis depuis avril 2014, incarne ce mélange. 

Après son bac obtenu à Tunis, la jeune femme s’envole pour l’université Dauphine Paris où elle accomplit son parcours universitaire jusqu’au doctorat en Mathématiques appliquées à la finance. Elle part ensuite se perfectionner aux États-Unis, comme professeure à la Kellog School of Management, à Chicago et à la Columbia Business School après avoir décroché la prestigieuse et très sélective bourse Fulbright. De retour à Tunis, elle occupe un poste d’enseignante et de cadre à la Mediterranean School of Business. Des expériences variées qui ne lui font pas oublier là où tout a commencé. Aussi, quand l’université de Dauphine lui propose un nouveau poste, la nouvelle quadragénaire n’hésite pas : « Je suis un produit 100 % dauphinois. »

Une université pour la crème de la crème 

Sa tâche est ardue. Laurent Batsch, le président de l’université parisienne, tablait, au moment de l’inauguration de sa petite soeur tunisienne, sur 1 000 étudiants en 2012. Le campus n’en compte que 320 pour la rentrée 2015. « Nous avons revu notre stratégie, explique Amina Bouzguenda-Zeghal. Nous voulons atteindre l’excellence, nous sommes donc très sélectifs. » Dauphine, Tunis propose une offre unique sur laquelle ses concurrents privés ne peuvent s’aligner : le savoir-faire de Dauphine-Paris, l’une des universités européennes les plus réputées, notamment pour son programme de mathématiques appliquées en économie. À Tunis, les cours sont dispensés par un binôme : un Tunisien et un professeur principal qui enseigne chez la grande soeur parisienne. « Les cours et les examens sont rigoureusement les mêmes que ceux de Paris », insiste la directrice. Loin d’être un simple label, Dauphine-Tunis entend devenir « un pôle régional d’excellence rayonnant au-delà de la Tunisie, sur le Maghreb, le Proche-Orient et l’Afrique subsaharienne », selon Laurent Batsch.

Des Masters affinés aux besoins africains 

Dauphine-Tunis propose deux licences accessibles en troisième année, Licence gestion et économie appliquée et Licence MIDO (Mathématiques et informatique de la décision et des organisations), ainsi que trois Masters, Finance, Actuariat et Big Data (première année seulement). L’école propose également, en partenariat avec l’Institut d’administration des entreprises de Paris, une formation continue en MBA. 

Les Master Finance et Actuariat sont de bons exemples de la spécificité que peut offrir Dauphine-Tunis. Fonctionnant sur un modèle financier d’école privée, l’université a ouvert des partenariats avec plusieurs banques et assurances (80 % des compagnies du secteur sont associées à Dauphine-Tunis, selon la directrice) qui assurent 20 % des recettes. En contrepartie, ces entreprises bénéficient de l’accès aux CV de tous les étudiants de Dauphine, à Tunis comme à Paris. Un partage gagnant-gagnant : « Les entreprises en Tunisie et en Afrique recherchent des futurs employés formés aux standards internationaux et nous pouvons nous adapter aux spécificités des besoins de l’économie locale. » 

Une directrice issue des meilleures écoles et spécialisée dans l’un des domaines les plus pointus du secteur et un fonctionnement qui allie l’aura d’une université française et le monde entrepreneurial : Dauphine-Tunis a tous les atouts pour réussir. Pourtant, ces mêmes arguments sont avancés pour critiquer le modèle Dauphine-Tunis dans une Tunisie post-révolution qui cherche encore son modèle de gouvernance. Amina Bouzguenda-Zeghal est brillante, mais son domaine de recherche est pointé du doigt depuis la crise des subprimes qui a mis à mal l’économie mondiale.

Une reproduction des élites ? 

Elle est issue d’une famille aisée qui a fait fortune dans le BTP à travers l’entreprise SBF (Société Bouzguenda Frères) et a donc bénéficié de la richesse familiale pour parfaire son éducation. Tout comme les étudiants de Dauphine-Tunis qui doivent débourser entre 7 500 dinars (3 400 euros) et 9 500 dinars (4 325 euros) par an de frais de scolarité. Le coût de la scolarité serait un frein au renouvellement des élites ? « 10 % de nos étudiants reçoivent des bourses. Je ne refuse jamais un candidat avec un bon dossier pour des raisons financières », explique Amina Bouzguenda- Zeghal. « Le problème n’est pas financier, mais dans la recherche des profils de candidats prêts à travailler 12 heures par jour pour réussir. » L’école a noué des collaborations avec des associations et des fondations dans les régions pour repérer les élèves au meilleur potentiel. L’excellence comme unique critère, tel est le credo de la jeune directrice qui se félicite, par exemple, d’avoir réussi à amener des Tunisiens de la diaspora dans son université. Pour attirer ces futurs « cracks » de Tunisie ou d’Afrique, Amina Bouzguenda-Zeghal rêve d’un campus à l’américaine comme elle les a connus avec cantine, Internat, salles de repos et salles de travail. « Nous avons déjà des salles de groupe qui peuvent être réservées jusqu’à 22 heures », se félicite-t-elle. Ce n’était pas le cas quand elle était étudiante à Dauphine-Paris. n

Écrit par
African Business french

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