Bâtir un nouvel Angola
Deuxième producteur de pétrole africain doté de riches ressources naturelles, l’Angola s’est lancé dans un vaste programme de constructions qui devrait changer le visage du pays.
Après 27 ans d’une guerre civile qui a ravagé les infrastructures du pays et fait cesser pratiquement toute activité économique, jusqu’en 2002, l’Angola connaît un redressement remarquable. L’économie du pays, dirigé par le président José Eduardo dos Santos, affiche un taux de croissance annuel de l’ordre de 10 % depuis cinq ans. Si la majeure partie des revenus de l’Angola provient de ses exportations pétrolières, une vaste campagne en faveur de la diversification économique, notamment dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche, a porté ses fruits : ces deux secteurs représentent aujourd’hui environ 10 % de son PIB.
Quelques années de paix et de croissance ne suffisent pas, toutefois, à réparer les ravages de la guerre. Les infrastructures de base – transports, approvisionnement en eau, traitement des eaux usées, logements, énergie, écoles, hôpitaux, bâtiments administratifs, etc. – doivent être reconstruites à partir de rien, ou presque.
Après les décennies perdues, le pays est impatient d’avancer. L’Angola ressemble à un gigantesque chantier. À Luanda, grues et échafaudages se dressent vers le ciel et chaque jour, de nouveaux bâtiments sortent de terre. Pour la deuxième année de suite, l’indice du coût de la vie 2014 calculé par Mercer fait apparaître que Luanda est la ville où l’immobilier est le plus cher au monde, pour un expatrié.
En cause : la forte demande de logements résidentiels et de locaux commerciaux, ainsi que la pénurie d’habitations. Pour le ministre de l’Urbanisme et du logement, José António Maria da Conceição Silva, la priorité est bien de donner à la majorité des Angolais l’accès à des logements abordables.
Résultat de l’instabilité dans les campagnes lors de la guerre civile, l’urbanisation a été plus rapide en Angola que partout ailleurs en Afrique. Selon la Banque mondiale, 60 % de la population angolaise habite en ville. Avec plus de 7 millions d’habitants, Luanda est la cinquième cité la plus peuplée d’Afrique. Bien que les villes soient un espace de créativité et des sources uniques de richesses, elles peuvent également se transformer en hideux bidon-villes si elles sont mal dirigées, prévient José da Conceição Silva. Le ministre insiste sur le fait que le phénomène de l’urbanisation rapide touche non seulement tous les pays africains, mais aussi l’ensemble des pays en développement : « De la manière dont nous gérons notre croissance urbaine dépend la nation que nous léguons à notre peuple. Si les villes sont bien aménagées et gérées, elles peuvent générer une croissance sans précédent et une richesse inclusive ; négligées ou mal gérées, elles peuvent devenir des lieux de pauvreté et de violence, comme on le voit dans certaines régions du monde, y compris bien sûr en Afrique. »
Un plan multidimensionnel
L’Angola est l’un des rares pays d’Afrique qui a pris très au sérieux la question de la croissance urbaine et de la réhabilitation des villes. Le pays a élaboré plusieurs stratégies pour développer les infrastructures permet-tant de proposer aux citoyens des lieux de vie et de travail abordables et agréables. L’objectif immédiat est de construire 1 million de logements et d’en diviser ainsi par deux le déficit actuel. Le programme de développement urbain angolais est complexe, et multidimensionnel. Le gouvernement a privilégié deux axes : la création de nouveaux centres urbains autour des grandes villes et des zones de population dense, ainsi que l’incitation à la construction de maisons individuelles par leurs propriétaires. Traditionnellement, les familles travaillent avec des artisans pour construire leurs maisons. Afin d’encourager davantage de ménages à avoir recours à cette solution, le ministre souhaite proposer de faibles taux d’intérêt et une aide de l’État, telle que l’accès à des architectes et aux spécialistes du bâtiment. Bien que ce programme soit fondé sur une logique saine, plusieurs obstacles viennent entraver sa mise en oeuvre. Les démarches administratives pour acquérir un terrain sont décourageantes et la question des titres de propriété reste à résoudre. Néanmoins, affirme le ministre, la construction par les Angolais de leurs habitations est un élément central du projet de réalisation de 1 million de logements dans le pays.
Lire la suite dans African Business n° 36, pages 52-53 (version papier)