AfroChampions : La force de l’initiative…
L’initiative AfroChampions veut transformer et développer le continent. Quelques mois après son lancement officiel, elle continue de mobiliser les acteurs majeurs du secteur privé africain.
Dossier réalisé par Guillaume Weill-Raynal
Tout est né, il y a dix-huit mois, d’une idée simple : accélérer le développement de l’Afrique en favorisant l’intégration du continent. Ce qui aurait pu n’être qu’un simple mantra s’est révélé une idée forte, audacieuse et cohérente au regard des évolutions récentes, de la situation actuelle et des perspectives qu’elle permet d’envisager pour l’avenir.
L’initiative AfroChampions permettra-t-elle enfin à l’Afrique de jouer demain dans la cour des grands de l’économie mondialisée ? L’intégration régionale doit permettre l’émergence d’une industrie africaine à destination des marchés africains. Et peut-être au-delà.
Axe central de cette réflexion : le rôle majeur incombant au secteur privé pour hâter la transformation économique du continent. Une évidence neuve. Autrefois dépourvue de tout grand groupe industriel ou commercial digne de ce nom, l’Afrique a vu émerger depuis une quinzaine d’années un certain nombre de « champions économiques, aux très grosses valorisations, pouvant atteindre des millions, voire des dizaines de millions ou des milliards de dollars », explique Anne- Elvire Esmel, conseillère communication d’AfroChampions.
Certains ont déjà atteint une dimension mondiale. On les appelle les Globalizers. D’autres ne sont encore « que » des multinationales africaines, sans visibilité en dehors du continent. Mais là où, ailleurs dans le monde, de telles entités se sont développées et continuent de croître au sein d’écosystèmes d’une extrême densité composés de strates d’entreprises de toutes dimensions, ces groupes africains ne sont encore que des îlots de performances et de réussite au sein d’un environnement économique continental quasi désertique. Et travaillent de manière isolée, sans véritable dialogue avec les gouvernements africains et les acteurs des différents secteurs publics, eux-mêmes séparés les uns des autres par le carcan de leurs frontières et de leurs réglementations nationales.
D’où la prise de conscience des fondateurs de l’initiative de l’impérieuse nécessité de rassembler enfin l’ensemble de ces acteurs pour oeuvrer collectivement au développement du continent, et du rôle moteur pouvant être joué par les AfroChampions dans cette entreprise. « Jusqu’à présent, on ne s’était jamais posé la question, en Afrique, du rôle transformateur du secteur privé », souligne Anne-Elvire Esmel.
Une équipe au sommet
Michaël Kottoh et Edem Adzogenu, associés de Konfidants, un cabinet de consultants basé à Accra, lancent l’Initiative. Deux réunions suivent, l’une en janvier 2017 à Bamako, en marge du sommet Afrique-France pour la paix, le partenariat et l’émergence, puis à Addis Abeba, à l’occasion d’un séminaire sur l’investissement intra-africain en marge du sommet des chefs d’État de l’UA.
Le véritable lancement a lieu le 14 octobre 2017, à Lagos. L’ancien président sud-africain Thabo Mbeki et l’industriel Aliko Dangote, impressionnés par la cohérence du projet, ont accepté d’en assumer la présidence. Sous le parrainage d’Olusegun Obasanjo, ancien président du Nigeria, le Club AfroChampions démarre. Il est composé « de grosses pointures » et devrait à terme rassembler 150 à 200 membres.
AfroChampions : force de l’initiative où, qui, pourquoi, comment
En son sein, des vice-présidents ont été désignés pour chaque région du continent : pour l’Afrique de l’Ouest, Jean-Louis Billon, président de SIFCA, ancien ministre du Commerce de Côte d’Ivoire ; pour l’Afrique de l’Est, Ali Mufukuri, président du groupe Infotech Investment ; pour l’Afrique centrale, Paul Fokam, PDG d’Afriland First Group ; pour l’Afrique australe, Nonkululeko Nyembezi-Heita, PDG d’Ichor Coal, et présidente non-exécutive de la Bourse de Johannesburg ; et pour l’Afrique du Nord, Naguib Sawiris, président du groupe Orascom Telecoms.