Accord mauritano-sénégalais pour l’exploitation du gaz
La Mauritanie et le Sénégal partagent un important champ de gaz offshore. Son exploitation conjointe sera bénéfique aux deux pays.
Par Gérard Choisnet
Le ministre mauritanien du Pétrole, de l’énergie et des mines, Mohamed Abdel Fetah, et le ministre sénégalais du Pétrole et des énergies, Mansour Elimane Kane, ont signé le 9 février à Nouakchott un accord de coopération intergouvernemental (ACI) pour le développement et l’exploitation conjointe du champ gazier Grand Tortue/Ahmeyim (GTA), découvert en 2015-2016 dans l’océan Atlantique, à cheval sur la frontière maritime commune des deux pays. La cérémonie s’est tenue en présence des chefs d’Etat mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, et sénégalais, Macky Sall.
Le partenariat global entre BP et Kosmos Energy, qui comprend le champ GTA, représente une superficie totale de 33 000 km2, pouvant contenir quelque 50 tcf de gaz et un potentiel de plus de 1 milliard de barils d’hydrocarbures liquides…
« Ce que nous sommes en train de faire est historique », soulignait le président sénégalais. « Lier notre destin, engager nos deux Etats pour travailler de façon responsable, nous accorder sur la nécessité de partager la ressource 50/50 parce qu’elle est à la frontière entre les deux pays … Ce gisement de gaz est très important pour l’avenir de nos deux pays. S’il est exploité comme nous le voulons, il va alors contribuer à accélérer nos processus de développement et d’émergence. »
Selon BP (British Petroleum), cet accord va permettre au projet gazier GTA, opéré par le groupe britannique, de continuer à progresser vers une décision finale d’investissement. L’ACI prévoit le développement du champ gazier dans le cadre d’une unité transfrontalière, avec une répartition initiale 50/50 des ressources et revenus, et un mécanisme pour la détermination future des participations sur la base de la production réelle et d’autres données techniques.
« Ceci marque une étape importante pour ce projet gazier innovant qui reflète le solide partenariat entre la Mauritanie et le Sénégal », estime Bernard Looney, directeur Amont de BP.
Le groupe britannique a achevé une importante étude d’ingénierie sur le projet GTA, un développement intégré d’une chaîne de valeur gazière et gaz naturel liquéfié (GNL) à proximité de la côte, qui exporterait du GNL vers les marchés mondiaux tout en fournissant du gaz au deux pays partenaires. Les ressources de GTA, le plus important gisement d’Afrique de l’Ouest, sont estimées à 15 trillions de pieds cubes (tcf) de gaz, soit environ 450 milliards m3.
BP est entré en Mauritanie et au Sénégal dans le cadre d’un accord avec l’américain Kosmos Energy annoncé en décembre 2016. Au Sénégal, BP détient 60 % des blocs offshore Saint-Louis Profond et Cayar Profond, aux côtés de Kosmos Energy 30 % et de la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen) 10 %. En Mauritanie, BP possède 62 % des blocs offshore C-6, C-8, C-12 et C-13, Kosmos Energy 28 % et la Société mauritanienne des hydrocarbures et de patrimoine minier (SMHPM) 10 %.
Pour Andrew G. Inglis, PDG de Kosmos Energy, « le concept innovant près de la côte utilisé pour GTA positionne ce développement comme l’un des projets GNL aux plus bas coûts dans le monde. La poursuite de l’ingénierie de base permettra une décision finale d’investissement vers fin 2018. » A la suite de la signature de l’ACI, la compagnie américaine espère une première production de gaz en 2021.
Le partenariat global entre BP et Kosmos Energy, qui comprend le champ GTA, représente une superficie totale de 33 000 km2, pouvant contenir quelque 50 tcf de gaz et un potentiel de plus de 1 milliard de barils d’hydrocarbures liquides. « Ce potentiel de 50 tcf est équivalent à la production actuelle de gaz de toute l’Afrique pendant près de sept ans », indiquait en mai dernier Emma Delaney, présidente régionale de BP. « Ainsi, c’est largement suffisant pour 30 à 50 ans de production. » Les deux compagnies envisagent d’investir plusieurs milliards de dollars dans le projet GTA GNL au cours des prochaines années.
Les réserves prouvées de gaz naturel de l’Afrique représentaient 503,3 tcf à fin 2016 (7,6 % des réserves prouvées mondiales), selon la BP Statistical Review of World Energy (juin 2017), dont Nigeria 186,6 tcf, Algérie 159,1 tcf, Egypte 65,2 tcf, Libye 53,1 tcf et autres pays africains 39,3 tcf.