Lancement des travaux du métro d’Abidjan
La métropole abidjanaise recherche des solutions pérennes aux difficultés du transport collectif. Un nouveau projet devrait décongestionner les grands axes aux heures de pointe et réduire le coût du transport, en reliant les zones d’habitation, principalement situées au nord, à la partie sud de la ville, où se tiennent la plupart des activités économiques.
Par Gérard Choisnet
Les présidents ivoirien Alassane Ouattara et français Emmanuel Macron ont lancé le 30 novembre à la gare ferroviaire de Treichville les travaux de construction de la ligne 1du futur train urbain ou ‘métro’ d’Abidjan.
Intervenant à cette occasion, Alassane Ouattara s’est félicité du démarrage de ce projet structurant, qui « va révolutionner et fluidifier le transport urbain à Abidjan », impacter positivement l’économie nationale et la qualité de vie de nombreux Ivoiriens, grâce notamment aux 2 000 emplois qu’il va générer et au gain de temps qu’il va entrainer pour 530 000 Abidjanais devant emprunter quotidiennement ce métro. Cette infrastructure bénéficiera, selon lui, des toutes dernières technologies et d’équipements modernes. « Ce projet est un motif de grande fierté » se félicitait le chef de l’Etat ivoirien, estimant impensable qu’Abidjan, ville de plus de 5 millions d’habitants, n’ait pas son métro pour améliorer sa mobilité et son dynamisme.
« C’est un projet qui changera la vie des habitants, qui permettra de développer l’activité économique et qui est cohérent avec vos engagements climatiques parce qu’il réduira les déplacements individuels », renchérissait Emmanuel Macron, précisant que « ce projet s’accompagne également d’une rénovation des infrastructures et en particulier du pont et d’un travail encore plus profond pour lequel la France est aussi partenaire, la ligne ferroviaire qui, elle aussi, permettra d’améliorer les communications et le rayonnement économique du pays.
Je suis fier qu’un groupement d’entreprises français permette la réalisation de ce projet …et je veux remercier les entreprises françaises, les financeurs français qui sont engagés derrière vous… La France vous a proposé une offre de financement sans précédent… Avec 1,4 milliard d’euros, cette offre constitue l’effort le plus important que la France ait jamais réuni au démarrage d’un projet de transport urbain à l’étranger. »
Le chantier de la ligne 1 s’étend sur 37,5 km et comprend 20 stations, 21 ponts rail-route, un pont-viaduc sur la lagune Ebrié, 40 passerelles piétonnières… Cette ligne desservira la capitale économique sur un axe nord-sud reliant la commune d’Anyama à celle de Port-Bouët, jusqu’à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny. La première phase des travaux Anyama sud-Marcory VGE devrait être achevée mi-2022, et l’ensemble de la ligne 1 Anyama centre-Aérocité mi-2023. La mise en service avait été précédemment annoncée pour 2019-2020.
Le projet est réalisé dans le cadre de la Société de transports abidjanais sur rail (STAR), avec laquelle une convention de concession a été signée le 6 juillet 2015. Le conseil des ministres a approuvé le 25 octobre dernier un avenant à cette convention de concession ainsi qu’un décret sur le rachat d’actions. « La convention conclue avec la STAR, constituée par un consortium de quatre entreprises françaises et coréennes, n’a pu être mise en œuvre en raison de difficultés portant sur la définition du projet et ses modalités de financement », indiquaient les autorités ivoiriennes.
« Aussi, dans le cadre de la relance de ce projet de haute portée stratégique pour le district d’Abidjan, le conseil des ministres a autorisé la signature d’un avenant à la convention de concession prenant en compte de nouvelles modalités de financement et la mise en place d’une nouvelle gouvernance du projet. Cet avenant permet plus précisément à l’Etat de racheter les actions détenues par les sociétés coréennes Hyundai Rotem et Dongsan », actionnaires à hauteur respectivement de 33 % et 9 %, « et de détenir 42% du capital de la STAR. » Le solde du capital de la STAR est réparti entre Bouygues 33 % et Keolis 25 %.
Les travaux sont désormais confiés au consortium réunissant Bouygues Travaux publics (génie civil), Colas Rail (voies et systèmes) également du groupe Bouygues, Alstom (28 rames et signalisation), et Keolis (exploitation et maintenance) du groupe SNCF. Initialement membres du consortium, Hyundai Rotem et Dongsan Engineering ont été remplacées par Alstom, la France ayant pris en charge la totalité du financement des travaux de la ligne 1.
« Nous devons avoir une conduite exemplaire de ces travaux et de cette réalisation », soulignait Emmanuel Macron. « Je souhaite que de manière partenariale, conjointe, nous ayons un comité de suivi de ces travaux qui permettra de s’assurer du bon respect des délais à chaque étape, du respect de toutes les normes et des standards de meilleure qualité internationale, de respect de toutes les règles déontologiques auxquelles nous tenons profondément l’un et l’autre et du respect des répercussions économiques et de l’implication des PME ivoiriennes dans le cadre du projet et du développement économique. Et je demande à ce que notre ambassadeur soit particulièrement impliqué à vos côtés dans le suivi de ce travail. C’est donc pour moi un grand plaisir de développer à vos côtés ce projet très concret». A terme, une seconde ligne desservira un axe ouest-est, de Yopougon à Bingerville.