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Transport

Côte d’Ivoire : Amadou Koné ministre des Transports

  • Publiéjanvier 18, 2018

Les transports ont souffert de la crise, et l’entretien des infrastructures est coûteux. Néanmoins, la Côte d’Ivoire modernise un secteur clé de l’économie, avant de répondre aux défis du développement durable, explique le ministre Amadou Koné.

Interview réalisée par JO, envoyé spécial en Côte d’Ivoire

Quel est l’impact du ministère que vous dirigez dans sa consolidation l’économie ivoirienne ?

Le secteur du transport dans son ensemble repré­sente près de 37 % du PIB. Un niveau considérable, qui n’est pas très loin de ce que pèse le cacao dans la production nationale ! Le secteur contribue, à n’en point douter, à faire tourner toute l’économie nationale et à la structurer.

Pour le ministre des Transports Amadou Koné: Il faut «réparer, moderniser, investir pour le long terme»

La Côte d’Ivoire est considérée comme le pays à la plus forte densité de réseau routier de qualité dans la sous-région ouest-africaine. Avec tout ce qui a été consenti comme investissements depuis plusieurs décennies –, l’essor économique est indéniable.

Le port d’Abidjan constitue le principal pilier de l’édifice, mais le port de San-Pedro monte également en puissance. La bonne connexion entre ces deux ports, l’hinterland ainsi que les pays voisins participent à la consolidation de l’économie.

Avec le Burkina Faso, nous disposons d’une liaison ferroviaire qui permet aux échanges entre Ouaga­dougou et Abidjan d’atteindre des volumes significatifs. Les investissements actuels de l’État ivoirien visent à nous permettre d’avoir un secteur des transports digne de ses ambitions.

Où en est l’idée d’un tramway à Abidjan ?

Nous n’avons pas de projet précis de tramway pour l’instant, nous y songeons pour compléter le dispositif de transport urbain. Nous mettons en oeuvre deux projets de lignes de trains urbains. La Ligne 1, longue de 40 km environ, qui traversera Abidjan du nord au sud ; partant de Anyama, jusqu’à l’aéroport. Les travaux viennent de débuter. De plus, nous recueillons des manifestations d’intérêts pour la « Ligne 2 » qui partira de Yopougon (ouest) et ira à Bingerville (est). Notre volonté est d’inaugurer cette ligne en 2020.

La France met 2 milliards d’euros à notre disposition dans le cadre d’une feuille de route portant sur la coopéra­tion entre les deux pays. Sur l’environnement, les énergies renouvelables, la sécurité, et la mobilité. Nous avons sollicité une somme de 1,4 milliard sur les 2 milliards pour financer la première ligne. Ce sera un prêt concessionnel, car des ressources vont provenir du Contrat de désen­dettement et de développement (C2D), de Bpifrance, de l’AFD, du Trésor français. La France a mobilisé plusieurs instruments pour nous aider à financer le métro.

Dans des communes d’Abidjan comme Koumassi, Vridi, Abobo, Marcory, l’état des routes est dégradé. En avez-vous conscience ?

Le gouvernement en est conscient et il y est sensible. Je peux vous assurer que les réponses vont être appor­tées. Prenons le cas de Koumassi. Le ministre des Infrastructures et celui de la Construction sont allés à plusieurs reprises dans cette commune pour bien comprendre le problème. D’après le rapport qui nous a été transmis, la dégradation de la voirie est d’abord due à l’incivisme des populations. Koumassi est devenu un marché à ciel ouvert, les rues sont transformées en marchés, il n’y a plus de caniveaux, tout est bouché; évidemment tout le réseau d’assainissement a disparu ! Et en conséquence, la route disparaît avec lui.

C’est bien d’aller construire des routes à Koumassi, nous en avons les ressources financières, mais elles ne vont pas durer longtemps ! Le diagnostic a montré qu’en amont, il faut régler la question de l’assainissement. Il nous faut environ 9 milliards à trouver en plus des ressources déjà mobilisées… somme qui n’était pas inscrite au budget de 2017. Le travail sera fait, mais il démarrera par l’assainisse­ment. En 2018, la situation sera réglée.

Quel est votre bilan depuis que vous êtes en charge du ministère ?

Mon rôle est de faire en sorte que nos popula­tions, les biens et marchandises puissent circuler. Sur la circulation des personnes à Abidjan, force est de constater que le secteur des transports a été désorganisé. Nous avions un transport urbain à Abidjan dont l’épine dorsale était la Sotra (Société des transports abidjanais). C’est autour d’elle que tout le reste a été organisé. Tout cela fonctionnait bien. À partir de 1985, la Sotra connaît des difficultés ; pendant ce temps la population croissait de façon extrêmement rapide et avait du mal à circuler. Certaines communes ont proposé des systèmes de taxis communaux pour faciliter la circulation.

À ma nomination en janvier 2017, sur l’ensemble de la commune d’Abidjan, la Sotra avait à peine 100 autobus là où on comptait 400 minibus entre Adjamé et Bingerville. De sorte que les véhicules de transport proliféraient en dehors de tout cadre réglementaire. Évidemment, il était difficile pour le gouvernement d’arrêter tout ceci, d’autant qu’il n’y avait rien d’autre pour transporter les populations.

Pour réorganiser les transports à Abidjan, il fallait que l’État donne les moyens à la Sotra ; qu’elle soit en capacité de jouer son rôle. Nous avons donc accéléré l’acquisition de bus. À ce jour, la Sotra dispose d’environ 600 autobus qui circulent à Abidjan. En 2018, la société comptera un peu plus de 1 000 autobus, en 2019, 1 500 et en 2020, 2 000 autobus.

Parallèlement, la « Ligne 1 » transportera 500 000 passagers par jour, du nord au sud d’Abidjan. Nous aurons une autorité organisatrice de transport à Abidjan. Plusieurs textes clarifieront le rôle des diffé­rentes administrations sur le secteur des transports, dispersé entre plusieurs ministères.

Nous allons aussi mettre l’accent sur la sécurité routière. L’obtention du permis de conduire doit se baser sur des examens rigoureux, la question du contrôle technique des véhicules doit être revue, le contrôle des infractions au Code de la route sera renforcé, etc. La police de l’Office de sécurité routière (OSER) sera dotée de moyens conséquents. Enfin, nous construirons 157 km de couloirs de bus et de taxis à Abidjan.

Écrit par
African Business french

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