Chemin de fer Ngaoundéré-N’Djaména : la voie
Edgard Alain Mébé Ngo’o, ministre des transports du Cameroun, et Adoum Younousmi, ministre des Infrastructures, du désenclavement et l’aviation civile du Tchad, ont présidé à Yaoundé la 4ème session de la Commission ferroviaire Cameroun-Tchad (Comifer).
Par Gérard Choisnet
Cette commission est l’instance qui pilote le projet d’extension du chemin de fer camerounais depuis le terminal Camrail (Bolloré) de Ngaoundéré jusqu’à N’Djamena, la capitale tchadienne.
La Comifer a relevé au titre des progrès enregistrés l’approbation le 28 novembre 2017 par la Banque africaine de développement (BAD) de la proposition de financement pour la réalisation des études de faisabilité, l’assistance technique et la gestion du projet (don FAD au Tchad et prêt FAD au Cameroun, de 2 millions UC soit environ 1,5 milliard de F.CFA chacun).
Parmi les résolutions adoptées figurent la poursuite des diligences en vue de la signature d’accords de financement entre les Etats et la BAD, l’approbation de l’avis général de passation des marchés, des appels à manifestation d’intérêt de consultants pour les études de faisabilité, l’assistance technique au suivi et à la coordination du projet …
Le ministre tchadien a relevé que ce projet nécessite des études préalables pour déterminer avec précision le tracé retenu. Des études économiques sont également attendues pour réunir les bailleurs de fonds et établir des partenariats public/privé, ainsi que des études d’impact environnemental. « Je peux déjà vous dire que toute la communauté des bailleurs de fonds est enthousiasmée du fait que ce projet est extrêmement porteur pour les deux pays, surtout en matières d’affaires », a déclaré Adoum Younousmi.
« Le Cameroun et le Tchad sont les deux pays les plus intégrés de la CEMAC, en termes de réseaux routier, électrique et téléphonique, mais aussi avec le pipeline pétrolier. Aujourd’hui, on travaille à s’interconnecter à partir du réseau ferroviaire, qui est important pour le développement d’un pays enclavé comme le Tchad. Avoir le train de N’Djaména à Douala, notre port principal, c’est un défi majeur».
Les études de faisabilité devraient démarrer en septembre prochain. La construction de la nouvelle voie ferrée de 800 km de long représente un coût évalué à quelque 5 000 milliards de F.CFA (plus de 7,6 milliards d’euros).
Conformément à l’accord bilatéral du 3 juin 2014 créant la commission ferroviaire Cameroun-Tchad en vue du projet d’extension de la voie ferrée, Bolloré Africa Logistics (concessionnaire du chemin de fer existant à travers Camrail) a été retenu comme partenaire technique du projet, chargé « d’appuyer la réalisation des études ; apporter un appui à la préparation des dossiers de présentation du projet aux bailleurs de fonds ; préparer les rencontres avec les bailleurs de fonds ; apporter une contribution aux réflexions et aux montages institutionnels et financiers. »
Le ministre camerounais des Transports a par ailleurs reçu le 23 janvier une délégation de l’Agence française de développement (AFD) pour évoquer notamment les travaux d’extension du chemin de fer camerounais vers le Tchad et la réhabilitation du tronçon Pangar-Ngaoundéré. L’acquisition de 25 voitures-voyageurs négociée avec le groupement franco-coréen Compagnie internationale de maintenance (CIM)-Sung Shin Rolling Stock Technology (SSRST) a également été examinée, et l’AFD a proposé d’accorder un prêt concessionnel, conforme aux exigences du FMI.
«Nous avons parlé de l’importance du secteur ferroviaire et des différents projets, qu’ils soient de réhabilitation ou d’extension, qui vont permettre d’améliorer le service rendu à l’ensemble de la population camerounaise et pour l’économie sous-régionale. Nous n’avons pas encore parlé de montants, mais nous avons exprimé un intérêt fort pour contribuer à la réhabilitation du tronçon afin d’éviter une interruption du trafic», a déclaré Lise Breul, qui conduisait la délégation de l’AFD.