Voyage à bord du Dakar Régional Express

Embarquons de Dakar à la ville futuriste de Diamniadio à bord de la nouvelle ligne de Train express régional du Sénégal. Il rejoint notamment un nouveau stade qui fait la fierté des habitants. On y traverse un pays qui avance avec confiance.
Par Will McBain
Par une fraîche matinée de fin d’hiver, des flots de voyageurs se dirigent du centre-ville de Dakar vers la gare principale datant de l’époque coloniale pour embarquer dans le nouveau TER (Train express régional) à grande vitesse de Dakar. Le projet a coûté 1 milliard d’euros.
La gare a été construite en 1885 pour relier Dakar à Saint-Louis, qui était alors la capitale du Sénégal sous la domination française. Elle a été entièrement rénovée après des décennies de négligence pour accueillir le nouveau train à grande vitesse.
Un billet aller-retour pour Diamniadio, la ville nouvelle en construction à 32 km au sud-est de Dakar, est vendu pour la modique somme de 1 500 F.CFA (2,29 euros). Les voyageurs scannent leurs billets aux barrières et descendent les escaliers vers une plateforme impeccablement propre et fleurie.
« Ces projets ambitieux qui intègrent les énergies renouvelables dans des réalisations telles que les stades nationaux inciteront les jeunes générations à avoir de l’espoir et une culture de l’innovation. »
Le nouveau Sénégal est en train d’émerger et son paysage change très rapidement. Le pays dispose d’un stade de football ultramoderne, des dizaines de centrales éoliennes et solaires et un gigantesque Musée des civilisations noires. Le pays dispose d’un aéroport international, l’aéroport Blaise-Diagne, qui sera bientôt le terminus de notre TER. Tous ces ouvrages, selon le président Macky Sall, ancreront la jeune population sénégalaise dans son histoire.
La stratégie de développement des infrastructures du Sénégal est financée par une économie de plus en plus diversifiée et des prêts de partenaires internationaux désireux de soutenir un gouvernement africain mettant en œuvre une vision à long terme, dans une Afrique de l’Ouest à nouveau en proie à des soubresauts politiques.
Un rêve devenu réalité
Sur le quai, un personnel attentionné oriente les passagers vers le train de 72 mètres, qui compte quatre voitures. La SETER, la société d’exploitation des TER, est la propriété de la française SNCF. Chaque train peut transporter 531 passagers à des vitesses allant jusqu’à 160 km/h.
La première ligne du TER, inaugurée en décembre 2021, dessert treize gares de Dakar à Diamniadio. La deuxième ligne, qui devrait être achevée l’année prochaine, reliera Diamniadio à l’aéroport international Blaise-Diagne, distant de 19 km.
« Nous disons que Dieu bénisse Macky Sall et nos dirigeants pour avoir créé cette ligne et aidé nos rêves à se réaliser », nous confie un passager, alors que son ami porte le maillot de l’équipe de football nationale. On le sait, les Lions de la Teranga ont déclenché des célébrations folles à travers tout le pays en février, après avoir remporté son premier trophée international lors de la dernière Coupe d’Afrique des Nations. L’équipe a battu l’Égypte en finale, après les tirs au but.
Un train toutes les dix minutes
Le train quitte la gare principale de Dakar à l’heure dite, et se dirige vers l’est, longeant la côte Atlantique jusqu’à Rufisque, autrefois une importante ville portuaire, aujourd’hui envahie par l’étalement urbain de Dakar.
« Nous opérons des trains de 5h30 jusqu’au dernier départ à 22h, avec un train toutes les dix minutes », précise Frédéric Bardenet, directeur général de la SETER. Qui précise : « Le nombre estimé pour la première année est de 75 000 passagers par jour, puis l’objectif pour la deuxième année est de 115 000 passagers. » Depuis son inauguration jusqu’au 18 janvier, la moyenne quotidienne oscillait entre 30 000 et 40 000 passagers.
Le gouvernement sénégalais affirme que les embouteillages coûtent à Dakar 152 millions d’euros par an, et en reliant la gare TER aux bus express, de nombreux habitants de Dakar, une ville de plus de trois millions d’âmes, disposent maintenant d’un réseau de transport moderne.
Les trains blanc scintillant sont exploités par une équipe de conducteurs choisis parmi 3 000 candidats. Le recrutement, la sélection et la formation des 16 chefs de train et les dizaines de conducteurs ont commencé dès 2019. Plusieurs ont changé de carrière pour conduire le TER, précise Frédéric Bardenet. La formation a été dispensée par des instructeurs français et sénégalais, qui ont utilisé des simulateurs et un enseignement en classe à Dakar, avant d’emmener les stagiaires en apprentissage de six mois sur les chemins de fer à grande vitesse français.
La SETER exploitera la ligne pendant cinq ans avant de passer le relais à l’État sénégalais, permettant ainsi un transfert de compétences et de connaissances dans tous les domaines, y compris la maintenance.
Un projet phare
La ligne de chemin de fer appartenant à l’État a mis cinq ans à être construite, créant 8 500 emplois. Elle est l’un des projets phares du Plan Sénégal émergent de Macky Sall. Elle a reçu le soutien de l’AFD (Agence française de développement) qui a accordé un prêt de 250 millions de dollars, et de la BAD (Banque africaine de développement) qui a prêté 192 millions $.
La BAD affirme que 80% des 13 millions de trajets quotidiens effectués par les citoyens de Dakar sont effectués à pied, faute de moyens de transport bon marché et efficaces. La population de Dakar augmente de 100 000 personnes chaque année, et en assurant un temps de trajet de seulement 45 minutes entre Dakar et Diamniadio, le gouvernement espère que la nouvelle ville allégera le fardeau sur les emplois et le logement dans la capitale.
Le Sénégal promeut Diamniadio en tant que pôle des technologies de l’information et de la communication. Un espace dédié aux TIC est en cours de construction et Macky Sall prévoit de favoriser le secteur technologique, en créant 35 000 emplois directs et 105 000 emplois indirects, d’ici à 2025.