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Société

Une « Déclaration de Dar es Salaam » pour le capital humain

Une « Déclaration de Dar es Salaam » pour le capital humain
  • Publiéaoût 3, 2023

De nombreux pays africains signent un appel à l’investissement dans les populations africaines en tant que moteur essentiel de l’innovation, de la productivité, de la résilience et de la croissance.

 

Les dirigeants africains de 43 pays ont convenu d’intensifier les efforts pour renforcer la quantité, l’efficacité et l’impact des investissements dans leurs populations dans la « Déclaration de Dar es Salaam », publiée le 2 août 2023. L’Afrique subsaharienne est la région du monde la moins bien classée selon l’indice du capital humain (ICH) de la Banque mondiale, mais elle est confrontée à une explosion de la jeunesse qui pourrait servir à dynamiser les économies africaines si les politiques et les investissements adéquats étaient mis en œuvre dès aujourd’hui.

Les pays favoriseront un environnement propice à la recherche scientifique, au transfert de technologies et à l’innovation, en encourageant la collaboration entre les universités, l’industrie et les gouvernements.

Les dirigeants se sont réunis pendant deux jours à l’occasion du premier sommet des chefs d’État sur le capital humain en Afrique, organisé conjointement par le gouvernement tanzanien et la Banque mondiale. Ce sommet a constitué un appel à l’action au plus haut niveau sur l’importance d’investir dans les populations africaines en tant que moteur essentiel de l’innovation, de la productivité, de la résilience et de la croissance sur le continent. Il a également souligné l’urgence de s’occuper de la population jeune et en croissance rapide de l’Afrique, et la nécessité de créer des emplois productifs et des marchés fonctionnels qui peuvent tirer le meilleur parti de ces changements démographiques.

L’ICH de l’Afrique, qui est de 0,40, signifie que la région n’atteint que 40 % de son potentiel de productivité. De nombreux enfants et jeunes d’Afrique subsaharienne se heurtent à des obstacles importants qui les empêchent de réaliser leur potentiel, en raison d’un accès insuffisant à des services essentiels tels que la santé et l’éducation, et de leur mauvaise qualité. Aujourd’hui, environ 89 % des enfants de dix ans sont incapables de lire et de comprendre un texte simple. Ces défis ont été exacerbés par diverses crises, notamment les épidémies, des conflits et des sécheresses et inondations provoquées par le changement climatique.

Selon la Banque mondiale, la déclaration de Dar es Salaam « constitue un engagement financier et politique tangible pris par les dirigeants africains pour donner la priorité à l’investissement dans les personnes en vue de récolter un dividende démographique ». La déclaration reconnaît que l’atout le plus important de l’Afrique est sa population et qu’il n’y a pas de temps à perdre.

 

Priorité aux compétences fondamentales

Nous publions quelques extraits de cette déclaration des pays africains. Notamment, les pays s’engagent :

À poursuivre l’agenda 2063 de l’Union africaine, en mettant un accent renouvelé sur l’exploitation du dividende démographique par le biais d’une attention particulière à l’éducation, au travail décent et à l’emploi, à la sécurité et à la protection sociale, à la santé et à la nutrition, ainsi qu’à l’autonomisation des femmes et des jeunes.

Plus précisément, ils s’engagent à donner la priorité à l’éducation et au développement des compétences. En effet, reconnaissant qu’une éducation de qualité et le développement des compétences sont des fondements essentiels du développement du capital humain, ils s’engagent à accroître les investissements dans les systèmes éducatifs, depuis l’éducation de la petite enfance jusqu’à l’enseignement supérieur et la formation professionnelle, afin de garantir un accès équitable et d’améliorer les résultats de l’apprentissage.

Les pays donneront la priorité au développement des compétences fondamentales et des compétences utiles pour l’avenir du travail, de l’entrepreneuriat et de l’innovation, en encourageant une culture de l’apprentissage tout au long de la vie. En conséquence, ils s’engagent à rendre l’éducation plus accessible, plus abordable et de meilleure qualité, ainsi qu’à réduire la pauvreté éducative dans nos pays d’au moins un quart d’ici à 2030 et à améliorer les taux d’alphabétisation pour atteindre 75 % d’ici à 2030.

En matière de santé et de bien-être, les pays s’engagent à investir dans des systèmes de soins de santé accessibles, abordables et de qualité, en mettant l’accent sur la survie des enfants, les soins de santé préventifs, les services de soins de santé primaires et la réduction de la mortalité maternelle, néonatale, infantile et juvénile.

Les pays veulent s’attaquer au fardeau des maladies infectieuses, des maladies non transmissibles et des problèmes de santé, afin de promouvoir le bien-être général de tous les Africains. En matière de nutrition, nous nous engageons à réduire l’émaciation, le retard de croissance et l’insuffisance pondérale. Ainsi s’engagent-ils à une couverture vaccinale de 90 % d’ici à 2030. Et à réduire la mortalité maternelle à 70 pour 100 000 naissances vivantes, la mortalité des enfants de moins de cinq ans à 25 pour 1 000 naissances vivantes et les retards de croissance à 40 %, d’ici à 2030.

 

Pour la création d’emplois

D’autre part, les pays soulignent l’importance de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles dans le développement du capital humain. Donc, ils s’engagent à supprimer les obstacles qui empêchent les femmes et les filles d’accéder à l’éducation, aux soins de santé et aux opportunités économiques. Ils encourageront les politiques et les initiatives qui soutiennent l’intégration de la dimension de genre, le développement de l’esprit d’initiative et l’esprit d’entreprise chez les femmes et les filles. Et à élargir l’accès à l’enseignement secondaire et supérieur à au moins 20 millions d’adolescentes supplémentaires sur le continent d’ici à 2030, à faire en sorte que 40 % des filles âgées de quinze ans reçoivent les doses recommandées de vaccin contre le papillomavirus d’ici à 2025 et à réduire de moitié le nombre de grossesses chez les adolescentes d’ici à 2030.

Ils s’engagent à promouvoir la création d’emplois et d’opportunités économiques. Donc à mettre en œuvre des politiques qui attirent les investissements nationaux et étrangers, encouragent l’esprit d’entreprise et facilitent la croissance des petites et moyennes entreprises. Ce, en donnant la priorité aux secteurs à fort potentiel de création d’emplois, tels que l’agriculture, les énergies renouvelables, les technologies numériques et l’industrie manufacturière. Il faudra alors dispenser une formation qualifiante à 19 millions de personnes supplémentaires afin qu’elles acquièrent des compétences numériques pour l’emploi d’ici à 2030

De plus, les pays s’engagent à assurer la protection sociale et l’inclusion. Ce qui signifie disposer de filets de Sécurité sociale complets, notamment en matière d’assurance sociale, d’accès à un logement de qualité, à l’eau potable, à l’assainissement et à l’électricité. « Nous donnerons la priorité à l’inclusion des personnes handicapées, des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur du pays, en veillant à ce que personne ne soit laissé-pour-compte », énonce la Déclaration. À cet égard, tous les pays du continent disposeront d’un registre social opérationnel d’ici à 2030.

Enfin, les pays favoriseront un environnement propice à la recherche scientifique, au transfert de technologies et à l’innovation, en encourageant la collaboration entre les universités, l’industrie et les gouvernements. Et mobiliseront les ressources et les partenariats entre les gouvernements, les organisations internationales, la société civile, le secteur privé et le monde universitaire afin de favoriser une action coordonnée et le partage des connaissances. Ce qui veut dire augmenter de 3 % d’ici à 2030 les ressources nationales consacrées aux résultats en matière de capital humain.

La déclaration se double d’un appel aux organisations internationales de développement.

@NA

Écrit par
Aude Darc

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