Une déclaration d’Addis-Abeba pour relancer la vaccination

Les dirigeants africains appellent à une action urgente pour redynamiser la vaccination. La couverture vaccinale pour de nombreuses maladies évitables par la vaccination est bien inférieure aux critères requis que l’Afrique soit épargnée par leur propagation.
Réunis à Addis-Abeba sous l’égide de l’Union africaine, les chefs d’États du continent ont adopté diverses mesures afin de relancer la vaccination sur le continent. L’épidémie de la Covid-19 a perturbé les programmes de vaccination contre d’autres maladies, notamment auprès des enfants, et augmenté les risques d’épidémie de maladies évitables.
Selon les estimations de l’Unicef et de l’OMS, 8,4 millions d’enfants en Afrique (et 18 millions dans le monde) ont été exclus des services de vaccination en 2021. L’accès aux services de vaccination est encore plus difficile dans les communautés pauvres ou marginalisées et dans celles rendues vulnérables par des conflits ou dans celles qui vivent dans des environnements fragiles.
« La pandémie de Covid-19 a eu une incidence très négative sur les efforts de vaccination en Afrique et il est désormais primordial pour nous de mener des campagnes de rattrapage, d’œuvrer pour le relèvement et de travailler pour le retour à la normale. »
C’est pourquoi les chefs d’État et de gouvernement africains ont approuvé une déclaration visant à créer une dynamique pour la reprise de la vaccination de routine en Afrique. À cet effet, les dirigeants africains se sont engagés à « renforcer la dynamique pour que toutes les populations bénéficient d’un accès universel à la vaccination afin de réduire la mortalité, la morbidité et le handicap et, partant, de faire en sorte que les pays puissent atteindre les cibles des objectifs de développement durable liés à la santé qu’ils se sont fixées, ainsi que leurs objectifs économiques et de développement ».

« Nous sommes convaincus qu’il est possible d’atteindre les objectifs nationaux et mondiaux en matière de vaccination, y compris les objectifs d’éradication et d’élimination », commente Julius Maada Bio, président de la Sierra Léone. « Nous croyons que les progrès dans la réalisation de ces objectifs constituent un levier pour des résultats de santé équitables pour les enfants, les mères et la population dans son ensemble. Et nous pensons, en tant que gouvernement, que le retour sur investissement de la vaccination est très élevé pour notre quête d’atteindre les ODD. »
La déclaration appelle à des mesures urgentes pour lever « les obstacles persistants dans les systèmes de vaccination et de prestation de soins de santé, en particulier dans les communautés les plus pauvres, vulnérables et marginalisées ».
Un investissement utile
Sur le continent, la couverture vaccinale pour de nombreuses maladies évitables par la vaccination est bien inférieure à la fourchette de 90 %-95 % requise pour que l’Afrique reste exempte de ces maladies. Par exemple, en 2021, la couverture vaccinale moyenne contre la rougeole était de 69 %, alors que celle contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche était de 82,5 % et que la couverture pour la troisième dose du vaccin contre la polio était de 81,5 %.

Dans ce contexte, « les dirigeants africains ont pour mandat de mobiliser un financement durable pour élargir l’accès à la vaccination et de travailler avec les communautés pour renforcer les systèmes de vaccination partout sur le continent », réagit Minata Samaté Cessouma, Commissaire à la santé de l’UA. « Nous pouvons mettre fin aux maladies évitables par la vaccination et sauver un nombre encore plus important de vies. Cette démarche est essentielle pour bâtir des communautés saines et prospères. »
La déclaration signée ce 20 février 2023 invite expressément les pays à maintenir la vaccination comme une priorité alors qu’ils se relèvent de la Covid-19, et à vacciner tous les enfants qui n’ont pas encore été protégés. Les chefs d’État ont aussi lancé un appel aux pays à agir rapidement pour accroître le soutien aux efforts déployés pour l’éradication de la poliomyélite – qui se trouvent dans la dernière ligne droite – et pour utiliser les enseignements tirés du programme de vaccination contre la poliomyélite pour renforcer les capacités de vaccination de routine partout sur le continent.
« La vaccination sauve des vies. C’est l’un des meilleurs investissements en matière de santé que l’argent peut offrir », martèle Matshidiso Moeti, directrice de l’OMS pour l’Afrique. « La pandémie de Covid-19 a eu une incidence très négative sur les efforts de vaccination en Afrique et il est désormais primordial pour nous de mener des campagnes de rattrapage, d’œuvrer pour le relèvement et de travailler pour le retour à la normale. »
En Afrique, les maladies évitables par la vaccination sont responsables de 93 % des épidémies de maladies infectieuses en cours. Des épidémies de maladies évitables par la vaccination sévissent dans 31 pays africains, et 17 d’entre eux ont même connu plusieurs épidémies de maladies évitables par la vaccination. Si la volonté politique n’est pas réaffirmée et si des efforts intensifiés ne sont pas consentis immédiatement, l’on estime que la couverture vaccinale ne reviendra pas aux niveaux de 2019 avant 2027.
PF, avec un compte rendu de l’OMS.
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En bref
Vaccination efficace contre le poliovirus sauvage en Afrique australe
Un an après la confirmation par le Malawi de son premier cas de poliovirus sauvage de type 1 en trente ans, plus de 33 millions d’enfants ont été vaccinés contre le virus dans cinq pays d’Afrique australe et 80 millions de doses ont été administrées au cours de l’année dernière.
Au total neuf cas de poliovirus sauvage ont été notifiés jusqu’à présent, dont un au Malawi et huit au Mozambique voisin depuis la déclaration de l’épidémie le 17 février 2022 au Malawi. Le dernier cas confirmé à ce jour remonte au mois d’août 2022 au Mozambique. Le poliovirus sauvage détecté au Malawi et au Mozambique est originaire du Pakistan, l’un des deux derniers pays endémiques.
@NA