Une cartographie du bien-être des enfants

D’après Afrobarometer, les Africains prennent davantage conscience de l’importance du bien-être des enfants, mais on observe, en particulier dans les pays francophones et sahéliens, une tolérance à l’égard de l’usage de la force dans l’éducation.
L’Afrique doit redoubler d’efforts pour améliorer le bien-être de ses enfants, conclut une enquête menée par Afrobarometer, en collaboration avec Data for Governance Alliance et Laws Africa.
Les « cartes pays » conçues par l’institut dévoilent le point de vue des citoyens africains sur la discipline des enfants avec la force physique, la fréquence de négligence et de maltraitance des enfants, et la question de savoir s’il existe une aide pour les enfants vulnérables au niveau communautaire. On voit par exemple que l’usage de la force physique pour discipliner les enfants est toujours considéré comme bénéfique pour les adultes africains, même si l’opposition à son usage prend lentement de l’ampleur.
En moyenne, seuls 44% des Africains approuvent les performances de leur gouvernement en matière de protection et de promotion du bien-être des enfants vulnérables. Les citoyens économiquement défavorisés sont les moins susceptibles de considérer les efforts de leur gouvernement comme adéquats.
« Sur les 33 pays sondés, 16 affichent une baisse significative du soutien aux châtiments corporels, notamment de fortes baisses en Tanzanie, au Kenya, au Botswana et au Libéria », précise Anyway Chingwete, directrice adjointe des enquêtes d’Afrobarometer,
« Cette tendance suggère que la condamnation internationale des châtiments corporels et l’accent croissant mis sur les droits de l’enfant pourraient avoir un effet », poursuit l’analyste. Qui fait allusion à la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant et à la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant. Laquelle Charte n’a pas été signée par le Maroc et la Tunisie, seuls pays réfractaires parmi les 39 étudiés.

Selon l’enquête, la plupart des Africains déclarent que la maltraitance et la négligence envers les enfants sont rares, et plus de la moitié déclarent que des services sont disponibles dans leur communauté pour soutenir les enfants maltraités ou négligés, les enfants portant un handicap physique et les enfants et adultes souffrant de problèmes mentaux ou émotionnels.
Pour autant, moins de la moitié pensent que leur gouvernement fait du bon travail en matière de protection et de promotion du bien-être des enfants. Ces évaluations varient considérablement selon les pays et la situation économique des répondants, suggérant des opportunités d’interventions pour renforcer la protection de l’enfance.
La discipline physique reste appréciée (des adultes)
Voyons quelques résultats clefs, en notant le « biais de perception » inhérent à ce type d’enquête, les réponses dépendant de la subjectivité de chacun sur les notions utilisées.
Au chapitre de l’utilisation de la force physique pour discipliner les enfants, en moyenne, dans 39 pays, 61% des Africains estiment que les parents ont raison de recourir à la force physique pour discipliner leurs enfants. L’approbation des châtiments corporels a légèrement diminué au cours des cinq dernières années.
Alors que le soutien à la discipline physique approche neuf citoyens sur dix au Bénin (88%), au Cameroun (87%), au Burkina Faso (86%) et au Niger (85%), seize pays enregistrent des baisses significatives depuis le cycle d’enquêtes mené entre 2016 et 2018, y compris de fortes baisses en Tanzanie (-31 points), au Kenya (-24 points), au Botswana (-22 points) et au Liberia (-22 points).
L’acceptation des châtiments corporels est l’opinion majoritaire dans les principaux groupes démographiques, mais elle varie en fonction du statut social et économique (Figure 4). Si les femmes et les hommes sont d’accord sur cette question, le soutien au châtiment corporel s’accroît avec l’expérience de la pauvreté vécue par les citoyens, de 50% chez les plus nantis à 65% chez les plus pauvres. De même, les répondants sans instruction formelle (70%) sont nettement plus susceptibles d’approuver le recours à la force physique que leurs concitoyens formellement instruits (60%). Cette pratique est un peu mieux acceptée dans les zones rurales que dans les villes (63% contre 59%).
Abus, maltraitance et négligence envers les enfants : environ un tiers (35%) des citoyens déclarent que les abus, la maltraitance et la négligence envers les enfants sont « assez fréquents » ou « très fréquents » dans leur communauté, tandis que 64% les décrivent comme des événements peu fréquents. Les perceptions d’abus généralisés vont de 16% en Tanzanie à 63 % au Libéria.
Les habitants des villes (38%) sont plus susceptibles que ceux des zones rurales (31%) de déclarer que la violence, la maltraitance et la négligence envers les enfants sont courantes dans leur communauté, de même que les jeunes (37%) par rapport aux générations plus âgées (31%-33%) (Figure 8). La perception de la violence, de la maltraitance et de la négligence envers les enfants comme un problème répandu s’accroît avec le niveau d’instruction des répondants, de 28% chez ceux qui n’ont pas reçu d’instruction formelle à 36%-37% de ceux qui possèdent au moins un diplôme d’études secondaires. On observe également un écart de 10 points de pourcentage entre les citoyens les plus pauvres (38%) et les plus aisés (28%).
Services de soutien aux enfants vulnérables : la majorité déclare que des services sont disponibles dans leur communauté pour soutenir les enfants maltraités ou négligés (58%), les enfants ayant un handicap physique (56%) et les enfants et adultes ayant des problèmes mentaux ou émotionnels (52%).
@NA