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Société

Une approche éducative innovante au Bénin

Une approche éducative innovante au Bénin
  • Publiéoctobre 10, 2022

Un programme béninois visant à prémunir les élèves contre toute forme de violence, y compris celle du système éducatif lui-même, reçoit le prix Unesco-Hamdan. Un prix qui met en relief le besoin de revaloriser le métier d’enseignant, en Afrique subsaharienne.

 

Trois programmes innovants en matière d’éducation ont été distingués par le prix Unesco-Hamdan pour le développement des enseignants. Parmi eux, « Apprendre en paix, enseigner sans violence », de Graine de paix, au Bénin. Qui recevra la somme de 100 000 dollars afin de poursuivre son travail de promotion de pratiques innovantes dans l’enseignement.

Ce programme béninois fournit des solutions éducatives axées sur la manière de prévenir toute forme de violence, d’empêcher la radicalisation et de favoriser le bien-être, une culture de paix, de la sécurité, l’équité et l’inclusion.

« Nous appelons à faire en sorte que l’on fasse confiance aux enseignants et que ces derniers soient reconnus comme des producteurs de savoirs, des professionnels avisés et des partenaires stratégiques. »

Les enseignants apprennent à passer de postures autoritaires, punitives et violentes, à des postures positives qui responsabilisent les élèves. Le projet est basé sur des approches pédagogiques testées dans différents pays (Suisse, France, Côte d’Ivoire) et appliquées au contexte béninois. Plus de 4500 enseignants ont été formés, 2 500 parents ont été sensibilisés et plus de 250 000 enfants ont bénéficié du projet.

« Mettre en place une telle refonte au Bénin pourrait sembler impossible, mais elle réussit parce que les acteurs éducatifs sont touchés de voir à quel point la diminution des violences éducatives améliore la motivation des élèves », commente Graines de paix sur son – particulièrement riche – site internet. L’association d’origine helvétique déplore qu’au Bénin, comme d’ailleurs chez ses voisins d’Afrique de l’Ouest, la quasi-totalité des enfants soit soumis à des violences physiques. Des programmes innovants permettent une plus grande fréquentation de l’école et un moindre abandon scolaire. « C’est un changement de taille que les organisations internationales reconnaissent désormais le lien entre la pauvreté d’apprentissage et la violence disciplinaire », commente Delia Mamon (au centre, sur la photo ci-dessus), fondatrice de Graines de Paix. Ces thématiques étaient, jusqu’à peu, traitées distinctement.

L’Unesco a également remis un prix au projet Tamam développé au Liban ; il permet une étroite collaboration entre les universitaires et les professionnels de l’éducation afin d’élaborer des stratégies ancrées dans les contextes socioculturels de la région arabe, y compris le Soudan et l’Égypte.

Et a récompensé le programme PH4 (« Former les enseignants pour transformer Haïti »), qui s’adresse aux enseignants et aux directeurs d’école, parents et membres de la communauté. Il consiste en un cycle comprenant le diagnostic des écoles, la formation, le coaching à distance et l’observation des classes. Il vise, entre autres objectifs, à améliorer la créativité et la pensée critique chez les élèves.

Graines de Paix déploie une de ses expositions interactives phares dans les écoles béninoises pour apprendre aux enfants à canaliser leurs émotions et à mieux vivre leur scolarité.
Graines de Paix déploie une de ses expositions interactives phares dans les écoles béninoises pour apprendre aux enfants à canaliser leurs émotions et à mieux vivre leur scolarité.

 

En bref

Un constat et un plaidoyer pour les enseignants

 

Lors de la récente Journée mondiale des enseignants, le 5 octobre 2022, diverses personnalités, dont Gilbert Houngbo (Organisation internationale du travail), ont signé un plaidoyer en faveur de la revalorisation du métier d’enseignant. « Si nous ne transformons pas leurs conditions de travail, la promesse de cette éducation restera hors de portée de ceux qui en ont le plus besoin », expliquent les signataires, dont Audrey Azoulay (Unesco). Pour cela, il faut disposer d’un nombre suffisant d’enseignants. « Or, dans de nombreuses régions du monde, les classes sont surchargées et les enseignants trop peu nombreux, en plus d’être submergés de travail, démotivés et sans soutien. »

Le constat de l’Unesco est édifiant : l’Afrique subsaharienne, qui possède les classes les plus surchargées au monde, est aussi la région où les enseignants ont la charge de travail la plus lourde. Les pénuries d’enseignants y sont également les plus criantes, 90 % des écoles secondaires souffrent de sévères manques de personnel. Pour atteindre les objectifs fixés par l’Agenda 2030, il manque en Afrique subsaharienne 5,4 millions d’enseignants au niveau primaire et 11,1 millions d’enseignants au niveau secondaire. Dans la région, les enseignants doivent composer avec 56 élèves en moyenne, un ratio « particulièrement élevé ».

D’où l’appel aux pays « à faire en sorte que l’on fasse confiance aux enseignants et que ces derniers soient reconnus comme des producteurs de savoirs, des professionnels avisés et des partenaires stratégiques ».

@NA

 

Écrit par
Aude Darc

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