Pretoria veut la prochaine Coupe du Monde féminine

L’Afrique du Sud est candidate à l’organisation de la Coupe du Monde féminine en 2027. L’événement serait de nature à dynamiser le football féminin et l’émancipation des femmes sur le continent. Et aiderait le pays à résoudre quelques difficultés sociales.
La Coupe du Monde féminine de la FIFA s’est achevée le 20 août 2023, après un tournoi très réussi en Australie et en Nouvelle-Zélande, qui a battu des records d’affluence et généré des audiences télévisées sans précédent dans le monde entier.
L’Afrique du Sud est l’une des quatre candidatures en lice pour 2027, les autres étant le Brésil, une candidature conjointe des États-Unis et du Mexique, et une candidature conjointe de la Belgique, de l’Allemagne et des Pays-Bas.
La candidature gagnante sera annoncée lors du Congrès de la FIFA à Bangkok en mai 2024.
Sur le terrain, les équipes africaines ont réalisé d’excellentes performances en 2023. Trois des quatre équipes africaines, le Maroc, le Nigeria et l’Afrique du Sud, ont atteint la phase à élimination directe.
La popularité du football féminin est en hausse dans toute l’Afrique, qui n’a jamais accueilli l’événement phare du football féminin. La Confédération africaine de football compterait 150 000 joueuses sur le continent.
L’organisation de la première Coupe du Monde féminine en Afrique contribuerait à stimuler l’intérêt pour ce sport et à créer un « impact social durable sur la société », juge Tumi Dlamini, président du comité de candidature sud-africain. « Il n’est pas de meilleur endroit que l’Afrique pour que la FIFA démontre son engagement en faveur de l’émancipation des femmes et de la transformation de la vie des petites filles. »
Danny Jordaan, président de la Fédération sud-africaine de football, a déclaré aux médias en juillet qu’une candidature réussie contribuerait à combler le fossé économique entre le football européen et le football africain. « Sur les recettes mondiales du football, 80 % vont à l’Europe. L’Afrique est donc en marge. Si nous restons les bras croisés, le football féminin connaîtra le même sort et nous aurons du mal à combler le fossé… » Danny Jordaan considère que son pays présente « une candidature solide pour obtenir, je l’espère, la Coupe du Monde féminine ; organiser l’événement inspirera, revigorera et renforcera le football féminin sur le continent et comblera ce fossé plutôt que de laisser le schéma se répéter ».
Le dirigeant a dévoilé des plans visant à créer une ligue professionnelle de football féminin en Afrique du Sud et considère que l’accueil de la Coupe du monde soutiendrait le projet.
Un événement rentable, en 2022
Selon Jee-A van der Linde, économiste principal à Oxford Economics Africa, la Coupe du monde pourrait également donner un coup de pouce bienvenu à l’économie sud-africaine en difficulté. « L’industrie du tourisme devrait bénéficier grandement d’un tel événement, et la Coupe du monde pourrait donner un coup de fouet à l’économie et débloquer des opportunités d’emploi dont le pays a grand besoin. »
Bien que les avantages économiques de l’organisation de grands tournois sportifs fassent l’objet d’un débat considérable en raison des coûts supportés par les pays hôtes, Football Australia estime à plus de 400 millions de dollars les bénéfices du tournoi de cette année, et Tourism Australia recense que 694 000 nuitées supplémentaires ont été réservées dans le pays par les supporters qui se sont déplacés.
L’un des points forts de la candidature sud-africaine – et qui la rend rentable pour les hôtes potentiels – est que le pays dispose encore d’une infrastructure footballistique substantielle depuis qu’il a accueilli la version masculine de la Coupe du Monde en 2010.
La candidature prévoit d’utiliser huit des dix stades qui ont accueilli des matches en 2010, ce qui signifie que le débat sur les stades « éléphants blancs » qui suit fréquemment les événements sportifs internationaux, comme la Coupe du monde masculine de 2022 au Qatar, ne risque pas de se répéter.
Plus problématique est la question de savoir si l’Afrique du Sud dispose d’un approvisionnement en eau et en électricité suffisamment fiable pour accueillir un afflux de centaines de milliers de supporters venus de l’étranger.

La ville du Cap a réussi à faire en sorte que les pannes d’électricité n’affectent pas la Coupe du monde de netball, qui s’est déroulée dans la ville en juillet et en août.
Cependant, les joueuses de l’équipe féminine de cricket d’Angleterre ont raconté sur Twitter leur expérience d’une coupure d’électricité en plein trajet sur le téléphérique de Table Mountain pendant la Coupe du monde féminine T20 de l’ICC en février.
Avec une compétition aussi intense, l’Afrique du Sud doit convaincre la FIFA que les délestages et autres problèmes d’infrastructure n’entraîneront pas de difficultés pour les joueurs, les supporters et les organisateurs.
Un coup de pouce au foot féminin
« Le taux élevé de criminalité, les coupures de courant irrégulières et les interruptions fréquentes de l’approvisionnement en eau dans les grandes zones métropolitaines sont quelques-uns des facteurs clés qui pourraient compromettre la candidature de l’Afrique du Sud », reconnaît Jee-A van der Linde. « Malheureusement, il n’existe pas de solution facile à court terme pour résoudre ces problèmes. »
Mais une candidature réussie pourrait apporter une attention sans précédent au football féminin sur le continent. L’Australie a été saisie par le succès de son équipe des Matildas, dont la défaite en demi-finale contre l’Angleterre est devenue l’émission de télévision la plus regardée en Australie. Sur le terrain, les équipes africaines ont réalisé d’excellentes performances en Australie et en Nouvelle-Zélande. Trois des quatre équipes africaines, le Maroc, le Nigeria et l’Afrique du Sud, ont atteint la phase à élimination directe. Les Super Falcons du Nigeria ont eu la malchance d’être éliminées aux tirs au but par l’Angleterre, futur finaliste, au deuxième tour.
@NA