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Société

Pour une éducation de qualité au Sahel

Pour une éducation de qualité au Sahel
  • Publiédécembre 8, 2021

Les dirigeants du Sahel, appuyés par la Banque mondiale, veulent intensifier leur budget consacré à l’éducation. Une nécessité dans une région où l’éducation des filles est défaillante et où de nombreux jeunes se tournent vers le djihadisme, faute d’une formation de qualité.

Par Marie-Anne Lubin

Les dirigeants africains et leurs partenaires veulent aller au-delà du constat alarmiste, et mettre en œuvre des actions concrètes. Les participants au Sommet sur l’éducation au Sahel, qui s’est tenu le 5 décembre 2021, ont signé un texte commun, appelé « la déclaration de Nouakchott » qui identifie les besoins et marque leur volontarisme dans l’apport de réponses.

Ce sommet était placé sous le thème « Le Sahel de demain se construit à l’école aujourd’hui ». Il était convié à l’initiative du président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani et de son homologue du Niger, Mohamed Bazoum.

Il a réuni des chefs de délégations des pays du Sahel, en présence du vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et centrale.

Les pays du Sahel veulent augmenter la part de l’éducation dans les dépenses publiques pour atteindre le niveau de la moyenne de l’Afrique subsaharienne au plus tard en 2030, tout en s’efforçant d’améliorer l’efficacité et la qualité de ces dépenses.

Dans la perspective d’un avenir meilleur pour les jeunes sahéliens, le texte final identifie trois objectifs fondamentaux : améliorer la qualité des apprentissages, augmenter la participation des filles à l’enseignement secondaire, et renforcer les compétences de base et l’alphabétisation des jeunes adultes qui ont quitté l’école.

« Je vais sans tarder travailler à la refondation de notre système éducatif. L’objectif est de faire de l’école une école républicaine qui soit un gage d’intégration pour les générations et qui redonne force et confiance à la jeunesse », a ainsi promis Mohamed Ould Ghazouani.

« Une jeunesse qui saura compter ses compétences et faire valoir les valeurs de citoyenneté pour le renforcement de l’État et de la société. La formation dans les domaines liés aux secteurs économiques prometteurs sera une priorité pour les jeunes. »

Un cercle vicieux à briser

Un système éducatif performant augmente la productivité et l’emploi, et mène à de meilleurs résultats en matière de santé, de fonctionnement des institutions publiques et de maintien de la paix, juge la Banque mondiale.

Qui relève que ces quinze dernières années, les pays du Sahel ont réalisé d’important progrès, le taux d’inscription de l’enseignement primaire a presque doublé tandis que celui de l’enseignement secondaire a triplé.

Toutefois, les pays du Sahel doivent encore surmonter de nombreux défis pour offrir l’accès universel à l’éducation et offrir une instruction de qualité à l’ensemble de sa jeunesse.

Une école désertée au Sahel, en raison de la menace djihadiste (Source : Unicef).

« Nous sommes dans un cercle vicieux. Plus nous faisons d’enfants, moins nous sommes capables de les éduquer, moins nous les éduquons, plus ils feront des enfants à leur tour, facteurs dans notre contexte social économique de retard de développement et de croissance », a déploré Mohamed Bazoum.

« Tous les jeunes mobilisés aujourd’hui dans le terrorisme présentent une caractéristique : celle de n’être jamais à l’école ou tout au plus y avoir été, mais de façon insuffisante. »

D’où l’importance de se doter d’une feuille de route pour mieux prioriser et coordonner les politiques et investissements dans le domaine de l’éducation, au cours des dix prochaines années.

« Compte tenu de l’urgence de relever les défis qui se posent au système éducatif dans les pays du Sahel, nous allons intensifier notre appui au secteur dans son ensemble avec un accent particulier sur l’accès équitable à l’éducation et au renforcement de sa qualité », a expliqué Ousmane Diagana, représentant de la Banque mondiale.

Selon qui « l’expérience internationale démontre que si les reformes sont mises en œuvre de façon coordonnées et inclusives, les réussites sont possibles ».

Augmenter les budgets

Pour changer la donne, les dirigeants du Sahel ont fait appel à un engagement politique de long terme autour de trois cibles essentielles.

Premièrement, il s’agit de prioriser les actions et les financements autour d’objectifs chiffrés pour réduire la pauvreté des apprentissages, promouvoir une participation accrue des filles à l’enseignement secondaire, et renforcer les compétences de base et l’alphabétisation des jeunes adultes qui ont quitté l’école.

Deuxièmement, les partenaires s’engagent à améliorer le mode de recrutement, de formation, et de déploiement des enseignants, tout en participant aux programmes internationaux d’évaluation périodiques des acquis scolaires et autres apprentissages.

Enfin, ils veulent augmenter la part de l’éducation dans les dépenses publiques pour atteindre le niveau de la moyenne de l’Afrique subsaharienne au plus tard en 2030, tout en s’efforçant d’améliorer l’efficacité et la qualité de ces dépenses.

L’éducation représentait 3,5% du PIB du Niger en 2019, cette part était de 3,4% au Mali et au Tchad, et de 1,9% en Mauritanie. Des chiffres inférieurs aux standards de l’Afrique subsaharienne (entre 4,5% et 5%).

La déclaration de Nouakchott insiste aussi sur l’importance du développement au cours de la petite enfance, « afin que tous et toutes arrivent à l’école en mesure d’apprendre tout au long de la vie ».

@Malu

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Par Marie-Anne Lubin

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