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Société

Lutter contre les grossesses non désirées

Lutter contre les grossesses non désirées
  • Publiéavril 8, 2022

L’UNFPA publie un remarquable rapport sur un fléau mal connu, mal quantifié : les grossesses non intentionnelles. Une somme pour comprendre l’état des lieux dans le monde, le besoin d’en connaître davantage, pour rappeler que le choix appartient aux femmes.

 

Par Laurent Soucaille

Comprendre l’imperceptible : agir pour résoudre la crise oubliée des grossesses non intentionnelles. Ce rapport publié par l’UNFPA (Fonds des Nations unies pour la population) est à la fois un point d’étape sur ce qui est connu et une alerte aux dirigeants et à l’opinion internationale sur un fait établi, mais mal connu. Près de la moitié des grossesses dans le monde sont des grossesses non intentionnelles, soit au total 121 millions chaque année. Pour les femmes et les filles concernées, le choix de porter la vie, susceptible de bouleverser durablement leur existence, n’en est pas véritablement un, explique le rapport.

Le rapport invite les responsables politiques, les dirigeants communautaires et les particuliers à permettre aux femmes et aux filles de faire valoir leurs décisions en matière de sexualité, de contraception et de procréation, ainsi qu’à encourager la société à reconnaître leur place.

Dans le monde, plus de plus de 60 % des grossesses accidentelles se soldent par un avortement, et 45 % des interruptions volontaires de grossesse sont non médicalisées et à l’origine de 5% à 13 % des décès maternels. Cette situation a un coût, prévient l’UNFPA, à l’attention des gouvernants. Elle compromet sérieusement notre capacité à atteindre les objectifs de développement durable à l’échelle mondiale. Le rapport s’attache par exemple à décrire ce qui est difficilement quantifiable, comme les répercussions des grossesses non désirées sur le parcours scolaire ou professionnel des femmes, sur la violence de la société, etc. Les coûts plus faciles à appréhender, comme les répercussions sur les systèmes de santé, sont également analysés.

 

« Le nombre effarant de grossesses non intentionnelles prouve l’incapacité de la communauté internationale à garantir le respect des droits fondamentaux des femmes et des filles », explique le Dr Natalia Kanem, directrice exécutive de l’UNFPA. « En confiant directement aux femmes et aux filles le pouvoir de prendre cette décision absolument primordiale, la société peut faire de la maternité une aspiration et non une fatalité. »

Un avis partagé par sa consœur Diane Keïta, qui détaille pour NewAfrican le champ d’action de l’UNFPA [Lire ici].

 

La contraception remise en cause

D’autant que les conflits armés ne font qu’accentuer le phénomène, du fait d’une perturbation de l’accès à la contraception et d’une hausse des violences sexuelles. Nous l’avons vu en Afghanistan, par exemple, et on peut le redouter en Ukraine, au Mali, au Sud Soudan, etc.

Dans le monde, 257 millions de femmes souhaitant éviter une grossesse n’ont pas recours à des méthodes contraceptives modernes et sûres, et dans les pays pour lesquels on dispose de données, près d’un quart des femmes ne sont pas en mesure de refuser un rapport sexuel. D’autres facteurs favorisent les grossesses non intentionnelles, comme le manque de soins de santé sexuelle et reproductive et d’informations dans ce domaine.

Le rapport souligne aussi que les moyens de contraception disponibles ne sont pas adaptés au corps ou à la situation des femmes, tandis que perdurent des normes néfastes et la stigmatisation dont sont victimes les femmes qui pratiquent la contraception. Sans oublier les violences sexuelles et la coercition reproductive ou les attitudes moralisatrices, voire humiliantes parfois, des prestataires de santé.

 

Une nécessaire priorité

Tous ces facteurs, sans compter les retards économiques, témoignent de la pression exercée par la société sur les femmes et les filles pour qu’elles deviennent mères. Une grossesse non intentionnelle ne représente en effet pas nécessairement un échec personnel et peut s’expliquer par le manque d’autonomie octroyée par la société ou par la valeur accordée à la vie des femmes.

 

Mamusu (Sierra Leone), aujourd’hui âgée de 18 ans, a connu sa première grossesse à l’âge de 14 ans. (Photo : Michael Duff pour l’UNFPA).

 

Cette édition 2022 de LÉtat de la population mondiale, rapport publié chaque année par l’organisation onusienne, appelle les décideurs et les responsables de systèmes de santé à faire de la prévention des grossesses non intentionnelles une priorité. Ce, en améliorant l’accessibilité, l’acceptabilité, la qualité et la diversité des moyens de contraception, tout en étendant sensiblement la prestation des soins et la dispense d’informations de qualité en matière de santé sexuelle et reproductive. Il invite les responsables politiques, les dirigeants communautaires et les particuliers à permettre aux femmes et aux filles de faire valoir leurs décisions en matière de sexualité, de contraception et de procréation, ainsi qu’à encourager la société à reconnaître leur place. Ainsi, les femmes et les filles pourront participer activement à la vie de la société et disposeront des outils, des informations et des capacités nécessaires pour prendre elles-mêmes cette décision fondamentale : donner ou non la vie.

Le rapport est riche d’enseignements et de chiffres, bien qu’il appelle les États à fournir davantage de données statistiques. Il est magnifiquement illustré par l’artiste portugais Fidel Évora.

 

Version complète du rapport sur : www.unfpa.org/swp2022

(Illustrations et couverture : Fidel Évora pour l’UNFPA).

@LS

 

 

 

Écrit par
Laurent Soucaille

1 Commentaire

  • Le phénomène est réel dans ce rapport j’aurais voulu voir la responsabilité des femmes et filles en temps que victime. Car dans notre pays le Tchad la pauvreté et le manque de communication entre père et fille et mère fils encourage ce phénomène. En conséquence, la fille pour peur d’être expulsée de la concession fimilialle, elle faire recours à l’avortement . D’autres par contre, abadonne l’enfant dans une poubelle ou bien dans un endroit public. Pire encore, cette fille perds sa place dans la société et elle peut devenir une professionnel du sexe ou encore l’objet de la stigmatisation.

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