Les forêts, un écosystème à préserver

Ce 21 mars est la Journée internationale des forêts. L’occasion de rappeler combien leurs écosystèmes rendent des services essentiels aux populations. Tandis qu’une étude alarmiste sur la déforestation des montagnes épargne l’Afrique, le continent poursuit sa politique de lutte contre le déboisement.
Les forêts sont indispensables aux populations et leurs services sont innombrables : habitats pour la biodiversité, eau salubre, régulation climatique, prévention de l’érosion, pollinisation des cultures, fertilité des sols, lutte contre les inondations…
Tandis qu’une étude internationale publiée cette semaine alerte sur la déforestation des sommets, en Afrique, au contraire, on vante la politique menée en matière de reboisement ou de préservation de la forêt. La Banque mondiale rappelle combien le déboisement et la dégradation des forêts, des terres, mettent en péril leurs services écosystémiques.
La RD Congo déclenche une longue enquête sur son capital forestier national. Durant un an, les services du ministère de l’Environnement et du développement cartographieront les potentiels écologiques, sociaux et économiques des forêts du pays.
Ces fléaux réduisent la productivité de 23% de la couverture terrestre, touchant environ 3,2 milliards d’humains sur Terre. L’exploitation forestière formelle correspond environ à 1% du PIB de la planète. Et en comptant l’exploitation forestière informelle dans le calcul du PIB de l’Afrique, la part du bois passe du simple au double, mentionnait déjà la BM en 2016. Le bois emploie plus de 54 millions d’Africains.
Les solutions existent, et sont d’ailleurs déjà mises en œuvre depuis plusieurs années en Afrique. Interdiction de l’exportation des grumes, des bois rares, replantation d’arbres qui fixent l’azote, réglementation des cultures qui nuisent à la forêt comme le cacao, etc. Début mars, le Sommet de Libreville, au Gabon, a permis de trouver quelques nouveaux moyens de mettre en avant cette problématique.
Il n’en reste pas moins que l’Afrique est, certes dans une moindre mesure qu’ailleurs, touchée par l’érosion des forêts de montagne. Entre 2000 et 2018, 78,1% de ces forêts auraient disparu, soit 7,1 du total qui se portait à 1,1 milliard d’hectares. Tel est le constat mené par la compilation de plusieurs études par la revue scientifique One Earth. Les forêts tropicales (42% du total) sont les plus touchées.
« Les pertes dans les montagnes de forêt des zones tropicales augmentent très rapidement, davantage que dans les autres régions », a déclaré à l’AFP Zhenzhong Zeng, coauteur de l’étude. « Et la biodiversité est très riche à ces endroits, donc l’impact est immense. »
Vivre avec la forêt, ne pas la couper
L’exploitation forestière est responsable de 42% de la perte de forêts de montagne, suivie des incendies (29%), de l’agriculture itinérante (15%), et l’agriculture permanente (10%). L’agriculture itinérante consiste à défricher une terre, l’exploiter, puis l’abandonner quand elle n’est plus assez productive. Si l’étude se montre particulièrement inquiète quant au recul des forêts de montagne en Asie, elle montre que les autres continents ne sont pas épargnés. « Pour les zones tropicales, il faut que les gens vivent avec la forêt, pas qu’ils coupent la forêt », précise le chercheur. Qui rejoint ainsi les préoccupations de pays comme la Côte d’Ivoire.
Un reboisement intensif des forêts ivoiriennes
L’Afrique ne doit donc pas se reposer sur ses lauriers, bien qu’elle fasse parfois figure de bon élève : les forêts africaines stockent davantage de carbone par hectare que les autres forêts tropicales. D’où l’importance de la préserver, pour la planète bien sûr, mais aussi pour la biodiversité qu’elles contiennent. Les forêts abritent un grand nombre d’espèces végétales et animales propres au continent. Certaines propriétés nutritives et médicamenteuses des plantes restent d’ailleurs à découvrir.

De son côté, la RD Congo vient de déclencher, le 14 mars, une longue enquête sur son capital forestier national. Durant un an, les services du ministère de l’Environnement et du développement cartographieront les potentiels écologiques, sociaux et économiques des forêts du pays. Les données recueillies seront réunies dans un atlas commenté, et un rapport formulera des propositions concrètes afin de préserver et d’exploiter au mieux chaque type de forêts.
Selon Africa Intelligence, certains exploitants de la filière bois s’inquiètent déjà des désirs de la ministre, Eva Bazaida, de récupérer les permis forestiers irréguliers – délivrés du temps de Kabila – et d’interdire dans les parcelles concernées l’exploitation du bois pour commercialiser des crédits carbone.
La RDC possède 60% des forêts du bassin du Congo ; soit 31,6 millions d’hectares d’aires protégées, 14,7 millions d’hectares de concessions et de conservation, et 2,8 millions de concessions des forêts à des communautés.
@NA