Le pari tenu des Jeux de la Francophonie à Kinshasa

La RD Congo a organisé avec succès les neuvièmes Jeux de la Francophonie, en dépit des embûches. De nombreuses familles de Kinshasa ont assisté aux compétitions et manifestations culturelles. Le Maroc arrive en tête du tableau des médailles.
« Les Jeux de la Francophonie ont pu être tenus. Ils se sont déroulés sans le moindre incident, dans des bonnes conditions. La préparation a été difficile, plusieurs sites ont été terminés à la dernière minute. Mais les choses ont été faites. C’est un miracle congolais ! Aujourd’hui, je peux dire que le pays-hôte a réussi. » Ainsi s’exprimait en conférence de presse Zeina Mina, directrice générale du Comité international des Jeux de la Francophonie, au sujet de cette manifestation qui s’est achevée dimanche à Kinshasa, par un match de football et une cérémonie de clôture.
« Des chiffres significatifs de la stabilité de participation à cette compétition unique en son genre, dédiée aux 18-35 ans, rassemblant les arts et les sports », commente l’OIF.
Il est vrai que cette neuvième édition tient du miracle. Souvent repoussée, à cause de la Covid-19 d’abord, d’une insuffisance d’infrastructures ensuite, elle a bien failli être annulée. Elle s’est déroulée dans un climat politique tendu en RD Congo, en conflit avec son voisin, le Rwanda. D’ailleurs, la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, – elle-même Rwandaise –, un temps annoncée, a préféré renoncer au voyage.

Sur le plan sportif, la compétition de football a été emportée par le Cameroun, qui a battu le Burkina Faso 2 buts à 1, dans un stade des Martyrs de 80 000 places, toutes occupées. Kinshasa, riche de 15 millions d’habitants, est la plus grande ville francophone au monde. Dressant le bilan de l’organisation, Isidore Kwanja, directeur du Comité national des jeux, a reconnu quelques difficultés « au début » : files d’attente, pénuries d’eau, transports difficiles. Toutefois, « de façon générale tout se passe bien», résume-t-il. En dépit de son coût, qui a fait polémique jusqu’à la dernière minute, cet « événement historique restera gravé dans les mémoires », a déclaré durant la cérémonie de clôture Félix Tshisekedi.
Le président de la RD Congo n’avait pas hésité, quelques jours plus tôt à « politiser » ces Jeux, les déclarant « forts en symbole », notamment parce qu’ils marquent « la solidarité des Francophones avec les Congolais, victimes d’une agression injuste » à l’est du pays. Et victimes également « du pillage massif de nos ressources naturelles par des groupes armés et des terroristes de tous bords, avec l’appui de certains pays voisins ».
Après les Jeux
D’après les observateurs, les Kinois eux-mêmes ont été agréablement surpris de constater que ces Jeux n’entravaient en rien leur quotidien, au contraire. Beaucoup sont venus assister aux vingt disciplines sportives et culturelles organisées dans des stades ou installations rénovées et parfois construite à l’occasion de ces Jeux.
Au tableau d’honneur, le Maroc arrive en tête (58 médailles dont 23 en or) loin devant la Roumanie (38 médailles dont 17 en or), le Cameroun (40 médailles dont 13 en or), le Sénégal (25 médailles dont 10 en or) et le Burkina Faso (19 médailles dont 7 en or). La France ne termine qu’au 6e rang, devant la Côte d’Ivoire, Maurice et la RD Congo. Plusieurs records de la Francophonie ont été battus en athlétisme.
La compétition a enregistré plus de 3 500 participants, dont 1 810 sportifs et artistes ayant pris part aux compétitions. « Des chiffres significatifs de la stabilité de participation à cette compétition unique en son genre, dédiée aux 18-35 ans, rassemblant les arts et les sports », commente l’OIF.

Évoquant « un pari réussi », l’Organisation juge que « durant ces quelques jours de compétition et de créativité à Kinshasa, le public et les professionnels ont constaté le potentiel de qualité et d’ingéniosité de cette jeunesse francophone issue de pays et de milieux très divers ayant la langue française en commun ».
Les organisateurs promettent de « conjuguer leurs efforts » pour soutenir les jeunes lauréats ainsi que la mise en place de formations diplômantes autour de l’événementiel sportif, avec le concours de l’Université Senghor.
Un programme spécifique de suivi des lauréats culturels permet le développement de leurs carrières par des mesures concrètes et leur participation à des scènes internationales de renom. Une convention signée par l’OIF et le COJO2024, prévoit notamment de poursuivre l’expérience des jeunes volontaires internationaux.
Les candidatures aux prochains Jeux seront examinées au mois de septembre.
@NA